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CRITIQUES DE CONCERTS 12 aoűt 2025

Nouvelle production de Pénélope de Fauré dans une mise en scène de Andrea Breth et sous la direction de Susanna Mälkki au Festival de Munich 2025.

Munich 2025 (2) :
La dernière épreuve d’Ulysse

© Bernd Uhlig

Le Théâtre du Prince régent, avec son ambiance de petit Bayreuth, forme une caisse de résonance à l’univers sonore d’un des compositeurs français les plus réceptifs à Wagner. La direction de Susanna Mälkki délivre des harmonies subtiles, tandis qu’une distribution inintelligible grève la représentation et qu’Andrea Breth accentue les faiblesses théâtrales de cette Pénélope fauréenne.
 

Prinzregententheater, MĂĽnchen
Le 23/07/2025
Thomas DESCHAMPS
 



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  • Pourquoi faire simple quand on peut faire compliquĂ© ? PĂ©nĂ©lope souffre essentiellement de son livret Ă©crit par le comĂ©dien RenĂ© Fauchois. Un texte grandiloquent et prĂ©tentieux contre lequel FaurĂ© dut lui-mĂŞme batailler. Les trois actes distillent une action frisant l’aporie théâtrale dont le dĂ©nouement est très longuement annoncĂ©. Les nombreux personnages secondaires se cantonnent Ă  de la figuration, comme si le compositeur ne s’intĂ©ressait qu’aux deux protagonistes principaux.

    Tout cela, Andrea Breth choisit de l’accuser. En dehors de quelques déambulations énigmatiques du vieil Ulysse promenant Pénélope avachie dans une chaise roulante au milieu de statues antiques, l’Allemande cloisonne la scène dans une succession de petites pièces se déplaçant à la queue leu leu de jardin à cour, dans une lenteur égalant l’ennui de l’attente de Pénélope. Un dispositif d’une technicité admirable mais qui fige l’histoire en vignettes.

    Ainsi, Ulysse n’est pas montré tirant à l’arc, c’est une acrobate qui tire une flèche dans une cloison en faisant le poirier et en utilisant ses pieds avant même le massacre des prétendants. Artifice spectaculaire qui tranche avec une réelle monotonie picturale. La metteuse en scène gomme les individualités au moyen de costumes indifférenciés et de lumières douces. Elle ne fait qu’évoquer la violence masculine envers le gynécée. Et reste dubitative jusque dans la scène finale : à la jubilation en do majeur écrite par Fauré, elle oppose une réserve étrange des époux qui ne se réunissent pas.

    Le chant fauréen s’appuie sur une prosodie précise, essentielle pour ce poème presque déclamatoire. Or l’Opéra de Bavière a réuni une distribution largement défaillante en la matière, chacun semblant faire ce qui lui chante. Au milieu de ce volapük, l’Antinoüs de Loïc Félix faire figure de phare dans la nuit, seul parmi les prétendants (curieusement habillés en gangsters américains) à laisser une impression convaincante.

    On sait gré également à un Brandon Jovanovich en belle forme de soigner sa prononciation pour un Ulysse qui devient le seul personnage émouvant de la soirée. Immobilisée même lorsqu’elle n’est pas en fauteuil, la Pénélope de Victoria Karkacheva n’est que rondeur et beauté du timbre. La jeunesse de son émission porte en outre très peu de l’expérience du personnage qu’elle doit incarner. Rinat Shaham en Euryclée bien chantante souffre des mêmes défauts, tout comme le reste de la distribution féminine. Enfin, comme l’année dernière dans Pelléas, on relève le talent dramatique du jeune Henrik Brandstetter issu du Tölzer Knabenchor.

    Les riches harmonies tantôt fondues tantôt franches de Fauré ne tolèrent aucun à-peu-près. À cet égard, le choix de la cheffe Susanna Mälkki se révèle une bénédiction. La Finlandaise dirige la partition de manière précise et lumineuse. Plus encore, sa lecture gagne une dimension horizontale et un sens du récit qui s’allient aux merveilles musicales de ces pages. Gérant parfaitement l’acoustique généreuse de la salle du Prinzregententheater, Mälkki équilibre avec art les envolées lyriques des superbes musiciens de l’Orchestre d’État de Bavière, justifiant largement cette entrée au répertoire de la maison.




    Prinzregententheater, MĂĽnchen
    Le 23/07/2025
    Thomas DESCHAMPS

    Nouvelle production de Pénélope de Fauré dans une mise en scène de Andrea Breth et sous la direction de Susanna Mälkki au Festival de Munich 2025.
    Gabriel Fauré (1845-1924)
    Pénélope, poème lyrique en trois actes (1913)
    Livret de René Fauchois d’après L’Odyssée d’Homère

    Chœur de l’Opéra national de Bavière
    Orchestre d'État de Bavière
    direction : Susanna Mälkki
    mise en scène : Andrea Breth
    décors : Raimund Orfeo Voigt
    costumes : Ursula Renzenbrink
    éclairages : Alexander Koppelmann
    préparation des chœurs : Sonja Lachenmayr

    Avec :
    Victoria Karkacheva (Pénélope), Brandon Jovanovich (Ulysse), Rinat Shaham (Euryclée), Thomas Mole (Eumée), Valerie Eickhoff (Cléone), Seonwoo Lee (Mélantho), Martina Myskohild (Alkandre), Ena Pongrac (Phylo), Eirin Rognerund (Lydie), Elene Gvritishvili (Elene), Loïc Félix (Antinoüs), Leigh Melrose (Eurymaque), Joel Williams (Léodès), Zachary Rioux (Ctésippe), Dafydd Jones (Pisandre), Henrik Brandstetter (Un Berger).

     


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