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CRITIQUES DE CONCERTS 10 aoűt 2025

Reprise du Ring de Wagner dans la mise en scène de Valentin Schwarz, sous la direction de Simone Young au Festival de Bayreuth 2025.

Bayreuth 2025 (1) :
Primum non nocere

© Enrico Nawrath

Retour au Ring de Valentin Schwarz avec un peu d’appréhension. Si une certaine efficacité avait in fine suscité de l’intérêt lors de la découverte, c’est ici avant tout la direction amorphe de Simone Young qui empêche toute conviction : le spectateur de bonne volonté peut avaler bien des couleuvres sur le plateau, mais l’indigence en fosse reste indigeste à Bayreuth.
 

Festspielhaus, Bayreuth
Le 31/07/2025
Thomas COUBRONNE
 



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  • Nous relisons avec nostalgie nos rĂ©serves de 2023 sur Pietari Inkinen, qui dirigeait minimaliste et Ă©purĂ©, parfois brouillon, pour terminer dans la noirceur. C’est dĂ©sormais une lourdeur famĂ©lique qu’inflige Simone Young. Jamais pourtant nous n’avions imaginĂ© qu’on pouvait rater le PrĂ©lude de L’Or du Rhin, la montĂ©e au Walhalla, la conclusion orchestrale de CrĂ©puscule. Certes, la ChevauchĂ©e des Walkyries, le dĂ©but du III de Siegfried, mĂŞme sa Marche funèbre sont d’un Ă©quilibre plus dĂ©licat.

    Mais cette manière épaisse, molle, mal stratifiée (cavalcades de bois surexposées, cuivres pudibonds), de brider toute progression et d’assécher tout climax réussit le tour de force d’avorter les pages les plus évidentes de Wagner, ces moments où sans chef l’orchestre saurait accomplir sa tâche. Primum non nocere (D’abord ne pas nuire), dit-on en médecine… Que penser d’une direction qui crée des problèmes où il n’y en a pas ?

    Ajoutons une petite amertume regardant les (naguère) meilleurs chĹ“urs d’opĂ©ra du monde. La rĂ©volution est en marche : effectifs rĂ©duits, recrutement manifeste sur le critère du seul volume ; comment expliquer ce relâchement sensible dans la mise en place, l’intonation, et surtout la fin d’un certain idĂ©al de la diction (« HOgen, wOs tust du? WOs TOtest du? Â») ? Notons que la tendance Ă  la consonne crachĂ©e et Ă  l’aboiement se retrouve chez nombre de solistes de la Colline, pour un bĂ©nĂ©fice discutable sur l’intelligibilitĂ©.

    N’ergotons pas sur les changements de distribution, saluons les nouveaux-venus Michael Spyres, Siegmund aristocratique, moelleux et clair, Klaus Florian Vogt, Siegfried juvénile et gentil, quitte à renoncer au pathos dans son agonie, Anna Kissjudit, Erda aux immenses moyens, Daniel Behle, Loge malicieux, Christina Nilsson, Freia lumineuse.

    Ne boudons pas non plus notre plaisir et notre agacement à réentendre (qualités et défauts à l’identique) les mêmes Wotan, Fricka, Alberich, Fafner, Brünnhilde (Catherine Foster cette fois y compris dans Siegfried), Gunther, Waltraute. Ni quelques nouvelles déconvenues – Mika Kares court d’aigu en Hagen, Gabriela Scherer à la truelle du mauvais goût en Gutrune.

    Le spectacle avait à l’origine l’attrait labyrinthique d’une narration où il fallait ne pas se perdre ; passé l’expérience de la désorientation, et sachant où l’on va, on profite davantage de petits détails qu’on n’avait pas le loisir d’observer, mais la stimulation est irrémédiablement perdue.

    Ce qui a peut-être le plus souffert des années, c’est la direction d’acteurs, abandonnée, qui aboutit à une mollesse rythmique, un flou dans l’espace, des interactions jamais crédibles. Pas une étreinte, un affrontement, une empoignade, un mouvement de plateau qui semble porté par une vie, une action, une trajectoire authentique – la direction musicale, de nouveau, n’aide pas. Peu de joie également dans les innombrables touches d’humour du metteur en scène qui du coup produisent l’effet d’un sarcasme superficiel.

    S’il est vrai que le Regietheater consiste à mettre en scène des concepts, et que par conséquent il laisse la place à une forme d’abstraction, étendant le champ de la convention théâtrale vers encore plus d’invraisemblance que dans la représentation traditionnelle, on peut néanmoins reprocher à Valentin Schwarz de laisser de côté une certaine sève sans laquelle les concepts restent intellectuels et arides. L’œuvre d’art total de Wagner ne mérite-t-il pas qu’on fasse feu de tout bois, même celui du sentiment ?




    Festspielhaus, Bayreuth
    Le 31/07/2025
    Thomas COUBRONNE

    Reprise du Ring de Wagner dans la mise en scène de Valentin Schwarz, sous la direction de Simone Young au Festival de Bayreuth 2025.
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    Chor und Orchester der Bayreuther Festspiele
    direction : Simone Young
    mise en scène : Valentin Schwarz
    décors : Andrea Cozzi
    costumes : Andy Besuch
    éclairages : Nicol Hungsberg
    vidéo : Luis August Krawen
    préparation des chœurs : Thomas Eitler de Lint

    Avec :
    Das Rheingold
    Tomasz Konieczny (Wotan), Nicholas Brownlee (Donner), Mirko Roschkowski (Froh), Daniel Behle (Loge), Christa Mayer (Fricka), Christina Nilsson (Freia), Anna Kissjudit (Erda), Olafur Sigurdarson (Alberich), Ya-Chung Huang (Mime), Patrick Zielke (Fasolt), Tobias Kehrer (Fafner), Katharina Konradi (Woglinde), Natalia Skrycka (Wellgunde), Marie Henriette Reinhold (FloĂźhilde).

    Die WalkĂĽre
    Michael Spyres (Siegmund), Vitalij Kowaljow (Hunding), Tomasz Konieczny (Wotan), Jennifer Holloway (Sieglinde), Catherine Foster (BrĂĽnnhilde), Christa Mayer (Fricka), Catharine Woodward (Gerhilde), Brit-Tone MĂĽllertz (Ortlinde), Margaret Plummer (Waltraute), Christa Mayer (Schweirtleite), Dorothea Herbert (Helmwige), Alexandra Ionis (Siegrune), Marie Henriette Reinhold (Grimgerde), Noa Beinart (Rossweisse), Igor Schwab (Grane).

    Siegfried
    Klaus Florian Vogt (Siegfried), Ya-Chung Huang (Mime), Tomasz Konieczny (Der Wanderer), Olafur Sigurdarson (Alberich), Tobias Kehrer (Fafner), Anna Kissjudit (Erda), Catherine Foster (BrĂĽnnhilde), Victoria Randem (Waldvogel), Branko Buchberger (Der junge Hagen), Igor Schwab (Grane).

    Götterdämmerung
    Klaus Florian Vogt (Siegfried), Michael Kupfer-Radecky (Gunther), Olafur Sigurdarson (Alberich), Mika Kares (Hagen), Catherine Foster (BrĂĽnnhilde), Gabriela Scherer (Gutrune), Christa Mayer (Waltraute), Noa Beinart (1. Norn), Alexandra Ionis (2. Norn), Dorothea Herbert (3. Norn), Katharina Konradi (Woglinde), Natalia Skrycka (Wellgunde), Marie Henriette Reinhold (FloĂźhilde), Igor Schwab (Grane).

     


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