La pièce Fandangos de Roberto Sierra, créée en 2001 par Leonard Slatkin et l’Orchestre symphonique national de Washington, prend pour modèle le célèbre Fandango de Padre Soler (1729-1783). Avec beaucoup d’imagination, le compositeur portoricain réussit à pervertir cette danse baroque, la projetant dans un univers contemporain à la manière de Darius Milhaud qui avait superposé rythmes et mélodies dans Le Bœuf sur le toit.

La progression de l’œuvre où percussions, cuivres et castagnettes occupent une place essentielle atteint une frénésie envoûtante grâce au dynamisme du chef formé par le Sistema vénézuélien Domingo Hindoyan, à la fois précis et spectaculaire. Très sollicité, l’Orchestre national des Pays de la Loire, littéralement soulevé par cette effervescence, électrise également la salle du Centre des Congrès d’Angers, à l’acoustique à la fois flatteuse et analytique.

Changement de décor avec le Gloria de Poulenc servi par un sens des contrastes, une transparence et un lyrisme contenu ; par moments, on sent planer les effluves de la musique italienne, en particulier de Verdi ou Puccini, ce qui en soi n’est pas un contresens eu égard à leur influence sur l’œuvre de l’auteur de Dialogues des carmélites.

La soprano Melody Louledjian, par la justesse du trait et la qualité de son timbre, apporte un surplus d’émotion dans les instants difficultueux qui lui sont dévolus (Domine Deus, Agnus Dei et Qui sedes ad dexteram Patris) tandis que le Chœur de l’ONPL préparé avec soin par Valérie Fayet manifeste une ferveur et un optimisme prenants.

En seconde partie, l’interprétation de la suite symphonique Shéhérazade de Rimski-Korsakov libère avec bonheur tous les sortilèges de l’Orient par un tellurisme contrôlé que le chef maîtrise à la perfection en donnant même aux musiciens la possibilité de se surpasser lors de leurs interventions solistes – remarquables prestations du violoncelle, de la petite harmonie, et surtout du timbalier Nicolas Dunesme, véritable alter ego du chef.

On regrette toutefois que le Premier violon de l’ONPL, Matthieu Handtschoewercker, intériorise trop ses solos figurant le récit luxuriant des Mille et une nuits. Enthousiasme du public et aussi de l’orchestre qui manifeste son contentement en applaudissant le chef à tout rompre. Celui-ci, déjà à la tête de l’Orchestre Philharmonique Royal de Liverpool, prendra à partir de 2026 la direction musicale de l’Opéra de Los Angeles après les vingt ans de règne de James Conlon.