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CRITIQUES DE CONCERTS 15 juin 2025

Nouvelle production de Semiramide de Rossini dans une mise en scène de Pierre-Emmanuel Rousseau et sous la direction de Valentina Peleggi à l’Opéra Orchestre Normandie Rouen.

Assur vainqueur
© Caroline Doutre

Karine Deshayes et Franco Fagioli étrennaient Semiramide et Arsace dans le même spectacle de Nicola Raab, elle en 2018 à Saint-Étienne, lui l’année précédente à Nancy. L’Opéra Orchestre Rouen Normandie les unit, mais un peu tard, dans une nouvelle production signée Pierre-Emmanuel Rousseau, que la direction de Valentina Peleggi ne préserve pas de la pesanteur.
 

Théâtre des Arts, Rouen
Le 12/06/2025
Mehdi MAHDAVI
 



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  • Grandes parois de (faux) marbre noir, la monumentalitĂ© du dĂ©cor signĂ© Pierre-Emmanuel Rousseau, recyclage de celui de Tancredi, dont le metteur en scène avait dĂ©jĂ  la charge la saison passĂ©e Ă  Rouen, affirme sans ambages une certaine nostalgie des annĂ©es 1980, nourrie de rĂ©fĂ©rences cinĂ©matographiques si Ă©videntes que ces citations filĂ©es finissent par contraindre la dramaturgie en annihilant ses Ă©ventuelles originalitĂ©s.

    Si la dimension rituelle et décadente des séquences chorales sort tout droit d’Eyes Wide Shut (1999), chant du cygne contestable de Stanley Kubrick, Les Prédateurs de Tony Scott (1983), histoire de vampires érotico-horrifique devenue culte, fournissent un parallèle quelque peu forcé avec la figure de la reine meurtrière et incestueuse de Babylone.

    À cet égard, Karine Deshayes n’en peut mais, qui, même animée de la meilleure volonté du monde, ne paraît guère plus que déguisée en Catherine Deneuve incarnant Miriam Blaylock, tandis que, sous sa perruque blonde, Franco Fagioli n’évoque que de très loin le personnage joué à l’écran par David Bowie.

    Le théâtre, dès lors, n’en finit plus de s’appesantir, d’autant que la baguette de Valentina Peleggi ne l’anime que par intermittence – soit quand l’Orchestre de l’Opéra Normandie Rouen consent à faire enfin de la musique, plutôt que de compter mécaniquement ses croches. En se hissant à l’acmé du bel canto, le plateau, que le Théâtre des Champs-Élysées donnera à entendre dans la vérité nue d’une version de concert ce 17 juin, pourrait balayer toutes ces réserves. Ce n’est malheureusement pas le cas, aussi méritant soit-il.

    Parce qu’Azema absurdement poignarde Idreno pour se repaître de son sang, avant qu’il n’attaque le seul air qui lui est ici concédé, Alasdair Kent, tenorino probablement mieux armé pour le buffo, surjoue l’agonie au point de perdre la ligne et l’assise.

    La fréquentation assidue de Norma commencerait-elle à laisser des traces indélébiles sur l’instrument jadis pulpeux de Karine Deshayes ? La (mezzo-)soprano n’a rien perdu de sa vélocité, ni même d’une certaine pugnacité dans l’émission, mais la projection, hormis dans le haut-médium où le timbre s’épanouit vraiment, est inégale. À l’instar de l’exaltation que l’indéniable abattage de sa Semiramide est à même de provoquer.

    Dans un emploi destiné dès l’origine à une femme, le cas Franco Fagioli interroge d’emblée davantage que dans la vocalité taillée aux mesures des castrats phénomènes du Settecento, où sa singularité de divo d’un autre âge fait encore merveille. Alternative possible – mais souhaitable ? –, à la pénurie récurrente de ce spécimen rare, voire cette anomalie, qu’est l’authentique contralto musico, le contre-ténor argentin assume comme aucun, ni probablement aucune autre aujourd’hui, les redoutables exigences d’Arsace. Au prix cependant de registres disloqués et inconciliables, et d’une couleur générale terriblement ingrate.

    Triomphe absolu, en revanche, pour Giorgi Manoshvili, dont la basse à la fois noire et onctueuse, ressuscite l’agilité du créateur d’Assur, Filippo Galli. Avec dans l’allure – et la dégaine de cocaïnomane que la mise en scène lui impose – un sex appeal de bad boy qui ne gâche rien !




    Théâtre des Arts, Rouen
    Le 12/06/2025
    Mehdi MAHDAVI

    Nouvelle production de Semiramide de Rossini dans une mise en scène de Pierre-Emmanuel Rousseau et sous la direction de Valentina Peleggi à l’Opéra Orchestre Normandie Rouen.
    Gioacchino Rossini (1792-1868)
    Semiramide, melodramma tragico en deux actes (1823)
    Livret de Gaetano Rossi d'après la tragédie éponyme de Voltaire

    Chœur accentués / Opéra Orchestre Normandie Rouen
    Orchestre de l’Opéra Normandie Rouen
    direction : Valentina Peleggi
    mise en scène, décors & costumes : Pierre-Emmanuel Rousseau
    éclairages : Gilles Gentner
    préparation des chœurs : Karine Locatelli

    Avec :
    Karine Deshayes (Semiramide), Franco Fagioli (Arsace), Giorgi Manoshvili (Assur), Alasdair Kent (Idreno), Grigory Shkarupa (Oroe, l’Ombre de Nino), Natalie Pérez (Azema), Jérémy Florent (Mitrane).

     


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