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CRITIQUES DE CONCERTS |
27 aoűt 2025 |
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Concert de l’orchestre Utopia sous la direction de Teodor Currentzis, avec le concours du pianiste Alexander Melnikov et de la soprano Regula Mühlemann au Festival de Salzbourg 2025.
Salzbourg 2025 (5) :
La fin des utopies ?
En comparaison de l’évidence de l’Adieu du Chant de la terre de Salonen avec les Wiener, la Symphonie n° 4 de Mahler par Teodor Currentzis et son orchestre Utopia sonne épaisse, emphatique, interventionniste. Un sentiment à peine dissipé par le Lied final chanté par la radieuse Regula Mühlemann, après un Concerto pour piano n° 2 de Chostakovitch plus ludique.
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La fin des utopies ?
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Peut-être n’aurait-on pas dû aller réentendre le miraculeux Adieu du Chant de la terre du Philharmonique de Vienne, intact à la Felsenreitschule pour la dernière du diptyque Schoenberg-Mahler de Peter Sellars qui enchaînait immédiatement avec ce concert au Großes Festspielhaus ?
Car la comparaison est cruelle entre le geste évident de Salonen et l’interventionnisme forcené de Currentzis. Pourtant, en 2017, l’art de la déconstruction sonore du chef greco-russe avait donné de grandes choses dans la Symphonie n° 1 avec son autre orchestre, musicAeterna, qui ne pouvait laisser présager une Symphonie n° 4 aussi erratique.
Le trublion du podium, à force de vouloir tout contrôler, de subdiviser chaque phrase, chaque motif, finit par étouffer la délicate Quatrième, dont le développement du premier mouvement suffoque, dans une atmosphère sonore à la Prokofiev, les doublures surlignées finissant par donner l’impression que l’œuvre est orchestrée avec la truelle, le tempo s’engluant régulièrement sous la foultitude de détails et les nuances millimétrées que le chef fait émerger de son nouveau bébé, l’orchestre Utopia.
La partition la plus classique de Mahler, qui ne recourt même pas aux trombones, devient une espèce de pensum maniaco-dépressif au rubato insensé, cherchant à instiller du malaise et des grincements à la moindre occasion, au détriment du flux, de l’avancée, de courbes transformées ici en virages abrupts avec de lourds pneus neige sur une route estivale. Les musiciens ont beau jouer debout pour gagner de la liberté, la partition piétine d’un bout à l’autre.
Il est jusqu’au Lied final de donner l’impression d’entendre Das irdische Leben (La vie terrestre, et cet enfant mourant de faim à trop avoir attendu le pain promis) plutôt que Das himmlische Leben, peinture du monde céleste pleine de tendresse et d’humour. Quel dommage quand on dispose de la présence lumineuse de Regula Mühlemann, qui dose parfaitement la voix de poitrine et fait rayonner les cieux, avant que le chef ne lui confie Morgen de Richard Strauss en bis incongru !
La soirée avait pourtant bien commencé avec le Concerto pour piano n° 2 de Chostakovitch, où l’énergie de Currentzis, d’abord face à un clavier refusant tout staccato au profit d’un louré obstiné, avec des aigus manquant de brillant, faisait feu de tout bois non sans délivrer des nuances infinitésimales dans le petit hommage du compositeur à Rachmaninov de l’Andante central, d’une magnifique intériorité, piano comme cordes en sourdine aux frontières du silence. Un climat qu’on retrouvait dans le bis, un Poème op. 32 n° 1 de Scriabine qu’Alexander Melnikov ourlait à l’envi.
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GroĂźes Festspielhaus, Salzburg Le 18/08/2025 Yannick MILLON |
 | Concert de l’orchestre Utopia sous la direction de Teodor Currentzis, avec le concours du pianiste Alexander Melnikov et de la soprano Regula Mühlemann au Festival de Salzbourg 2025. | Dmitri Chostakovitch (1906-1975)
Concerto pour piano et orchestre n° 2 en fa majeur op. 102 (1957)
Alexander Melnikov, piano
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 4 en sol majeur (1901)
Regula MĂĽhlemann, soprano
Utopia
direction : Teodor Currentzis |  |
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