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CRITIQUES DE CONCERTS 04 juillet 2025

Récital du pianiste Krystian Zimerman à la Philharmonie de Paris.

Le piano aux mille humeurs
© Thomas Deschamps

Le récital de Krystian Zimerman est riche en péripéties. Contrarié par un spectateur filmant ses Chopin, le pianiste se fait mal dès le début de la Sonate n° 2 de Brahms. Visiblement rassénéré par l’entracte, l’artiste offre une deuxième partie exceptionnelle avec des Estampes de Debussy lyriques et des Variations de Szymanowski d’une fièvre indescriptible.
 

Philharmonie, Paris
Le 06/06/2025
Thomas DESCHAMPS
 



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  • Arborant le mĂŞme sourire qu’en janvier dans le Concerto n° 4 de Beethoven avec Rattle, Krystian Zimerman ouvre son programme avec trois nocturnes de Chopin. DĂ©tente et dĂ©licatesse prĂ©sident Ă  sa lecture du Nocturne op. 15 n° 2. Le jeu s’ouvre considĂ©rablement avec la profusion de l’Op. 55 n° 2. La main gauche, d’une superbe fluiditĂ©, prodigue alors de superbes harmonies. Dans le Nocturne op. 62 n° 2, elle chante avec assurance avant que le ton ne s’assombrisse.

    En saluant, le pianiste polonais semble s’adresser d’un œil pénétrant à un auditeur. L’annonce renouvelée de l’interdiction de filmer et de photographier alors qu’il est parti en coulisses ne laisse alors pas de doute : Zimerman a une nouvelle fois avisé un malotru. De retour sur la scène, le visage sévère, il se lance avec puissance dans l’Allegro non troppo ma energico de la Deuxième Sonate de Brahms.

    Les doubles octaves initiales sonnent plus rageuses que jamais. Une crispation s’affiche soudainement comme un cri muet sur le visage de l’artiste. Manifestement, il s’est blessé à la main gauche qu’il essaie de détendre dès qu’il le peut. Dès lors sa sonorité semble contrainte, raidissant l’Andante con espressione et minant les contrastes des deux derniers mouvements.

    L’entracte se déroule dans un climat mêlant déception et inquiétude. Certains précisent que la blessure serait le réveil d’un accident récent alors que le pianiste subissait une inondation, d’autres rappellent qu’il a déjà interrompu des récitals après avoir repéré des téléphones le filmant. Mais heureusement, c’est un Zimerman tout sourire qui revient sur scène.

    En janvier, le pianiste avait ébloui le public avec Pagodes de Debussy en bis. Les revoici accompagnées des deux autres Estampes. Une sensibilité de la résonnance absolument renversante s’accompagne d’un épanouissement du son qui se confirme avec La Soirée dans Grenade. Voilà un Debussy de chair et de sang, loin des pudeurs de gazelle d’autres interprètes.

    Et pour autant, jamais Zimerman ne s’enferme dans aucune logique. Il conserve une liberté étourdissante dans Jardins sous la pluie. Une ovation digne d’une fin de concert accueille cette lecture à la poétique affirmée. Il reste pourtant encore au programme les Variations sur un thème folklorique polonais de son compatriote Szymanowski.

    Le pianiste met une expressivité particulière dans le thème, davantage que dans son superbe enregistrement de 2022. Les variations s’enchaînent comme autant de mondes intérieurs différents. Du sourire aux pleurs, de la gravité à l’exaltation : la palette d’émotions paraît sans limite. Un feu irradiant gagne le pianiste. Son instrument sonne riche et orchestral. Il jubile. Comme la salle debout dès les derniers accords. Zimerman salue encore et encore, puis agite une ultime fois sa main blessée.




    Philharmonie, Paris
    Le 06/06/2025
    Thomas DESCHAMPS

    Récital du pianiste Krystian Zimerman à la Philharmonie de Paris.
    Frédéric Chopin (1810-1849)
    Nocturne en fa# majeur, op. 15 n° 2 (1832)
    Nocturne en mib mineur, op. 55 n° 2 (1844)
    Nocturne en mi majeur, op. 62 n° 2 (1846)
    Johannes Brahms (1833-1897)
    Sonate pour piano n° 2 en fa# mineur, op. 2 (1852)
    Claude Debussy (1862-1918)
    Estampes (1903)
    Karol Szymanowski 1882-1937)
    Variations sur un thème folklorique polonais, op. 10
    Krystian Zimerman, piano

     


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