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CRITIQUES DE CONCERTS |
17 juin 2025 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä avec le concours du pianiste Yunchan Lim et de l’organiste Lucile Dollat à la Philharmonie de Paris.
Fric-frac
Pour leur dernier programme de la saison avant de partir en tournée, l’Orchestre de Paris et son directeur musical Klaus Mäkelä offrent une soirée démontrant la virtuosité et l’assurance de leur association qui culmine dans une colossale Symphonie n° 3 de Saint-Saëns. Dans le Concerto n° 4 de Rachmaninov, le pianiste Yunchan Lim fait entendre un jeu richement imaginatif.
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Fric-frac
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Klaus Mäkelä fait son apparition sémillante sous l’ovation habituelle de son public parisien. En frac. C’est peut-être un détail pour vous, mais pas pour le jeune chef. Jusqu’alors le Finlandais paraissait à chaque concert vêtu d’une courte veste croisée, soit un look qu’on lui croyait fermement associé. Pour lui qui aime contrôler sa communication dans les détails, ce changement vestimentaire n’est certainement pas anodin. En ouverture de cette soirée dédiée à la mémoire du metteur en scène et directeur de théâtre Pierre Audi, le chef débute par le Le Tombeau de Couperin de Ravel.
Une œuvre qu’il a pratiquée à plusieurs reprises avec l’Orchestre de Paris, la dernière fois en février avec une superbe précision mais aussi un certain formalisme. Ce soir, le chef plus virevoltant que jamais se fait plus pressant encore. Les musiciens, à l’instar du hautbois stylé, jouent magnifiquement, mais l’articulation confine au corsetage jusque dans un Menuet figé. Ce surinvestissement de ne faiblit pas dans le Concerto pour piano n° 4 de Rachmaninov.
Mäkelä retrouve pour l’occasion le jeune prodige coréen Yunchan Lim avec qui il avait donné la saison dernière le Troisième Concerto. Une dense forêt de micros laisse penser que Decca enregistre cette nouvelle rencontre. Les deux artistes se lancent bille en tête dans l’Allegro vivace mais rapidement les choses se précisent. D’un côté le piano raffiné de Lim, de l’autre l’orchestre hollywoodien du chef finlandais.
La confrontation produit cependant une interprétation captivante qui voit Mäkelä répondre aux moindres couleurs et au rubato imaginatif du pianiste, et la fusion se fait et se consomme dans le dernier mouvement échevelé. Aux rappels du public, le Coréen offre deux bis très éloignés de cet univers : l’Aria et la première des Variations Goldberg de Bach.
En dernière partie de programme, Mäkelä se lance dans la Symphonie avec orgue de Saint-Saëns, qui se prête aux contrastes les plus extrêmes. Le Finlandais va les cultiver à outrance avec un goût prononcé pour la tonitruance. Le prélude translucide du premier mouvement fait rapidement place à une scansion nerveuse montant crescendo. Le Poco adagio pris trop fort à l’orgue comme à l’orchestre sonne plus velouté que transparent. Le galbe des phrasés des cordes ne laisse pas de place au frémissement, la lumière semble tomber drue ratant son effet de vitrail. Le chef soigne le contrepoint mais dieu que cette direction sonne verticale !
Après un Scherzo suractif mais figé par une succession de soufflets dynamiques, le Finale s’ouvre par des accords colossaux à l’orgue, comme si Lucile Dolat annonçait le Jugement dernier. Mäkelä déchaîne un peu plus l’orchestre, lâche les cuivres et les percussions dans l’arène car, définitivement, nous ne sommes pas dans une cathédrale. L’effet stupéfiant libère les clameurs immenses du public gagné par une fièvre collective, tandis que le chef arbore le sourire de celui qui vient d’accomplir le casse du siècle.
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Philharmonie, Paris Le 06/06/2025 Thomas DESCHAMPS |
 | Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä avec le concours du pianiste Yunchan Lim et de l’organiste Lucile Dollat à la Philharmonie de Paris. | Maurice Ravel (1875-1937)
Le Tombeau de Couperin (1917)
SergeĂŻ Rachmaninov (1873-1943)
Concerto pour piano n° 4 en sol mineur, op. 40 (1941)
Yunchan Lim, piano
Camille Saint-Saëns (1835-1921)
Symphonie n° 3 en ut mineur « avec orgue », op. 78 (1886)
Lucile Dollat, orgue
Orchestre de Paris
direction : Klaus Mäkelä |  |
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