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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Musique contemporaine pour choeur au Théâtre des Bouffes du Nord dans le cadre du Festival d'automne à Paris.
Accentus au choeur des ombres
Le 27 novembre dernier, le choeur Accentus, Laurence Equilbey et le violoncelliste Marc Coppey ont fait du Théâtre des Bouffes du Nord une chambre mystérieuse grâce à un programme contemporain réunissant des oeuvres de Franck Krawczyk et de György Ligeti. Un concert envoûtant peuplé d'ombres et de souvenirs
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Dans l'oeuvre du compositeur Franck Krawczyk, il y a une obsession de la mémoire totalement fascinante. Le passé tout entier est convoqué dans son oeuvre, Chopin ici, Beethoven là . L'objet est troublant et la quête étrange : la voix qui s'élève semble avoir aboli le temps et le fantôme qui parle paraît étrangement proche, comme si l'auteur lui même s'était glissé sous le drap. Si l'on rappelle que sa Huitième nuitpour choeur est "
une musique de spectre où l'attente du deuil initie l'homme au monde des morts", on met probablement le doigt sur une obsession manifeste.
De ce point de vue, achever la soirée avec Lux æterna de Ligeti eut été plus judicieux que de reprendre, en bis, les musiques d'inspiration populaire qu'on avait entendu en deuxième partie de programme. Car, là aussi, l'auteur tente de suspendre le temps, usant cette fois d'une micro polyphonie pour créer le sentiment d'une continuité sans fin. Mais la demande était forte et la tentation trop grande pour que Laurence Equilbey y résiste.
Il faut écrire que depuis la soirée, on était suspendu aux lèvres de ce choeur d'exception. Marc Coppey avait donné le ton en ouvrant le concert : jeu grave, à la fois fragile et assuré, ce violoncelle, décidément, semblait investi d'un rôle de mémoire alors que le chant de Chopin, ainsi transposé, avait tout d'une voix aux prises avec l'aphasie.
Dans la pénombre de la salle, les pupitres prêtaient à toutes les évocations. Puis l'instrument se tait et les chanteurs paraissent. L'envoûtement alors opère à plein : les gestes de Laurence Equilbey sculptent une matière sonore qui se déploie dans un espace délivré du temps. Enfin, avec les oeuvres de Ligeti, le théâtre fait son entrée, parenthèse bienheureuse avant le très attendu Lux æterna, parfaitement conduit et totalement absorbant.
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Théâtre des Bouffes du Nord, Paris Le 27/11/2000 Mathias HEIZMANN |
| Musique contemporaine pour choeur au Théâtre des Bouffes du Nord dans le cadre du Festival d'automne à Paris. | Choeur Accentus dirigé par Laurence Equilbey
Marc Coppey, violoncele
Franck Krawczyk : Transcriptio (transcription pour violoncelle des préludes opus 28 N°18,1,20,24 de Chopin) ; Lacrimosa (transcription pour choeur de l'étude pour piano opus 10 n°6 de Chopin) ; Lulajze, Lulaj ! (transcription pour choeur d'un extrait du Largo de la Sonate en si mineur de Chopin) ; Amen (transcription pour choeur du prélude opus 28 N°2 de Chopin) ; Repetitio pour violoncelle seul ; Huitième nuit pour choeur.
György Ligeti : Œuvres pour choeur (Ha Folyoviz volnek ; Pletykazo Asszonyok ; Haj, Ifjusag ; Magany ; Ejszaka ; Reggel ; The Alphabet ; Lux æterna). | |
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