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CRITIQUES DE CONCERTS 20 juin 2025

Première à l’Opéra national du Rhin de Sweeney Todd de Stephen Sondheim dans la production de Barrie Kosky, sous la direction de Bassem Akiki.

Le retour du serial barber
© Klara Beck

Coproduction de l’Opéra national du Rhin avec le Komische Oper de Berlin, le Sweeney Todd signé Barrie Kosky marque le retour attendu du chef-d’œuvre macabre de Stephen Sondheim sur une scène lyrique française. Sous des atours opératiques mais sans renier ses origines. Et avec en tête d’affiche une Natalie Dessay assumant sa mue avec une délectation communicative.
 

Opéra du Rhin, Strasbourg
Le 17/06/2025
Mehdi MAHDAVI
 



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  • La crĂ©ation française de Sweeney Todd, au Châtelet, ne remonte qu’à 2011. Et si quelques maisons lyriques ont osĂ© le reprendre depuis dans un spectacle itinĂ©rant d’Olivier BĂ©nĂ©zech, le thriller musical de Stephen Sondheim n’avait plus Ă©tĂ© exposĂ© aux feux de la rampe dans l’Hexagone depuis près d’une dĂ©cennie.

    Il convient donc de remercier Alain Perroux de rompre à nouveau le silence imposé au diabolique barbier de Fleet Street. A fortiori en grand format, soit avec le luxe en fosse de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, qui offre à l’orchestration de Jonathan Tunick ses plus belles couleurs, entraîné par le geste précis et pertinemment dramatique de Bassem Akiki, dans le même élan que des chœurs cultivant leur polyvalence avec enthousiasme. Et dans la production étrennée par Barrie Kosky au Komische Oper de Berlin en novembre dernier.

    Un cadre de scène victorien, quelques photos noir et blanc d’une ville rongĂ©e par l’industrie, et le comptoir Ă  tourtes mobile de Mrs. Lovett, surmontĂ© de l’échoppe de Sweeney Todd, rĂ©sumĂ©e Ă  un fauteuil de barbier d’abord en lambeaux, suffisent Ă  planter le dĂ©cor. Comme Ă  faire jaillir les situations les plus drolatiques et/ou horrifiques dans un mouvement perpĂ©tuel balançant entre farce – c’est le cas de le dire – et tragĂ©die, pour exalter la captivante singularitĂ© d’une pièce que Sondheim lui-mĂŞme qualifia, moins pour satisfaire « ces gens qui aiment les catĂ©gories Â» que pour brouiller encore un peu plus les pistes, de dark operetta. Avant de conclure qu’« en rĂ©alitĂ©, Sweeney Todd est un film destinĂ© Ă  la scène Â».

    Mêlant dans un savant équilibre – que permet une sonorisation sans excès de décibels – chanteurs lyriques et de comédie musicale, la distribution crève assurément l’écran. L’italianità factice d’Adolfo Pirelli se heurte certes aux défaillances de Paul Curievici sur des aigus dès lors insuffisamment fanfarons, tandis que Zachary Altman ne parvient pas à extirper son Juge Turpin physiquement saisissant d’un certain flou. Quant à l’entre-deux dont Marie Oppert peine à extraire son émission, il afflige les Green Finch and Linnet Bird de Johanna d’un vibrato hors sujet, qui ne saurait apaiser l’ardeur parfois outrée de Noah Harrison en Anthony Hope.

    Absolument irrĂ©sistible est en revanche le Bedeau Bamford de Glen Cunningham dans ses « Parlor Songs Â», et terrible autant que bouleversante la Mendiante de Jasmine Roy, quand Cormac Diamond, qui fait semble-t-il ses dĂ©buts professionnels dans le rĂ´le si gratifiant de Tobias Ragg, touche infiniment par sa grâce juvĂ©nile de fragile feu follet.

    Scott Hendricks prête à Sweeney Todd une âme aussi torturée qu’au Macbeth de Verdi qu’il fut à la Monnaie pour Krzysztof Warlikowski en 2010, et ce même baryton un rien renfrogné. Natalie Dessay, enfin, prouve une nouvelle fois qu’elle a réussi sa reconversion désirée, et si pleinement assumée. Ou bien plutôt sa mue, tant l’instrument – ou le peu qu’il en reste, persifleront les perfides – est méconnaissable, ainsi cantonné dans le registre de poitrine. Imprégnée de sa gouaille rehaussée d’une savoureuse pointe d’accent français, comme de cette énergie aussi ébouriffée qu’ébouriffante qui n’est qu’à elle, Mrs. Lovett emporte tout sur son passage !




    Prochaines représentations les 20, 22, 23 et 24 à l’Opéra de Strasbourg, puis les 5 et 6 juillet à la Filature de Mulhouse.




    Opéra du Rhin, Strasbourg
    Le 17/06/2025
    Mehdi MAHDAVI

    Première à l’Opéra national du Rhin de Sweeney Todd de Stephen Sondheim dans la production de Barrie Kosky, sous la direction de Bassem Akiki.
    Stephen Sondheim (1930-2021)
    Sweeney Todd, the Demon Barber of Fleet Street, thriller musical en deux actes (1979)
    Livret de Hugh Wheeler d’après la pièce de Christopher Bond

    Chœur de l’Opéra national du Rhin
    Orchestre philharmonique de Strasbourg
    direction : Bassem Akiki
    mise en scène : Barrie Kosky
    décors et costumes : Katrin Lea Tag
    éclairages : Olaf Freese

    Avec :
    Scott Hendricks (Sweeney Todd), Natalie Dessay (Mrs. Lovett), Marie Oppert (Johanna), Noah Harrison (Anthony Hope), Zachary Altman (le Juge Turpin), Glen Cunningham (le Bailli Bamford), Jasmine Roy (la Mendiante), Paul Curievici (Pirelli), Cormac Diamond (Tobias Ragg), Dominique Burns (Mr. Jonas Fogg).

     


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