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CRITIQUES DE CONCERTS 02 juin 2025

Le Requiem d’Ophélie, par Pygmalion sous la direction de Raphaël Pichon, avec le concours de la soprano Sabine Devieilhe et du baryton Stéphane Degout à la Philharmonie de Paris.

Ophélie au Paradis
© Thomas Deschamps

Le Requiem d’Ophélie conçu par Raphaël Pichon associant les compositions de Berlioz et Thomas inspirées par l’Hamlet de Shakespeare au Requiem de Fauré s’avère autant original que réussi. Les fidèles Sabine Devieilhe et Stéphane Degout en sont les irremplaçables chevilles ouvrières tandis que le chœur de Pygmalion emporte tous les suffrages.
 

Philharmonie, Paris
Le 20/05/2025
Thomas DESCHAMPS
 



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  • RaphaĂ«l Pichon ne dĂ©roge pas ce soir Ă  ce qui est dĂ©sormais une habitude, celle de ne jamais prĂ©senter une Ĺ“uvre sans des complĂ©ments dialoguant Ă©troitement avec elle. Il prĂ©sente ainsi le Requiem de FaurĂ© Ă  la suite d’extraits tirĂ©s de l’opĂ©ra Hamlet d’Ambroise Thomas encadrĂ©s par deux extraits de Tristia, la composition chorale de Berlioz librement inspirĂ©e du mĂŞme drame de Shakespeare. De superbes cloches retentissent comme un glas faisant suite au long silence suivant l’arrivĂ©e du chef figĂ© sur son estrade. Ce sont elles qui vont rythmer l’enchaĂ®nement des diffĂ©rentes pièces donnĂ©es sans entracte ni pause.

    La Méditation religieuse de Tristia instaure une ambiance recueillie rendue avec délicatesse par le chœur Pygmalion. L’ambiance s’assombrit nettement avec le premier extrait d’Hamlet, où le personnage éponyme décrit les fossoyeurs en train de creuser la tombe d’Ophélie. Immobile, assis sur un plot en bois, Stéphane Degout dégage un désespoir noir absolument glaçant, tandis que Pichon scande de manière sinistre le commentaire orchestral. Cette manière de faire régit aussi les autres extraits présentés comme un flashback. Pichon refuse à cette musique son côté romantique chatoyant pour en faire un récit sévère.

    L’Ophélie de Sabine Devieilhe subjugue : sa diction ciselée s’intègre dans une ligne frémissante d’inquiétude. Degout rivalise avec Spectre infernal d’une beauté déchirante puis dans la tirade Être ou ne pas être chantée avec résignation. C’est tout juste si le chœur fait une diversion avec Voici la riante saison. Devieilhe donne la chanson folklorique avec une gravité sans aucun pittoresque qui en renforce le caractère prophétique, puis parvient à évacuer tout cirque à la scène de la folie qui suit. Plutôt que de choisir ensuite la très angélique Mort d’Ophélie de Tristia, Pichon sélectionne l’orageuse Marche funèbre pour la dernière scène d’Hamlet.

    L’enchaînement avec le Requiem de Fauré paraît du coup une évidence. Le chœur capte toute l’attention dès l’Introït par la perfection de son intonation, l’équilibre entre les pupitres. L’Hostias parfaitement projeté de Degout bouleverse. Devieilhe chante le Pie Jesu depuis le balcon comme une prière miraculeuse. Tant de perfection vocale finit par faire remarquer les flottements de l’orchestre – renforcé pour cette version de 1900.

    Les cuivres, pas toujours ensemble, obèrent l’opposition avec les forces chorales dans le Sanctus où le premier violon donne un solo complètement raté tant au niveau du phrasé que de l’intonation. Les cordes scandent de manière peu ordonnée le Libera me chanté de manière presque trop intériorisée par le baryton. In paradisum fait oublier ces quelques réserves : le chœur, en lévitation extatique, et plus encore la soprano solo irradient littéralement. Ophélie est sauvée.




    Philharmonie, Paris
    Le 20/05/2025
    Thomas DESCHAMPS

    Le Requiem d’Ophélie, par Pygmalion sous la direction de Raphaël Pichon, avec le concours de la soprano Sabine Devieilhe et du baryton Stéphane Degout à la Philharmonie de Paris.
    Hector Berlioz (1803-1869)
    Tristia, op. 18 (extraits) (1851)
    Ambroise Thomas (1811-1896)
    Hamlet, extraits, (1868)
    Ô séjour du néant ! (acte V)
    La fatigue alourdit mes pas… Comme une pâle fleur (acte V)
    Entracte (acte I)
    Sa main depuis hier… Adieu, dit-il (acte II)
    Scène du spectre (acte I)
    Hélas, qu’es-tu maintenant, ô mon père
    ĂŠtre ou ne pas ĂŞtre (acte III)
    Ballet et chœur (acte III)
    À vos jeux mes amis… De toute la lumière (acte IV)
    Gabriel Fauré (1845-1924)
    Requiem en ré mineur, op. (Seconde version, 1900)
    Sabine Devieilhe, soprano
    Stéphane Degout, baryton
    Pygmalion
    direction : Raphaël Pichon

     


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