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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 juillet 2025 |
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Version de concert de L’Italienne à Alger de Rossini sous la direction Julien Chauvin au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Canto burlesque
Bijou d’écriture, L’Italienne à Alger de Rossini s’accommode sans peine de cette version de concert au Théâtre des Champs-Élysées, d’autant que l’équipe de chanteurs réunie autour de la personnalité exubérante de Marie-Nicole Lemieux s’avère excellente. Le Concert de la Loge de Julien Chauvin et le chœur Fiat Cantus se montrent plus réservés.
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De L’Enlèvement au sérail à L’Italienne à Alger, Julien Chauvin poursuit son exploration lyrique au TCE. Mais d’une turquerie à l’autre, les défis de la partition rossinienne ont peu à voir avec l’écriture mozartienne. L’Ouverture révèle immédiatement une première différence. Ici la scintillance devrait s’accompagner de couleurs chaudes et contrastées, là où Le Concert de la Loge n’offre qu’un froid camaïeu. Par la suite, on sait gré à Julien Chauvin de prodiguer une discipline sans laquelle cette musique ne peut s’épanouir.
Le chef construit avec efficacité la progression des meilleurs numéros. Toutefois, il faut relever une retenue interprétative dans ces premiers pas chez le maître de Pesaro et aussi un handicap dû au recours aux instruments historiques : ils ne facilitent pas, chez les vents, l’obtention des nuances innombrables nécessaires à la parfaite réalisation des soufflets dynamiques consubstantiels à cette écriture. Les chanteurs permettent heureusement de passer outre ces réserves.
Passé quelques aigus sortant du cadre, l’Elvira de Manon Lamaison (remplaçant une consœur souffrante) trouve le ton juste. Eléanore Pancrazi fait une Zulma pleine de caractère. En Haly, le jeune Alejandro Baliñas Vietites montre une ligne soignée alors que sa voix de basse continue de s’épanouir. Mikhail Timoshenko qui l’avait précédé à l’Académie de l’Opéra de Paris livre un Taddeo accompli et irrésistible dans son mélange de précision et de comique.
Nahuel di Pierro commence la représentation avec une émission un peu monochrome compensée par un charme fou. Le chanteur retrouve la pleine forme au II et son Mustafa devenu Pappataci est un triomphe stylistique. Lindoro, son rival, n’est pas moins stylé. Entre deux représentations du Barbier de Séville à l’Opéra, Levy Sekgapane, très détendu, prodigue un timbre lumineux et naturel sur tout le registre y compris lorsqu’il utilise la voix mixte.
Enfin, Marie-Nicole Lemieux reprend le rôle d’Isabella qu’elle avait chanté ici même il y a onze ans sous la direction de Roger Norrington. Son entrée fébrile minimise l’effet de son Cruda sorte, puis sa première rencontre avec le bey croule sous les effets comiques. Gestes et voix s’emballent dans une expressivité de boulevard. Les grimaces tordent le timbre au point qu’il n’est plus du tout question de bel canto.
En revanche, les onomatopées, follement drolatiques, emportent tout dans le délirant finale du I. Comme rassénérée par les clameurs du public, la mezzo revient au II beaucoup plus décontractée et livre une prestation autrement convaincante, respectant l’écriture en somme plus classique des derniers numéros. Aux saluts, la Québécoise célèbre dans une joie communicative ses vingt-cinq premières années de carrière.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 18/06/2025 Thomas DESCHAMPS |
 | Version de concert de L’Italienne à Alger de Rossini sous la direction Julien Chauvin au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Gioacchino Rossini (1792-1868)
L’Italiana in Algeri, opera buffa en deux actes (1813)
Livret d’Angelo Anelli
Marie-Nicole Lemieux (Isabella)
Levy Sekgapane (Lindoro)
Nahuel di Pierro (Mustafa)
Mikhail Timoshenko (Taddeo)
Alejandro Baliñas Vietites (Haly)
Eléanore Pancrazi (Zulma)
Manon Lamaison (Elvira)
Chœur Fiat Cantus
Le Concert de la loge
direction : Julien Chauvin |  |
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