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CRITIQUES DE CONCERTS |
12 juillet 2025 |
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Nouvelle production de Louise de Charpentier dans une mise en scène de Christof Loy, sous la direction de Giacomo Sagripanti au Festival d'Aix-en-Provence 2025.
Aix 2025 (1) :
Anatomie d’une oppression
Avec Louise, Aix 2025 s'empare du manifeste naturaliste de Gustave Charpentier pour en révéler la part d'ombre psychologique. La mise en scène de Christof Loy explore la violence sous-jacente, portée par un plateau relevé d'où émerge l’intense Elsa Dreisig et la direction efficace de Giacomo Sagripanti à la tête de l'Orchestre de l’Opéra de Lyon.

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Théâtre de l’Archevêché, Aix-en-Provence
Le 05/07/2025
David VERDIER
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Aix 2025 (2) :
Scènes de la vie spectrale
Aix 2025 (1) :
Anatomie d’une oppression
Les noces funèbres d’Orfeo
[ Tous les concerts ]
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D'une certaine manière, c'est un pari audacieux qu'a relevé le Festival d'Aix-en-Provence en redonnant vie à Louise, opéra emblématique de Gustave Charpentier. Créé en 1900, l’ouvrage conjugue un sujet sulfureux à un livret-manifeste du naturalisme, brossant le portrait d'une jeune femme éprise de liberté dans un Paris gouailleur et populaire.
La force d'une thématique mêlant l'expression du désir féminin et la rupture avec l'autorité parentale expliquent à la fois son succès d'antan et son actualité. Tombée dans l'oubli après les années 1960, cette partition souffre d'un livret dont la minceur, à l’occasion touchante, peut parfois faire sourire. Sa présence à Aix se justifie par la volonté de donner un éclairage neuf sur la question des droits des femmes et des violences familiales.
Tournant le dos à la carte postale, la mise en scène de Christof Loy plonge l'action dans l'atmosphère oppressante d’un décor unique de salle d'attente aux hauts murs qui tient tout à la fois du dispensaire et du hall de gare… Un espace de transit et de circulation dans lequel s'enchaînent les scènes. Derrière les vitres salies et opaques, on devine les toits parisiens tandis qu'à jardin et à cour des portes battantes s'ouvrent sur des espaces interdits à la vue : un cabinet, une salle de soins.
Louise est cette jeune femme immobile, maladroite dans sa longue robe terne et sous la surveillance d'une mère en tailleur strict. Elle n'est plus seulement l’ouvrière tentée par la vie de bohème, assimilée ici à ces patientes diagnostiquées hystériques par le verdict des recherches de Charcot. De fait, Louise fantasme son amour avec Julien – que la dernière scène révèlera être son thérapeute. On lit à la lumière de ce retournement autant les épisodes pénibles de la relation incestueuse avec son père oppresseur que les scènes plus légères comme ce 14 juillet sur la Butte Montmartre avec son défilé et ses scènes de groupe réglées au cordeau.
Cette lecture sombre et clinique bénéficie d'une distribution très investie, à commencer par une Elsa Dreisig qui trouve en Louise un espace expressif parfaitement dimensionné à ses moyens. La voix est lyrique et délicate, avec un art du phrasé qui éclaire la ligne et fait de Depuis le jour un véritable moment de grâce.
À ses côtés, Adam Smith campe un Julien affirmé et volontaire, émaillé de montées à l'aigu parfois étroites et exposées. Son approche basée sur une expressivité sanguine contraste avec une Sophie Koch dont la Mère demeure engoncée dans une autorité fabriquée. Nicolas Courjal incarne un Père dont la violence intérieure menace à chaque instant de surgir, portée par un instrument au registre grave sonore et appuyé. La direction de Giacomo Sagripanti assure les arrières, avec un Orchestre de l'Opéra de Lyon qui porte le plateau sans toujours plonger dans le détail et les subtilités pour rendre sensible un élan dramatique gommé en partie par l'acoustique du lieu.
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Théâtre de l’Archevêché, Aix-en-Provence Le 05/07/2025 David VERDIER |
 | Nouvelle production de Louise de Charpentier dans une mise en scène de Christof Loy, sous la direction de Giacomo Sagripanti au Festival d'Aix-en-Provence 2025. | Gustave Charpentier (1860-1956)
Louise, opéra en quatre actes et cinq tableaux (1900)
Livret du compositeur.
Coproduction avec l’Opéra national de Lyon, l’Opéra-Comique et le Palazzetto Bru Zane.
Maîtrise des Bouches-du-Rhône
Orchestre des Jeunes de la Méditerranée
Chœur et Orchestre de l'Opéra de Lyon
direction : Giacomo Sagripanti
mise en scène : Christof Loy
décors : Étienne Pluss
costumes : Robby Duiveman
éclairages : Valerio Tiberi
préparation des chœurs : Benedict Kearns & Samuel Coquard
Avec :
Elsa Dreisig (Louise), Adam Smith (Julien), Sophie Koch (La Mère), Nicolas Courjal (Le Père), Grégoire Mour (Un marchand d'habits / Pape des fous), Annick Massis (La Balayeuse), Marianne Croux (Irma), Carol Garcia (Gertrude), Karolina Bengtsson (Camille), Marie-Thérèse Keller (Madeleine), Julie Pasturaud (Marguerite / La Laitière), Marion Vergez-Pascal (Élise / Petite chiffonnière), Marion Lebègue (Suzanne / Glaneuse de charbon), Jennifer Courcier (Blanche / Plieuse de journaux), Céleste Pinel (L'Apprentie / Le Gavroche), Frédéric Caton (Le Bricoleur). |  |
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