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CRITIQUES DE CONCERTS 07 décembre 2025

Reprise de Rusalka de Dvořák dans la mise en scène de Martin Kušej, sous la direction d’Edward Gardner au Festival de Munich 2025.

Munich 2025 (5) :
La cruauté sans ride

© Wilfried Hösl

Une distribution quasi parfaite et un orchestre idiomatique portent très haut la reprise de la Rusalka toujours terrifiante de Martin Kušej. Dans le rôle-titre, Asmik Grigorian captive du début à la fin. Sans tirer la couverture à soi, cette artiste entraîne chacun de ses magnifiques partenaires à livrer le meilleur de lui-même.
 

Nationaltheater, MĂĽnchen
Le 26/07/2025
Thomas DESCHAMPS
 



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  • Près de quinze ans après sa crĂ©ation ici mĂŞme, la Rusalka imaginĂ©e par Martin Kušej n’a pas pris une ride. Les rĂ©fĂ©rences Ă  l’actualitĂ© horrifique d’alors, les viols commis par Josef Fritzl sur sa fille Elisabeth et la sĂ©questration de la jeune Natasha Kampusch, ne sont peut-ĂŞtre plus dans toutes les mĂ©moires, mais la violence et la cruautĂ© de cette lecture restent finalement intemporelles.

    Surtout, ce travail rentre en résonnance avec les thèmes les plus noirs et désespérants du conte imaginé par Kvapil et Dvořák d’après de nombreuses sources. Au monde froid, glauque et carcéral du sous-sol de l’Ondin s’oppose un paysage de carte postale bavaroise qui tombe d’un coup révélant les faux-semblants de la soi-disant humanité.

    L’autre grande qualité de ce spectacle réside dans sa capacité à accueillir des incarnations sensiblement différentes au gré des distributions. Ainsi, Christof Fischesser figure un Ondin plus ambivalent que Günter Groissböck jadis. La richesse de son timbre, la sûreté de son émission et de sa prononciation lui permettent des nuances bouleversantes. Okka von der Damerau qui était une dryade lors de la création en 2010, fait elle aussi une Ježibaba moins caricaturale mais non moins effrayante que nombre de ses devancières.

    L’élégance naturelle d’Elena Guseva conduit également à une Princesse étrangère à la séduction d’autant plus cruelle qu’on la comprend davantage. Pavol Breslik fait un Prince désarmant d’inconstance. La finesse de son interprétation souffre à plusieurs reprises d’une projection limitée mais il trouve le désarroi adéquat pour la scène du baiser de la mort. Présence incommensurable tout au long des trois actes, Asmik Grigorian offre une nouvelle étape dans l’interprétation du rôle-titre.

    La soprano, qui chante le rôle depuis 2020, personnifie avec une sensibilité déchirante une Rusalka traumatisée qui n’arrive pas à s’adapter au nouveau monde. La Romance à la lune n’use d’aucune séduction et sonne comme désabusée. En accord avec son personnage, ce n’est qu’au III que l’expression emporte subitement tout : la voix s’élève tel un pleur ancestral qui ne trouve aucun répondant dans un monde indifférent.

    Avant cela, le jeu de la comédienne n’en est pas moins poignant, que ce soit sa difficulté à marcher avec des chaussures ou lors de la fameuse scène de l’aquarium. Le plus miraculeux est que sa performance n’éclipse à aucun moment ses camarades à l’instar de ses sœurs les trois dryades parfaitement caractérisées par de jeunes talents dont Natalie Lewis admirée la veille en Erda.

    Dans la fosse, un grand connaisseur de l’ouvrage, Edward Gardner, déploie une éloquence de toute beauté. Sans doute faut-il mettre sur le compte des conditions du festival un certain déséquilibre au profit de l’orchestre, alors que la qualité de la distribution méritait d’être encore mieux mise en valeur. Mais on ne boude pas son plaisir d’entendre les fabuleux musiciens de l’Orchestre d’État de Bavière répondre au quart de tour aux sollicitations d’un chef qui ne néglige aucun recoin d’un chef-d’œuvre pourtant riche de sens.




    Nationaltheater, MĂĽnchen
    Le 26/07/2025
    Thomas DESCHAMPS

    Reprise de Rusalka de Dvořák dans la mise en scène de Martin Kušej, sous la direction d’Edward Gardner au Festival de Munich 2025.
    Antonin Dvořák (1841-1904)
    Rusalka, conte lyrique en trois actes (1901)
    Livret de Jaroslav Kvapil

    Chœur de l’Opéra de Bavière
    Orchestre d'État de Bavière
    direction : Edward Gardner
    mise en scène : Martin Kusej
    décors : Martin Zehetgruber
    costumes : Heidi Hackl
    éclairages : Reinhard Traub
    préparation des chœurs : Franz Obermair

    Avec :
    Asmik Grigorian (Rusalka), Pavol Breslik (Le Prince), Elena Guseva (La Princesse étrangère), Christof Fischesser (L’Ondin), Okka von der Damerau (La Sorcière), Kevin Conners (Le Garde forestier), Ekaterine Buachidze (Le Garçon de cuisine), Mirjam Mesak (Première fée des bois), Arnheidur Eiriksdóttier (Deuxième fée des bois), Natalie Lewis (Troisième fée des bois), Vitor Bispo (Un Chasseur).

     


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