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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 juillet 2025 |
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Symphonie n° 8 de Bruckner par la Philharmonie Festiva sous la direction de Gerd Schaller au Festival d’Ebrach 2025.
Ebrach 2025 :
Finis coronat opus
Sous les voûtes de l’Abbatiale d’Ebrach, lieu de mémoire cistercien reculé en Franconie, Gerd Schaller referme son intégrale de toutes les versions de toutes les symphonies de Bruckner avec la mouture primitive de la Symphonie n° 8, rendue à son urgence, à une foi brûlante qui assume ses hardiesses formelles et harmoniques comme jamais.
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Ebrach 2025 :
Finis coronat opus
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C’est le point final d’un projet étalé sur dix-huit années – si éloigné de la précipitation qui prévaut désormais aussi dans l’industrie musicale classique – que vient d’écrire le chef allemand Gerd Schaller, qui dans la même nef de l’Abbatiale d’Ebrach, charmant village franconien entre Bamberg et Würzburg, devait fonder en 2007 une sorte de Bayreuth brucknérien, sur le même principe d’un orchestre (la Philharmonie Festiva) composé d’instrumentistes des quatre coins de l’Allemagne.
Au fur et à mesure de cette exploration se concrétise en 2011 le véritable projet au long cours Bruckner2024, visant à produire, d’ici le bicentenaire de la naissance du compositeur, une intégrale de toutes les rédactions successives de chaque symphonie, au rythme d’une ou deux exécutions par été, afin de ne surtout pas bâcler ce dessein embrassé par le label discographique Profil. En plus des volumes séparés, un premier coffret work in progress de 20 CD paraît en 2022, faisant découvrir de notre côté du Rhin une vraie patte brucknérienne et des exécutions très calibrées et homogènes.
Après la mise en boîte en septembre 2024 de la Symphonie n° 9 au Finale complété par le chef en personne, et la version initiale de la Symphonie n° 3 enregistrée ce printemps au Regentenbau de Bad Kissingen, dont la réverbération moindre est plus adaptée aux premières symphonies, ce grand œuvre brucknérien (qui paraîtra avec un peu de retard en 2026) s’achève en ce mois de juillet par la rédaction première (1887) de la gigantesque Symphonie n° 8, devant un public concentré et fervent.
En presque vingt ans, le style brucknérien de Schaller a évolué vers toujours plus de lisibilité, d’avancée et toujours moins de pesanteur, sans pour autant jamais manquer de densité. On sent aussi à quel point le chef a appris à domestiquer la réverbération généreuse mais jamais envahissante de l’Abbatiale d’Ebrach, où le soleil irradiant à travers la rosace gothique de la façade fait briller de mille feux les colonnes baroques de marbre rose du chœur au début de l’Adagio.
À aucun moment la battue ne flanche dans les dédales de cette première mouture, à l’inspiration et aux virages bruts de décoffrage en comparaison de la version révisée habituelle de 1890. Et pourtant jamais cette « Urachte » ne nous avait paru aussi cohérente dans ses singularités : la fluidité, la stratification en blocs qui trahit la pratique de l’orgue chez le chef natif de Bamberg, la vivacité des tempi sont au service d’une interprétation haletante mais humble, avec un orchestre impérial – la majesté des cuivres. Sic transit gloria mundi.
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Abteikirche, Ebrach Le 20/07/2025 Yannick MILLON |
 | Symphonie n° 8 de Bruckner par la Philharmonie Festiva sous la direction de Gerd Schaller au Festival d’Ebrach 2025. | Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie n° 8
Version primitive de 1887
Philharmonie Festiva
direction : Gerd Schaller |  |
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