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CRITIQUES DE CONCERTS |
04 juillet 2025 |
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Création de Red Carpet d’Hofesh Shechter au Ballet de l’Opéra national de Paris.
En rouge et noir
Utilisant le glamour de son cadre de création associé à l’imaginaire d’une grande maison de couture parisienne, Red Carpet d’Hofesh Shechter livre une critique d’abord nuancée puis plus affirmée du théâtre des apparences. Les magnifiques danseurs du Corps de ballet de l’Opéra de Paris donnent toute sa force et son acuité à ce travail finalement assez ironique.
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Après trois entrées fracassantes au répertoire du Ballet de l’Opéra national de Paris (The Art of Not Looking Back en 2018, Uprising et In your rooms en 2022), le chorégraphe Hofesh Shechter présente une création réalisée pour et avec la compagnie. Son titre, Red Carpet, fait plus référence au glamour associé à la couleur rouge qu’au tapis lui-même. De fait, le plateau du Palais Garnier n’est recouvert d’aucun tapis. De lourde tentures de couleur carmine encadrant la scène répondent au velours des fauteuils de la salle.
Refusant d’exposer une narration, l’artiste israélien cherche à questionner l’opposition entre l’ancien glamour, incarné par les lieux, et le glamour d’aujourd’hui appartenant à une pop culture bien moins sélect. Au lever de rideau, les treize danseurs appartenant au Corps de ballet se contorsionnent sous un lustre doré, réplique vaguement stylisée de celui ornant le foyer de la danse.
Les magnifiques costumes habilement commandés à la maison Chanel, mécène essentiel de l’Opéra de Paris, semblent vouloir signifier la permanence du glamour, faisant le pont entre l’ancien monde et celui plus actuel d’une boîte de nuit pour VIP évoqué par les lumières très léchées de Tom Visser et la musique au groove très sonore composée par Shechter avec la collaboration de son complice Yaron Engler.
Les tableaux se succèdent avec fluidité et énergie mais la pénombre de cabaret voulue par les artistes n’aide sans doute pas à en repérer les évolutions très subtiles et la part discrètement satyrique ou même grotesque. Des images riches qui désarçonneront sans doute ceux qui pensaient retrouver l’impact plus directement rageur des précédentes chorégraphies.
Progressivement le glamour se fendille, les danseurs répondent à une spiritualité évoquée par une musique lancinante à la banalité angélique bien moins inspirée. C’est là le creux, une courte baisse de tension, de ce spectacle qui retrouve rapidement un rythme haletant lorsque les danseurs se meuvent vêtus de simples collants et costumes de couleur chair.
On se rend compte alors que les smokings, robes de soirées et autres créations subtilement déstructurées masquaient une part essentielle de la chorégraphie. Car le travail de Shechter souvent qualifié de « terrien » se détaille autant par l’assemblage toujours renouvelé des groupes de danseurs que par les variations très expressives de leurs corps jusque-là masqués. Finalement, la critique du glamour apparaît ici radicale et réussie, la beauté et la vie éclatant davantage sans artifices.
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Palais Garnier, Paris Le 12/06/2025 Thomas DESCHAMPS |
 | Création de Red Carpet d’Hofesh Shechter au Ballet de l’Opéra national de Paris. | Red Carpet (2025)
chorégraphie, décors et musique : Hofesh Shechter
costumes : Chanel
lumières : Tom Visser
Musique live
Olivier Koundouno (violoncelle)
Sulivan Loiseau (contrebasse)
Brice Perda (instruments Ă vent)
Yaron Engler (batterie)
Avec le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris :
Clémence Gross, Caroline Osmont, Ida Viikinkoski, Laurène Lévy, Adèle Belem, Marion Gautier de Charnacé, Antoine Kirscher, Alexandre Gasse, Mickaël Lafon, Hugo Viglioti, Takeru Coste, Julien Guillemard et Loup Marcault-Derouad. |  |
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