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CRITIQUES DE CONCERTS |
25 aoűt 2025 |
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Reprise du spectacle Hotel Metamorphosis du Festival de Pentecôte dans la mise en scène de Barrie Kosky et sous la direction de Gianluca Capuano au Festival d'été de Salzbourg 2025.
Salzbourg 2025 (2) :
Pastiche au goût du jour
Succès absolu, le pasticcio imaginé par Barrie Kosky et Gianluca Capuano pour réunir les tubes de Vivaldi en un opéra imaginaire ne manque ni d’humour ni d’émotion, malgré certains excès et un goût visuel discutable. Un exercice pourtant contestable, pensé pour le goût de 2025, défendu par un cast de stars montantes et déclinantes au sommet de l’engagement.
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Salzbourg 2025 (3) :
Essai transformé
Salzbourg 2025 (2) :
Pastiche au goût du jour
Salzbourg 2025 (1) :
Trois sœurs réinventées
[ Tous les concerts ]
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Vivaldi manquerait selon Barrie Kosky de génie dramatique, et ses opéras in extenso ne seraient plus digestes pour le spectateur de 2025, qui voudrait le beurre (les beaux airs de Vivaldi), l’argent du beurre (une dramaturgie moderne) et le sourire de la laitière (n’avoir aucun effort à faire).
Point de vue complaisant et parfaitement anachronique. Si les opéras de Vivaldi ne suivent pas le goût actuel, c’est qu’alors l’opéra est un moment social à des lieues de notre représentation moderne. Salle allumée, repas, conversations, jeux de cartes, badinerie dans les loges… Qui plus est à Venise, capitale de l’opéra spectaculaire, des machines… Quelle utilité aurait eue le « génie dramatique » ?
Alors bien sûr, dans cet hôtel de la métamorphose (au singulier), Ovide est prodigieux, Rilke incomparable, et faire une œuvre d’art total avec tout ça accouche d’un spectacle réussi, bien construit, bien mené, bien interprété. Et tant pis s’il faut tordre les partitions, hybrider les introductions, convoquer d’autres compositeurs.
Reste une limite de taille : le lien ténu (parfois même contradictoire) entre les airs choisis et la situation du texte d’Ovide (vivifiant choix de Myrrha, inimaginable sur une scène baroque) souligne les grosses coutures des livrets : toutes les plaintes deviennent interchangeables, tous les airs joyeux parlent de la même joie, d’une manière vague et indistincte. On repassera pour une rhétorique millimétrée.
L’italien déçoit de la part d’une équipe prometteuse, d’où l’impression d’un concert de voix avec incidemment des paroles (le cas échéant en latin, quelle importance ?) où l’expression n’est que sonore (prima la musica), et le théâtre tout entier confié à Ovide (dont le festival, autre paradoxe, n’a pas jugé bon de donner le texte accessible depuis un QR code dans le programme qui ne comporte que les paroles chantées).
Dernière absente de taille : Venise. Malgré ses démonstrations de passion et de démesure (cymbales apocalyptiques, musique spectrale), Gianluca Capuano nous semble négliger l’élément vénitien : ni mystère, ni moiteur, ni jeux d’apparences, ni morbidité frivole, ni splendeur fuyante, tout se passe dans cette chambre d’hôtel voulue impersonnelle par la mise en scène, rendue à la modernité mondialisée par un orchestre tapageur, des chœurs (mordants) et un ballet (talentueux) toujours sur le fil de l’hystérie, cris et grimaces à l’appui.
Peut-être seul élément vénitien, Bartoli sublime dans son lent déclin, vocalises plus compliquées que naguère, au legato englouti, voyelles esquivées selon les besoins techniques, distille encore des trésors d’expression ouvragée. Lea Desandre, aux moyens délicieux, mezzo (vraiment ?) tout de légèreté et facilité, Jaroussky qui n’aura bientôt plus que les défauts de ses qualités, aigu châtré désormais précaire, italien de collégien, petit côté variété, le disputent à l’alto trapu et extérieur de Nadezha Karyazina, tous ici ou là à la traîne de la fosse.
D’un engagement sans faille, ils entourent l’émouvant Orphée d’Angela Winkler, dont la tête tranchée par les Ménades dira un dernier extrait du Livre des heures de Rilke à couper le souffle, et qui, dans la dramaturgie moderne promise, aurait sans doute fait la meilleure fin possible.
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