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CRITIQUES DE CONCERTS 04 juin 2025

Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Herbert Blomstedt à la Philharmonie de Paris.

Automne prolongé
© Thomas Deschamps

La venue du plus âgé et du plus résiliant des chefs en activité n’est pas un plaisir réservé aux seuls amateurs du Guinness, c’est un bonheur musical complet. Il apporte aux Parisiens une Symphonie capricieuse de Berwald d’une grande fraîcheur tandis que sa lecture de la Première de Brahms témoigne de sa très longue expérience, où l’épure n’exclut pas la vitalité.
 

Philharmonie, Paris
Le 22/05/2025
Thomas DESCHAMPS
 



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  • Alors que l’Orchestre de Paris prend place sur scène, les applaudissements usuels font place soudainement Ă  une ovation. Le public vient de remarquer qu’Herbert Blomstedt arrive Ă©galement, Ă  petits pas, aux bras de la première violon invitĂ©e, Sarah Nemtanu. Le maestro ne semble pas diminuĂ© au regard de son apparence il y a un an dans cette mĂŞme salle, mais un dĂ©tail interroge : sur ses oreilles, deux Ă©couteurs solidement arrimĂ©s par une sangle.

    Renseignement pris, il ne s’agit pas d’une simple aide auditive mais d’un système haute-fidélité connecté aux micros disposés au milieu et au-dessus de l’orchestre. Le chef pallie ainsi efficacement sa perte d’audition naturelle à un âge avancé. Pour autant le mixage effectué par le système ne va-t-il pas affecter sa sensibilité aux équilibres de l’orchestre ? La réponse ne se fait pas attendre.

    Dès l’Allegro liminaire de la Symphonie n° 2 de Berwald, la maîtrise de la balance orchestrale balaie toute inquiétude. Les proportions dynamiques des différents pupitres éblouissent. En outre, on sait gré à Blomstedt d’avoir apporté cette œuvre de son compatriote au répertoire de la phalange parisienne : la simplicité économe de son discours cache une grande richesse de relations entre les différents groupes instrumentaux, entre oppositions et modulations subites.

    Un défi que les musiciens relèvent avec la grâce de funambules. La versatilité toute capricieuse évoquée par le sous-titre de la symphonie se pare d’une élégance mendelssohnienne et évoque une fin de matinée printanière avec son ciel changeant à l’envi. Des couleurs plus automnales dominent la seconde partie de concert avec la Symphonie n° 1 de Brahms.

    Dans des tempos assez proches de son enregistrement réalisé à Leipzig (Pentatone, 2020), Blomstedt construit une interprétation magnifiquement contrapuntique qui découle presqu’entièrement de la pulsion initiale. Les cordes qu’il a voulues nombreuses ne couvrent jamais les bois que ce soit dans les passages les plus noirs comme dans l’Andante sostenuto dont les cantilènes passent d’un pupitre à l’autre avec une fluidité rêveuse.

    Le Poco allegretto e grazioso pourrait être plus intime mais on admire l’art du sfumato essentiel à la musique de Brahms. Le dernier mouvement sonne comme un recommencement, de la noirceur à la lumière, réalisé sans pathos mais avec une éloquence ardente qui culmine dans la coda d’une vitalité fulgurante. Orchestre et public debout communient dans de chaleureuses ovations.

    Curieusement, le nom du vénérable maestro ne figure pas dans la brochure de la saison prochaine de la Philharmonie de Paris alors qu’il est programmé à Tokyo, Stockholm, Dresde, Berlin, Boston ou encore Detroit. Il faut espérer l’annonce prochaine d’un complément de programmation le faisant revenir à la tête de la phalange parisienne : la courtoisie le voudrait, la musique l’exige.




    Philharmonie, Paris
    Le 22/05/2025
    Thomas DESCHAMPS

    Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Herbert Blomstedt à la Philharmonie de Paris.
    Franz Berwald (1796-1868)
    Symphonie n° 2 en ré majeur «  ;capricieuse » (1848)
    Johannes Brahms (1833-1897)
    Symphonie n° 1 en ut mineur, op. 68 (1876)
    Orchestre de Paris
    direction : Herbert Blomstedt

     


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