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CRITIQUES DE CONCERTS |
19 septembre 2025 |
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Placées sous la houlette du pianiste basque Andoni Aguirre, les Semaines Musicales de Quimper mettent en valeur des musiques de tous les horizons. Cheville ouvrière de l’hommage 2025 à la musique de Cuba, breton dans l’âme, figure appréciée pour ses émissions sur France Musique (Les Traverses du temps et Carrefour des Amériques), Marcel Quillévéré proposait d’abord une immersion dans cette île des Caraïbes qui lui tient particulièrement à cœur et dont il déplore la déliquescence rampante.
Ses conférences (il a écrit une synthèse en 2022, Une histoire de l’île par sa musique et sa littérature, chez Albin Michel), comme ses présentations empathiques des concerts, offrent un regard passionné et nostalgique augmenté d’une impressionnante connaissance musicologique engrangée au fil de ses voyages, de ses rencontres toujours marquées par le souci de l’humain.
La venue du pianiste et compositeur Gabriel Urgell Reyes (né en 1977) avait ensuite valeur d’événement. Installé en France, on lui doit deux superbes CD autour de Ginastera, Fariñas et Mompou (chez Artalinna). Formé à Cuba mais aussi au CNSMD de Paris auprès d’Hervé Billaut, ce virtuose toujours en quête d’aventure envoûte littéralement sous la tente éphémère installée dans les Jardins de l’Archevêché qui jouxte la cathédrale gothique flamboyante de Quimper.
Son récital de haute tenue débute par les Valses nobles et sentimentales de Ravel, clin d’œil à la musique française et à l’esprit de la danse revivifié par un compositeur caméléon. Après les répétitives et rythmées Techno Etudes 2 et 3 composées en 2000 par la Japonaise Karen Tanaka (qui enseigne actuellement à l’Université de Santa Barbara), la pièce Alta Gracia de Carlos Fariñas (1934-2002), fantaisie en hommage à l’Argentine, constitue un véritable feu d’artifice ; puis les cinq brefs Préludes nominaux de la plume du pianiste lui-même se présentent tels des haïkus contrastés en l’honneur de Ginastera, Debussy, Chopin, Dowland ou Fariñas.
La seconde partie est entièrement consacrĂ©e Ă Ernesto Lecuona (1895-1963), le plus cĂ©lèbre compositeur et pianiste cubain. Cet Ă©lève Ă La Havane de JoaquĂn Nin et enfant prodige est l’auteur d’une Ĺ“uvre majeure autant pour son instrument que pour la scène. Les extraits des Danses pour piano de 1911, apprĂ©ciĂ©es en son temps par Ravel, rĂ©clament non seulement une technique sans faille, mais aussi le sens aigu de l’esprit d’une musique lumineuse vĂ©cue de l’intĂ©rieur.
Le soliste raconte ici une histoire, sachant mêler lyrisme expressif, jeu de timbres et suractivité rythmique. Pour répondre à la demande du public, Reyes termine par De l’aire d’un lloc llunyà , un bis au titre catalan dédié à son père. Une manière intime de prendre congé dans la tendresse et sur la pointe des pieds.
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Ephémère, Quimper Le 15/08/2025 Michel LE NAOUR |
 | Récital du pianiste Gabriel Urgell Reyes dans le cadre des Semaines Musicales de Quimper 2025. | Maurice Ravel (1875-1937)
Valses nobles et sentimentales
Karen Tanaka (*1961)
Techno Etude 2
Techno Etude 3
Carlos Fariñas (1934-2002)
Alta Gracia
Gabriel Urgell Reyes (*1977)
Préludes nominaux
Ernesto Lecuona (1895-1963)
Danses pour piano (extraits)
Gabriel Urgell Reyes, piano |  |
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