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CRITIQUES DE CONCERTS 12 aoűt 2025

Nouvelle production de L’Or du Rhin de Wagner dans une mise en scène de Tobias Kratzer et sous la direction de Vladimir Jurowski au Festival de Munich 2025.

Munich 2025 (4) :
Tabernacle !

© Geoffroy Schied

Nonobstant quelques réserves vocales surprenantes pour une maison comme Munich, L’Or du Rhin monté par Tobias Kratzer captive par son habileté théâtrale et ses choix d’interprétation. Vladimir Jurowski et son Orchestre d’État de Bavière sont avec le Wotan de Nicholas Brownlee les autres atouts d’un Ring qui promet beaucoup.
 

Nationaltheater, MĂĽnchen
Le 25/07/2025
Thomas DESCHAMPS
 



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  • Dieu est mort : c’est le vilain graffe nietzschĂ©en que vient taguer un marginal dans une Ă©glise abandonnĂ©e. L’homme au physique souffreteux n’est autre qu’Alberich. Il s’apprĂŞte Ă  se suicider quand surgissent des Filles du Rhin qu’on dirait sorties de Poudlard. Les gamines s’empressent de tourmenter le pauvre contestataire Ă  coup de tour de magie, allant pour l’une d’entre elle jusqu’à se transformer en une chevrette effrontĂ©e ; et pour une autre Ă  filmer avec son tĂ©lĂ©phone les violences qu’elles font subir Ă  Alberich.

    Une fois l’or volé, le plateau tournant révèle un échafaudage à l’arrière du maître-autel. Les dieux vêtus des oripeaux wagnériens traditionnels et dans un état de déchéance avancée, dorment sur des matelas. Les géants habillés comme des clergymans leur proposent une solution tout-en-un comprenant l’autel restauré mais aussi tout le matériel nécessaire, revues et affiche annonçant Ton Wotan ! Ton Walhalla !

    On l’aura compris, le ton de ce prologue vu par Tobias Kratzer ressortit à la satire. Le metteur en scène provoque les rires à de nombreuses reprises comme dans la vidéo du retour du Niebelheim montrant Wotan et Loge voyageant en avion. Loge roupille tandis que Wotan tient fièrement le tupperware contenant le crapaud-Alberich. La boîte en plastique manque d’être confisquée par la douane, mais Loge déclenche opportunément un incendie en jetant sa clope dans une poubelle…

    Le rire cohabite aussi avec des images horrifiques. Ainsi le chien de Mime se retrouve calciné par le dragon et c’est à un Alberich misérable et dénudé que Wotan arrache un doigt pour prendre possession de l’anneau. Au-delà du divertissement théâtral très réussi, ce récit se montre d’une rare cohérence et ne dévie pas de sa route. Face à ce monde violent (Alberich fort de l’or s’est mis à vendre des armes), les dieux parviennent à inaugurer le maître-autel rutilant dont ils occupent les niches comme de nouvelles divinités. Une approche qui s’écarte des lectures anticapitalistes souvent vues et suscite l’attente des trois journées à venir.

    Le plateau sert au mieux ce théâtre sarcastique mais le chant n’est pas toujours au rendez-vous, à l’instar d’un Donner (Milan Siljanov) et d’un Froh (Ian Koziara) sans stature vocale, d’un Alberich (Martin Winkler) qui masque comme il peut une voix sinistrée. L’affrontement avec Wotan en souffre d’autant que Nicholas Brownlee se montre dans la plénitude de ses moyens, voix caméléon au souffle inépuisable.

    Remplaçante in extremis, Claudia Manhke fait une Fricka matronesque, la Freia de Mirjam Mesak émeut autant que le Mime de Matthias Klink, quand les Filles du Rhin font honneur à l’Opéra de Bavière, sans oublier la splendeur de Natalie Lewis en Erda. Chez les Géants, c’est le Fasolt drolatique de Matthew Rose qu’on retient.

    Enfin, la direction de Vladimir Jurowski se révèle comme l’autre atout de ce nouveau Ring in progress. Le chef russe cultive dans la fosse des sonorités vraiment effrayantes et se garde de trop souligner les leitmotive. Sous sa baguette, l’orchestre héritier de celui de la création ne se départit pas de son idiomatisme idéal mais devient un conteur à part entière.




    Nationaltheater, MĂĽnchen
    Le 25/07/2025
    Thomas DESCHAMPS

    Nouvelle production de L’Or du Rhin de Wagner dans une mise en scène de Tobias Kratzer et sous la direction de Vladimir Jurowski au Festival de Munich 2025.
    Richard Wagner (1813-1883)
    Das Rheingold, opéra en un acte (1869)
    Livret du compositeur

    Orchestre d'État de Bavière
    direction : Vladimir Jurowski
    mise en scène : Tobias Kratzer
    décors et costumes : Rainer Sellmaier
    éclairages : Michael Bauer
    vidéo : Manuel Braun, Jonas Dahl & Janic Bebi

    Avec :
    Nicholas Brownlee (Wotan), Milan Siljanov (Donner), Ian Koziara (Froh), Sean Panikkar (Loge), Martin Winkler (Alberich), Matthias Klink (Mime), Matthew Rose (Fasolt), Timo Riihonen (Fafner), Claudia Manhke (Fricka), Mirjam Mesak (Freia), Natalie Lewis (Erda), Sarah Brady (Woglinde), Verity Wingate (Wellgunde), Yajie Zhang (Flosshilde).

     


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