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CRITIQUES DE CONCERTS |
02 septembre 2025 |
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Neuvième Symphonie de Mahler par l’Orchestre Philharmonique de Berlin sous la direction de Kirill Petrenko en clôture du Festival de Salzbourg 2025.
Salzbourg 2025 (9) :
La quadrature du cercle
Clôture de Salzbourg 2025 en apothéose avec une Neuvième Symphonie de Mahler portée sur les cimes par la direction à la fois très analytique et physiquement hyperengagée de Kirill Petrenko, qui triomphe tant sur la forme que sur le fond de toutes les chausse-trappes de la plus complexe des œuvres de Mahler, avec des Berliner Philharmoniker transcendants.
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Il y a trois jours, on s’inquiétait de l’avenir de la direction brucknérienne devant la raréfaction des chefs sachant vraiment manœuvrer les grandes nefs musicales du compositeur de Saint-Florian. À l’issue de ce concert de clôture, notre inquiétude sera bien moindre concernant Mahler, tant Kirill Petrenko maîtrise de la première à la dernière note la Symphonie n° 9.
Devant une audience renforcée par plusieurs rangs de fauteuils surnuméraires de chaque côté de la scène du Großes Festspielhaus, le Philharmonique de Berin fait comme chaque année son entrée à Salzbourg à la toute fin du mois d’août. Et si on a pu déplorer, certains étés, une forme de lenteur au démarrage de la plus luxueuse formation de la voisine Allemagne à peine sortie de sa période de vacances, il n’en est rien ce dimanche soir.
Une heure vingt durant, Petrenko va triompher de toutes les difficultés de l’œuvre en en accentuant les contrastes, en jouant tout à la fois la carte d’une analyse rigoureuse et patiente – le tempo très dilaté de l’entrée en matière et de la coda du premier mouvement, contrasté par de fulgurantes ruptures toujours en lien avec les indications de Mahler sur la passion (Leidenschaftlich) – et d’une liberté expressive quasi improvisée, poussant l’orchestre dans ses retranchements.
Pendant toute l’exécution, on repense à la compilation par Henry Louis de La Grange des systématiques remarques de la presse sur Mahler chef d’orchestre : contrastes marqués dans les tempi comme dans les nuances, exaltation quasi dévorante au pupitre, à l’opéra comme au concert. Petrenko suit le même sillon, avec une hauteur de vue exceptionnelle.
Dans le Ländler, jamais l’intérêt ne retombe dans le Tempo III, que tant de chefs engluent, tandis qu’on n’avait plus entendu pareille valse échevelée dans l’ultime occurrence du Tempo II depuis Abbado. Mais le chef russe pousse le curseur plus loin encore dans un Rondo-Burleske au tempo panique, sur des charbons ardents, la partie centrale tout aussi bouillonnante que le contrepoint diabolique alentour.
Les Berliner font leur cette conception fulgurante, aux cordes spectaculaires de fusion, de densité et d’accroche dans le jeu à plein archet des séquences les plus étreignantes de l’Adagio final, avec une mention spéciale pour les seconds violons, très sollicités par la partition entière, et en rien moins impériaux que les premiers.
Si l’on peut pinailler, à tel niveau, sur la finition des soli instrumentaux, plus individuels et soignés dans ce répertoire chez les Wiener Philharmoniker ou le Concertgebouw d’Amsterdam – la flûte d’Emmanuel Pahud, le hautbois d’Albrecht Mayer sont ce soir en-deçà de leur légende –, rarement a-t-on entendu un collectif aussi transcendant.
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GroĂźes Festspielhaus, Salzburg Le 31/08/2025 Yannick MILLON |
 | Neuvième Symphonie de Mahler par l’Orchestre Philharmonique de Berlin sous la direction de Kirill Petrenko en clôture du Festival de Salzbourg 2025. | Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 9 en ré majeur
Berliner Philharmoniker
direction : Kirill Petrenko |  |
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