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CRITIQUES DE CONCERTS |
09 septembre 2025 |
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Concert de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig sous la direction d’Andris Nelsons avec le concours de la violoniste Isabelle Faust à la Philharmonie de Paris.
Prem’s 2025 (1) :
On se lève tous pour les Prem’s
Plein succès pour le concert d’ouverture des Prems de la Philharmonie de Paris. Le public attiré par le dispositif des places « debout » se montre particulièrement réceptif, tant face à l’art éclairé d’Isabelle Faust dans le concerto de Dvořák que devant la puissance du Sibelius donné par l’Orchestre du Gewandhaus dirigé par Andris Nelsons.
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Prem’s 2025 (2) :
Idiomatisme dévoyé
Prem’s 2025 (1) :
On se lève tous pour les Prem’s
Salzbourg 2025 (9) :
La quadrature du cercle
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La fin de l’été voit les grands orchestres voyager jusqu’à Paris où la Philharmonie profite de leur visite pour lancer sa saison. Or en ce tout début septembre, faire le plein était depuis longtemps une gageure malgré des affiches plus qu’alléchantes. Avec l’instauration des Prem’s, la Philharmonie a trouvé la bonne solution. En lieu et place des fauteuils du parterre des rangs A à P, une fosse qui accueille ce soir quelque 700 personnes, sur le modèle avoué des Proms du Royal Albert Hall. La proposition a fait appel d’air, la salle affichant complet. Le tarif de 15 euros demandé pour ces places debout renouvelle le public, déjà le plus jeune d’Europe pour la musique classique.
Ouvrant le bal, l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig commence par le rituel funèbre du Cantus in memoriam Benjamin Britten d’Arvo Pärt. Passé le premier appel de trois notes donné par la cloche, les cordes produisent un pianississimo enchanteur tant au niveau de la douceur de l’ensemble que de la richesse de timbres. L’effet ne dure pas longtemps. Andris Nelsons construit un crescendo un peu trop ostensible, et surtout, l’effectif de 60 musiciens n’aide pas à apprécier les divisions de l’écriture couvertes par la générosité de la pâte instrumentale. Pour la pièce suivante, le Concerto pour violon de Dvořák, le chef letton fait heureusement montre d’une plus grande économie de moyens.
Isabelle Faust occupe sans conteste le devant de la scène, déployant une sonorité lumineuse, ne sacrifiant pas la ligne mélodique à la virtuosité. L’orchestre reste en retrait mais les vents, magnifiques, dialoguent avec la soliste dans un mouvement lent particulièrement inspiré. Pour le Finale, Faust trouve le feu mais le folklore paraît bien absent de ce furiant tant Nelsons se contente d’une rythmique impavide et de couleurs sourdes. En bis, la violoniste offre un moment d’une belle intériorité avec la transcription d’un rare Adagio pour viole de gambe d’Abel.
Après l’entracte, la Symphonie n° 2 de Sibelius met en vedette les qualités instrumentales du Gewandhaus, notamment une plastique impressionnante des cordes et la puissance des cuivres. Nelsons, qui avait déjà dirigé cette partition en 2012 à Paris avec Birmingham, dispose ce soir d’un ensemble plus endurant pour suivre une conception toujours plus sombre. Il construit un paysage entre chien et loup à coups de gestes ramassés, comme un peintre avec son couteau.
Les masses s’entrechoquent parfois car le chef laisse les vents se débrouiller seuls, sans les remettre dans le droit chemin rythmique. Les deux derniers mouvements enchaînés sont l’occasion de construire une série de crescendi modelés dans une ambiance plus crépusculaire que triomphante. Une approche personnelle, qui n’évite pas de curieuses baisses de tensions entre ses traits les plus saillants.
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Philharmonie, Paris Le 02/09/2025 Thomas DESCHAMPS |
 | Concert de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig sous la direction d’Andris Nelsons avec le concours de la violoniste Isabelle Faust à la Philharmonie de Paris. | Arvo Pärt (*1935)
Cantus in memoriam Benjamin Britten (1977)
AntonĂn Dvořák (1841-1904)
Concerto pour violon en la mineur, op. 53 (1882)
Isabelle Faust, violon
Jean Sibelius (1865-1957)
Symphonie n° 2 en ré majeur, op. 43 (1902)
Gewandhausorchester Leipzig
direction : Andris Nelsons |  |
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