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CRITIQUES DE CONCERTS 07 décembre 2025

Reprise de Lohengrin de Wagner dans la mise en scène de Kornél Mundruczó, sous la direction de Sebastian Weigle au Festival de Munich 2025.

Munich 2025 (6) :
La pierre sacrificielle

© Geoffroy Schied

Ce Lohengrin munichois mis en scène par Kornél Mundruczó se prend au jeu d'une relecture contemporaine avec l'idée d'une communauté conçue comme un collectif en quête d’un sauveur charismatique. Piotr Beczała et Rachel Willis-Sørensen dominent les débats tandis que la direction de la direction de Sebastian Weigle assure l'essentiel.
 

Nationaltheater, MĂĽnchen
Le 27/07/2025
David VERDIER
 



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  • C'est visuellement l'omniprĂ©sence du chĹ“ur comme masse indiffĂ©renciĂ©e qui frappe d'emblĂ©e le regard. Les mornes costumes d’Anna Axer Fijalkowska empruntent Ă  un streetwear sans saveur pour gommer toute hiĂ©rarchie visible au sein de cette foule. Le contraste des couleurs se cristallise autour d’Elsa dont la tenue noire souligne l'isolement dans ce groupe qui cherche dĂ©sespĂ©rĂ©ment une figure d’autoritĂ©.

    Point de cygne blanc ou d'apparition surnaturelle, on désigne dans ses propres rangs de la communauté celui qui deviendra leur sauveur. Point de Graal aussi, mais la quête d'un pouvoir autoritaire par un homme façonné par les attentes et les illusions d’un peuple violent. Mundruczó utilise à ce propos la symbolique brutale de la lapidation pour montrer la menace qui plane sur celui s'écarterait du groupe : Elsa y échappe mais pas Telramund.

    Si les idées ne manquent pas, elles pèchent par leur juxtaposition et leur manque de substance dramatique au-delà de l'aspect purement formel. La scénographie de Monika Pormale imagine un réseau sémantique où se distingue la couleur rouge comme élément du pouvoir rituel – l'élection de Lohengrin, les rubans qui décorent la façade du palais au II, le sang qui macule le linceul de Telramund ou bien qui jaillit au moment où Elsa tente de se suicider après avoir posé la question fatale…

    L'autre dualité qui parcourt la mise en scène est l'opposition entre le végétal et le minéral. Le ruisseau imitant le Jourdain au I, le fronton du palais au II, la prairie au III, sans oublier une version gigantesque de la pierre sacrificielle, tombant lentement des cintres tel un nuage noir pendant le In fernem Land.

    Sans véritable impulsion dramaturgique, cette production se borne à une expérience visuelle cohérente et équilibrée, laissant à la distribution toute la place requise pour s'exprimer à la manière d'une mise en espace. Une aubaine pour Piotr Beczała qui, une semaine avant son retour à Bayreuth, empoigne le rôle-titre avec une énergie et une autorité qui force le respect, même s'il est loisible de regretter les nuances d'un Vogt au sommet de son art.

    Rachel Willis-Sørensen est une Elsa puissante et affirmée, avec toute l'endurance requise par le rôle sur tous les registres. Rivale de luxe, Anja Kampe signe une Ortrud très expressive avec une liberté de ton et de projection qui font paraître le Telramund de Wolfgang Koch un rien diminué en éclat et en contrastes. René Pape recueille un beau succès public avec un Heinrich der Vogler d'une réelle beauté plastique tandis que Kostas Smoriginas campe un Héraut de belle stature.

    Prudente et parfois précautionneuse, la direction de Sebastian Weigle n'évite pas quelques décalages et des chutes de tension quand les ensembles et la fosse exigent une mise en place rigoureuse. L'auditeur parvient toutefois à bon port, au terme d'une lecture qui rend justice à l'ouvrage en y insufflant l'énergie nécessaire.




    Nationaltheater, MĂĽnchen
    Le 27/07/2025
    David VERDIER

    Reprise de Lohengrin de Wagner dans la mise en scène de Kornél Mundruczó, sous la direction de Sebastian Weigle au Festival de Munich 2025.
    Richard Wagner (1813-1883)
    Lohengrin, opéra romantique en trois actes (1850)
    Livret du compositeur

    Bayerischer Staatsopernchor
    Bayerisches Staatsorchester
    direction : Sebastian Weigle
    mise en scène : Kornél Mundruczó
    décors : Monika Pormale
    costumes : Anna Axer Fijalkowska
    éclairages : Felice Ross
    préparation des chœurs : Tilman Michael

    Avec :
    René Pape (Heinrich der Vogler), Piotr Beczała (Lohengrin), Rachel Willis-Sørensen (Elsa von Brabant), Wolfgang Koch (Friedrich von Telramund), Anja Kampe (Ortrud), Kostas Smoriginas (Heerufer des Königs), Granit Musliu, Samuel Stopford, Yosif Slavov, Bruno Khouri (Vier brabantische Edle), Solistes du Tölzer Knabenchor (Vier Edelknaben), Levi Schudel (Herzog Gottfried).

     


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