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CRITIQUES DE CONCERTS 01 juillet 2025

Nouvelle production de Fidelio de Beethoven dans une mise en scène de Valentina Carrasco et sous la direction de Joseph Swensen au Grand Théâtre de Bordeaux.

Éloge de la résistance
© Eric BouloumiĂ©

Transposant Fidelio à Bordeaux sous l’Occupation, cette nouvelle production girondine due à la metteuse en scène argentine Valentina Carrasco célèbre la liberté au prix d’un réalisme surligné qui rend toutefois justice par son humanité citoyenne à l’universalisme beethovénien, porté par la direction activiste et sans répit de Joseph Swensen.
 

Grand-Théâtre, Bordeaux
Le 23/05/2025
Michel LE NAOUR
 



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  • Fidelio, dont le message garde plus que jamais son actualitĂ©, autorise les transgressions Ă  la seule condition d’être fidèle Ă  la vĂ©ritĂ© expressive et Ă  l’idĂ©al profondĂ©ment humain que recèle l’opĂ©ra. L’Argentine Valentina Carrasco, qui a vĂ©cu dans son enfance les affres de la dictature, est plus que d’autres en mesure d’imaginer une mise en scène oĂą l’oppression entrave le libre arbitre.

    Le choix qui consiste à situer l’unique opéra de Beethoven durant l’Occupation nazie n’est pas en soi un contresens. Les références peuvent paraître excessives, mais cette production réussit avec une certaine audace à susciter une ambiance prenante. La présence de véritables prisonniers en fin de peine et actuellement en réinsertion donne un surplus de vérité, d’autant que ces condamnés évoluent dans les cages grillagées au sous-sol d’un hôtel réquisitionné où se commettent les pires atrocités – scène de torture à la baignoire par la Gestapo, coups.

    Le contexte de cette époque si troublée est matérialisé par des projections sur écran – visage de Lucie Aubrac assimilé à la personnalité de Leonore, portrait de Jean Moulin, défilé sur les Champs-Élysées du général de Gaulle – prenant une valeur de reconstitution historique bien rendue par les décors de Carles Berga ou les costumes de Mauro Tinti.

    La distribution contribue Ă  donner tout son sens Ă  cette reprĂ©sentation. Toujours en Ă©veil, Jacquelyn Wagner dans le rĂ´le-titre possède un timbre pur et lumineux lĂ©gèrement limitĂ© au niveau de la projection (Abscheulicher!). Dans son cachot humide, enchaĂ®nĂ©, Jamez McCorkle en Florestan crève l’écran et bouleverse dès son entrĂ©e dans la scène finale du deuxième acte Ă  la limite du cri (« Gott ! Welch Dunkel hier ! Â»). Prestation remarquĂ©e de Thomas Dear en Don Fernando mais plus contrainte de Szymon MechliĹ„ski en Don Pizarro aux allures de Klaus Barbie.

    Polina Shabunina offre de Marzelline une vision fraîche et souple bien en situation, et la basse Paul Gay dans le rôle d’un Rocco affairiste et sans morale, a pour lui l’expérience du chant et de l’emploi. Enfin, Kévin Amiel (Jaquino), parfait d’intonation, apparaît tel un jeune collabo redoutable capable de tous les outrages dans son uniforme cintré à l’image d’un personnage de Thomas Bernhard.

    Sous la baguette tendue et active du chef et violoniste amĂ©ricain Joseph Swensen – qui assure dĂ©sormais les beaux jours de la phalange bordelaise –, le sentiment d’urgence prĂ©vaut parfois Ă  la limite du dĂ©bordement ; mais comme l’écrivait Voltaire « Rien ne se fait sans un peu d’enthousiasme Â». Dans ce domaine, le chef, plus habituĂ© au rĂ©pertoire symphonique qu’à la fosse, compense un dĂ©ficit en matière de prĂ©cision par une fièvre communicative transmise Ă  l’Ouverture Leonore III qui sert de Finale. Le ChĹ“ur de l’OpĂ©ra de Bordeaux est partie-prenante de l’action et donne le meilleur de lui-mĂŞme, ajoutant un supplĂ©ment d’émotion quand le geĂ´lier Rocco autorise les prisonniers Ă  respirer Ă  l’air libre. L’accueil du public sensible Ă  l’engagement qui prĂ©side Ă  ce spectacle est Ă  la hauteur de l’évĂ©nement.




    Grand-Théâtre, Bordeaux
    Le 23/05/2025
    Michel LE NAOUR

    Nouvelle production de Fidelio de Beethoven dans une mise en scène de Valentina Carrasco et sous la direction de Joseph Swensen au Grand Théâtre de Bordeaux.
    Ludwig van Beethoven (1770-1827)
    Fidelio, opéra en deux actes (1814)
    Livret de Joseph Sonnleithner et Georg Friedrich Treitschke d’après le drame de Jean Nicolas Bouilly
    Chœur de l’Opéra National de Bordeaux
    Orchestre National Bordeaux Aquitaine
    direction : Joseph Swensen
    mise en scène : Valentina Carrasco
    scénographie: Carles Berga
    costumes : Mauro Tinti
    éclairages : Antonio Castro
    préparation des chœurs : Salvatore Caputo

    Avec :
    Jacquelyn Wagner (Leonore), Jamez McCorkle (Florestan), Szymon Mechliński (Don Pizarro), Thomas Dear (Don Fernando), Paul Gay (Rocco), Polina Shabunina (Marzelline), Kévin Amiel (Jaquino), Luc Default (Premier prisonnier), Pascal Wintzner (Second prisonnier).

     


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