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CRITIQUES DE CONCERTS 10 aoűt 2025

Nouvelle production des Maîtres chanteurs de Wagner dans une mise en scène de Matthias Davids et sous la direction de Daniele Gatti au Festival de Bayreuth 2025.

Bayreuth 2025 (2) :
Les Maîtres ringards

© Enrico Nawrath

Ambiance douce-amère pour les nouveaux Meistersinger de Bayreuth, dont la jolie scénographie est le cadre d’une myriade de clichés et d’auto-dérision sur les traditions rurales de l’Allemagne du sud, face à un plateau non sans défauts mais de belle qualité, sous la direction d’un Daniele Gatti hédoniste jusqu’à négliger les fondamentaux d’une exécution de fosse.
 

Festspielhaus, Bayreuth
Le 02/08/2025
Yannick MILLON
 



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  • En marge des excès d’un certain Regietheater, Bayreuth calme le jeu avec ces nouveaux MaĂ®tres chanteurs sans intellectualisme forcenĂ©, simples, dans des couleurs vives tirant vers le musical, quand bien mĂŞme les quatre heures trente de l’unique comĂ©die wagnĂ©rienne sont un obstacle au rythme fusant du genre d’outre-Atlantique.

    La vraie originalité du spectacle de Matthias Davids réside dans sa scénographie, qu’on croirait tirée de maquettes en carton pour enfants : escalier en perspective vertigineuse sur une minuscule église de village, dévoilant sur tournette une confortable salle de concours de chant lambrissée ; maisons qui s’emboîtent dans la rue de l’émeute ; atelier circulaire de Sachs devenant Festwiese kitsch avec ses bottes de paille et son énorme vache gonflable, les pis en l’air, qui surplombe l’espace du concours.

    Le propos reste convenu, avec un ton de gentille auto-dérision sombrant dans tous les clichés sur la Bavière, à commencer par le combo bière-saucisse-culotte de peau, et jusqu’au trophée de bretzels, au défilé de nains de jardin, à ces Maîtres ringards en bonnet phrygien, avec en prime un Beckmesser en rocker has been dont la guitare électrique s’illumine en rose fluo. Sans oublier une Eva dont seule la tête dépasse d’une sculpture florale, archétype de la potiche de comice agricole promise au vainqueur. Pas de quoi rire à gorge déployée, d’autant que la tentative de Beckmesser de couper le courant au moment le plus nationaliste de l’ultime tirade de Sachs tourne court.

    Le chœur, approximatif, semble décliner depuis le départ d’Eberhard Friedrich, victime après tant d’années de résistance d’un allemand globalisé aux voyelles déformées. Dans la fosse, Daniele Gatti s’adonne à un hédonisme appuyé sur un legato royal, mais aussi sur des étirements complaisants, au point d’oublier sa fonction première de coordinateur. Les ensembles accrochent et l’émeute patine sévèrement dans son fugato, entraînant quelques huées aux saluts.

    La distribution, souvent mangée par le maestro, ne déçoit que pour le Pogner de Jongmin Park, grosse voix terne à voyelle unique. Tobias Kehrer fait un Veilleur de nuit kolossal, le David de Matthias Stier, encore fragile sur le haut du registre, laisse parfois entrevoir de la graine de maître chanteur, la Lene de Christa Mayer fait démentir que les voix larges sont incapables d’agilité, et le Beckmesser de Michael Nagy peut s’appuyer sur son passé de Wolfram pour sortir le rôle de l’aboiement.

    Georg Zeppenfeld apparaît souvent au taquet en Sachs dont la trame vocale manque un peu d’étoffe, mais sait compenser en déclamation et en nuances (Wahn) un matériau un peu léger pour cet emploi écrasant. Le premier Walther de Michael Spyres offre une ligne châtiée et souple, une émouvante évolution vocale, y compris entre la répétition générale chez le cordonnier et le Preislied du concours, et ne manque que d’un troisième registre plus brillant pour s’avérer l’égal des plus grands.

    Bonheur absolu enfin que l’Eva espiègle et lumineuse de Christina Nilsson, soprano blond à l’aigu adamantin, au vibrato fiévreux, au bas-médium ardent et bien timbré, petit miracle qui nous vaut, transcendé par la demi-teinte soignée de Zeppenfeld et Spyres, un quintette parmi les plus anthologiques qu’on ait entendus.




    Festspielhaus, Bayreuth
    Le 02/08/2025
    Yannick MILLON

    Nouvelle production des Maîtres chanteurs de Wagner dans une mise en scène de Matthias Davids et sous la direction de Daniele Gatti au Festival de Bayreuth 2025.
    Richard Wagner (1813-1883)
    Die Meistersinger von Nürnberg, comédie en trois actes (1868)
    Livret du compositeur

    Chor und Orchester der Bayreuther Festspiele
    direction : Daniele Gatti
    mise en scène : Matthias Davids
    décors : Andrew D. Edwards
    costumes : Susanne Hubrich
    éclairages : Fabrice Kebour
    préparation des chœurs : Thomas Eitler de Lint

    Avec :
    Georg Zeppenfeld (Hans Sachs), Jongmin Park (Veit Pogner), Martin Koch (Kunz Vogelgesang), Werner Van Mechelen (Konrad Nachtigall), Michael Nagy (Sixtus Beckmesser), Jordan Shanahan (Fritz Kothner), Daniel Jenz (Balthasar Zorn), Matthew Newlin (Ulrich Eisslinger), Gideon Poppe (Augustin Moser), Alexander Grassauer (Hermann Ortel), Tijl Faveyts (Hans Schwarz), Patrick Zielke (Hans Foltz), Michael Spyres (Walther von Stolzing), Matthias Stier (David), Christina Nilsson (Eva), Christa Mayer (Magdalene), Tobias Kehrer (Ein Nächtwächter).

     


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