altamusica
 
       aide
















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




CRITIQUES DE CONCERTS 15 juin 2025

Récital du pianiste Daniil Trifonov à la Philharmonie de Paris.

Lord of Dance
© Thomas Deschamps

Daniil Trifonov donne à la Philharmonie de Paris un riche récital où Tchaïkovski côtoie Chopin et Barber. Son jeu d’une extrême variété paraît avoir acquis une souplesse nouvelle. Si l’homme salue le public d’une manière assez frustre, l’artiste entraîne son auditoire dans un monde fantastique dont la chorégraphie semble naître dans l’instant.
 

Philharmonie, Paris
Le 28/05/2025
Thomas DESCHAMPS
 



Les 3 dernières critiques de concert

  • Assur vainqueur

  • Sans contrefaçon, je suis un garçon

  • Lord of Dance

    [ Tous les concerts ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)




  • Plus rare encore que la Grande sonate en sol majeur, la Sonate en ut# mineur de TchaĂŻkovski cache derrière son numĂ©ro d’opus Ă©levĂ© (87) l’œuvre d’un jeune homme de 25 ans. L’édition rĂ©alisĂ©e par SergueĂŻ TaneĂŻev en 1900 a rĂ©vĂ©lĂ© une partition foisonnante d’idĂ©es. Daniil Trifonov s’y lance avec le mĂ©lange de hardiesse communicative et de souveraine dĂ©contraction entendu au disque chez Emil Gilels (1962) et plus encore chez Samuel Feinberg (1955).

    Trifonov rend parfaitement la profusion de l’Allegro con fuoco. Il joue ensuite d’un rubato accompli pour rendre le délicat Andante mêlant lyrisme au rythme mazurka. Il semble convoquer l’orchestre de Mendelssohn pour le Scherzo. Et même si l’encombrant dernier mouvement ne présente pas le même intérêt, le pianiste fait son miel de la qualité orchestrale de l’écriture pianistique tout en n’oubliant jamais que la danse innerve toute l’œuvre du compositeur russe.

    La danse figure également au cœur des compositions de Chopin, de manière évidente dans ses Valses. Trifonov en propose un groupe de six qu’il entame avec une crâne insouciance (Valse en mi majeur), avant de se montrer mélancolique (Op. 70 n° 2) puis tel un cavalier imprévisible (op. 64 n° 3), avant de plier la Valse Minute en moins de quatre-vingt-dix secondes. L’Opus 34 n° 2 hésite entre nostalgie et allant, avant que la Valse en mi mineur ne converse entre indolence et passion. Le jeu de Trifonov tord ici parfois le style, surtout pour des oreilles modernes. Mais il rappelle un peu la personnalité de géants oubliés comme de Pachmann ou Friedman, et surtout il n’oublie jamais de valser.

    Trifonov vit à New York et depuis plusieurs années le pianiste russe explore le répertoire de son pays d’accueil. Sous ses doigts la Sonate en mib majeur de Barber prend des dimensions inouïes. Les hésitations harmoniques de l’Allegro energico sonnent avec une fluidité étrange et rêveuse, comme une improvisation jazzy. L’Allegro vivace e leggero danse comme un Puck des villes. De la passacaille recelée dans le grave Adagio mesto, Trifonov fait une traversée funambule entre des gratte-ciels contrapuntiques. Les feux d’artifice du terrifiant final fugué suggéré au compositeur par Horowitz n’oublient jamais le mouvement au moyen d’un rubato admirablement maîtrisé.

    Retour à Tchaïkovski pour la dernière partie de programme, cette fois avec La Belle au bois dormant. La renversante transcription de Mikhail Pletnev reste un défi technique que relève sans coup férir Trifonov pour incarner les danseurs des onze numéros composant la suite. La palette de couleurs fait oublier l’orchestre mais là encore, il y a un naturel rythmique qui rend les gavottes, marches et autres numéros plus vivants que jamais. Ce pianiste exerce arabesques, adages et pas de deux avec une grâce inimaginable.

    Le public explose d’enthousiasme. Trifonov ouvre encore son carnet de bal et offre la Valse de Santo Domingo du compositeur dominicain Rafael Bullumba Landestoy et Douce rêverie tirée de l’Album pour enfants op. 39 de Tchaïkovski.




    Philharmonie, Paris
    Le 28/05/2025
    Thomas DESCHAMPS

    Récital du pianiste Daniil Trifonov à la Philharmonie de Paris.
    Piotr Ilitch TchaĂŻkovski (1840-1893)
    Sonate pour piano n° 1 en ut# mineur, op. 80 (1865)
    Frédéric Chopin (1810-1849)
    Valse en mi majeur, op. posthume (c. 1829)
    Valse en fa mineur, op. 70 n° 2 (1842)
    Valse en lab majeur, op. 64 n° 3 (1847)
    Valse en réb majeur, op. 64 n° 1 (1847)
    Valse en la mineur, op. 24 n° 2 (1831)
    Valse en mi mineur (1830)
    Samuel Barber (1910-1981)
    Sonate pour piano en mib majeur, op. 26 (1949)
    Piotr Ilitch TchaĂŻkovski
    La Belle au bois dormant (1889)
    Suite arrangée par Mikhaïl Pletnev
    Daniil Trifonov, piano

     


      A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com