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CRITIQUES DE CONCERTS 05 juillet 2025

Nouvelle production de Faust de Gounod dans une mise en scène de Denis Podalydès et sous la direction de Louis Langrée à l’Opéra-Comique, Paris.

Le marionnettiste de l’enfer
© Stefan Brion

La première réalisation scénique du Faust de Gounod dans une version princeps et philologique comble largement les attentes à la salle Favart. Une équipe de chanteurs dominée par le Méphisto de Jérôme Boutillier est portée par le travail conjoint de Denis Podalydès et de Louis Langrée pour un résultat d’une cohérence remarquable.
 

Opéra Comique - Salle Favart, Paris
Le 21/06/2025
Thomas DESCHAMPS
 



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  • En 2019, l’enregistrement de la première version du Faust de Gounod sous sa forme originelle d’opĂ©ra-comique fut un Ă©vènement considĂ©rable, rĂ©vĂ©lant dialogues parlĂ©s et nombreux morceaux inĂ©dits souvent coupĂ©s avant mĂŞme la crĂ©ation de 1859 au Théâtre-Lyrique. Le Palazzetto Bru Zane, principal instigateur de cette formidable entreprise d’archĂ©ologie musicale, rĂ©cidive et prĂ©sente avec le concours de l’OpĂ©ra de Lille et de l’OpĂ©ra-Comique une version scĂ©nique encore plus accomplie.

    On retrouve ainsi le trio révélé en 2019 qui rassemble Faust et ses élèves Wagner et Siebel, mais la cabalette qui suit Salut, demeure chaste et pure était restée jusqu’ici totalement inédite, tout simplement parce qu’elle fut retrouvée dans une brocante et intégrée in extremis dans la plantureuse édition Bärenreiter de 2020. Cette dernière laisse parfois aux interprètes plusieurs choix possibles.

    Ainsi, en lieu et place du Veau d’or ajouté après la création, Louis Langrée a choisi la Chanson du nombre treize alors que le disque retenait la Chanson de Maître scarabée. Au-delà de ces détails, l’impression générale au sortir de cette longue et riche soirée de près de quatre heures s’approche de la fascination continue. Il faut dire que la mise en scène de Denis Podalydès entre avec la résonance profonde de cette adaptation très parisienne du texte de Goethe.

    Ignorant le drame de la connaissance innervant le texte allemand, l’opéra se recentre sur l’histoire de Marguerite ou la question du salut d’une fille-mère tuant son enfant, présentée de manière très théâtrale et souvent satirique avant que le drame n’éclate. Podalydès imagine un univers noir redingote, très mystère de Paris. Le dispositif scénique fait d’une tournette et d’éléments de décors qui évoluent sans artifice, les rigoureux costumes de Christian Lacroix, tout concourt à une sobriété et surtout à une fluidité essentielle dans cette version où les dialogues parlés, les mélodrames et les numéros musicaux s’enchaînent.

    La force de ce travail porte une belle équipe de chanteurs. Les petits rôles, un peu sacrifiés dans la version réalisée pour l’Opéra de Paris, trouvent ici une présence supplémentaire, en particulier l’intrépide Wagner d’Anas Séguin. Si Juliette Mey fait un Siebel classique, Marie Lenormand évoque avec son impayable Dame Marthe le souvenir de la comédienne François Rosay. Lionel Lhote livre un portrait très nuancé de Valentin où la virilité n’exclut nullement la sensibilité.

    À l’aise à Thulé comme avec les bijoux, la Marguerite de Vanina Santoni plafonne dramatiquement dans l’essentielle scène de l’église. Le Faust bien chantant de Julien Dran trouve en revanche des ressources supplémentaires pour les dernières scènes. C’est en fait le Méphisto de Jérôme Boutillier qui marque la soirée. Inoubliable silhouette bouffonne qui rappelle que le Faust médiéval fut un spectacle de marionnettes, le chanteur au timbre clair distille bons mots et menaces glaçantes.

    Dans la fosse, Louis Langrée, qui vient d’être reconduit à la direction de l’Opéra-Comique, dirige des forces lilloises irréprochables. Le continuum de sa direction n’oublie pas l’émotion et le tragique propres à ce Faust originel.




    Opéra Comique - Salle Favart, Paris
    Le 21/06/2025
    Thomas DESCHAMPS

    Nouvelle production de Faust de Gounod dans une mise en scène de Denis Podalydès et sous la direction de Louis Langrée à l’Opéra-Comique, Paris.
    Charles Gounod (1818-1893)
    Faust, opéra en un prologue et quatre actes (1859)
    Livret de Jules Barbier et Michel Carré d’après le premier Faust de Goethe, traduit par Nerval

    Chœur de l’Opéra de Lille
    Orchestre national de Lille
    direction : Louis Langrée
    mise en scène : Denis Podalydès
    décors : Éric Ruf
    costumes : Christian Lacroix
    éclairages : Bertrand Couderc
    chorégraphie : Cécile Bon

    Avec :
    Julien Dran (Faust), Vannina Santoni (Marguerite), Jérôme Boutillier (Méphistophélès), Lionel Lhote (Valentin), Juliette Mey (Siebel), Marie Lenormand (Dame Marthe), Anas Séguin (Wagner), Bruno Schraen-Vanpeperstraete (Le mendiant).

     


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