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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 juillet 2025 |
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Première à Angers Nantes Opéra de La Flûte enchantée de Mozart mise en scène par Mathieu Bauer, sous la direction de Nicolas Ellis.
Le plaisir de l’instant
À Nantes, cette production de La Flûte enchantée déjà présentée à l’Opéra de Rennes en mai dernier joue la carte de l’ambiance festive, et le metteur en scène Mathieu Bauer, sans insister sur le versant philosophique du Singspiel de Mozart, délivre un message haut en couleurs servi par une distribution et un orchestre sensibles au divertissement.
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Le prix de l’audace
Le retour du serial barber
En totale osmose
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Plus que tout autre opéra, La Flûte enchantée se prête à plusieurs niveaux de lecture ou d’interprétation. Cette mise en scène qui se déroule dans un décor de fête foraine retrouve à sa manière l’esprit des origines, celui imaginé à la création viennoise en septembre 1791 par Emanuel Schikaneder sur les tréteaux du Theater auf der Wieden.
Homme de théâtre, Mathieu Bauer qui avait déjà réussi en 2022 à Angers Nantes Opéra un Rake’s Progress de Stravinsky vif-argent renoue avec la comédie, transposant l’univers de Mozart dans un monde de plaisir partagé. Rien d’initiatique dans la scénographie savamment désorganisée de Chantal de La Coste-Messelière où les attributs de la fête à Neu-Neu (du train fantôme à la barbe à papa, en passant par les baraques de foire et la grande roue) prennent le pas sur les symboles maçonniques.
La joie est à l’ordre du jour et virevolte malgré les moments de doute et de désespoir. En Monsieur Loyal, le Sarastro de Nathanaël Tavernier ouvre le ban en charlatan haranguant le public pour présenter chaque personnage avant que ne débute la célèbre Ouverture enlevée avec vivacité par un orchestre souple de formation Mannheim.
Le choix de la distribution qui privilégie la jeunesse paraît pertinent comme le prouve la prestation d’Elsa Benoit en Pamina, soprano léger d’une pureté de ton et d’un naturel confondant. Elle réalise une véritable performance entre sens poétique et incarnation théâtrale. Le Tamino de l’Allemand Maximilian Mayer, parfait de diction germanique dans les dialogues, correspond à ce que l’on attend du rôle, et son charme immédiat n’est que sporadiquement entamé par une intonation parfois instable.
Le couple Papageno-Papagena de Damien Pass et Amandine Ammirati est doté d’une énergie à couper le souffle. L’un endosse l’affabilité et la familiarité du Singspiel, l’autre la coloration et la candeur adolescente faite à la fois de vivacité et de tendresse. La Reine de la nuit de Lila Dufy vainc les embûches semées en chemin mais attache plus d’importance à la projection sonore de ses aigus qu’à la furie proprement dite.
Nathanaël Tavernier, basse profonde, a belle allure en Sarastro, et Benoît Rameau se montre plein d’humanité en Monostatos loin de l’insoutenable cruauté qu’on lui attribue généralement. Les seconds rôles masculins se distinguent par leur présence tandis que les Trois Dames, plutôt vindicatives, ne manquent pas d’atouts.
La vitalité de la direction du jeune Québécois Nicolas Ellis se fait l’écho de cette débauche foraine. On lui pardonnera d’attacher plus de prix à son Orchestre National de Bretagne (dont il assure la direction musicale depuis cette saison) qu’au plateau. En dépit de quelques décalages et de la propension à accélérer le tempo au détriment de la respiration, sa conception limpide et l’allègement qu’il porte aux textures entrent en osmose avec la légèreté du propos, la lumière l’emportant sur les abysses.
Succès garanti auprès d’un public complice qui goûte sans modération ce spectacle gai, vivant, et d’humour au premier degré.
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Théâtre Graslin, Nantes Le 26/05/2025 Michel LE NAOUR |
 | Première à Angers Nantes Opéra de La Flûte enchantée de Mozart mise en scène par Mathieu Bauer, sous la direction de Nicolas Ellis. | Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Die Zauberflöte, Singspiel en deux actes (1791)
Livret d’Emanuel Schikaneder
Chœur de Chambre Mélisme(s) et Maîtrise de Bretagne
Orchestre National de Bretagne
direction : Nicolas Ellis
mise en scène : Mathieu Bauer
scénographie & costumes : Chantal de La Coste-Messelière
éclairages : William Lambert
vidéo : Florent Fouquet
prépration des chœurs : Gildas Pungier & Maud Hamon-Loisance
Avec :
Maximilian Mayer (Tamino), Elsa Benoit (Pamina), Damien Pass (Papageno), Amandine Ammirati (Papagena), Nathanaël Tavernier (Sarastro), Benoît Rameau (Monostatos), Lila Dufy (La Reine de la nuit), Elodie Hache (Première Dame), Pauline Sikirdji (Deuxième Dame), Laura Jarrell (Troisième Dame), Thomas Coisnon (Premier prêtre / Deuxième homme en armes / Orateur), Paco Garcia (Deuxième prêtre/ Premier homme en armes). |  |
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