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CRITIQUES DE CONCERTS 03 octobre 2025

Nouvelle production de Tannhäuser de Wagner dans une mise en scène de Michael Thalheimer et sous la direction de Mark Elder au Grand Théâtre de Genève.

La roue du désir
© Carole Parodi

Scéniquement pesant et sans grand relief, ce nouveau Tannhäuser genevois au format écrasant, qui succède à la production sulfureuse d’Olivier Py en 2005, tient au moins musicalement toutes ses promesses, à commencer par Daniel Johansson dans le rôle-titre et Stéphane Degout en Wolfram, bien soutenus par la direction efficace de Mark Elder.
 

Grand Théâtre, Genève
Le 21/09/2025
David VERDIER
 



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  • Le Grand Théâtre ouvre sa saison avec un ambitieux Tannhäuser signĂ© Michael Thalheimer, qui fait son retour in loco après Parsifal (2023) et Tristan (2024). On retrouve ici une esthĂ©tique bien rĂ´dĂ©e et sans grande originalitĂ© avec, Ă  sa dĂ©charge, la contrainte majeure d'avoir repris une production pensĂ©e et montĂ©e par Tatjana GĂĽrbaca abandonna le projet pour raison de santĂ©. Avantage pratique non nĂ©gligeable en revanche, la prĂ©sence dans l'Ă©quipe technique de Henrik Ahr et Stefan Bolliger, dĂ©jĂ  Ă  l’œuvre dans ses deux prĂ©cĂ©dents Wagner.

    Les hauts décors métalliques imposent un format écrasant à ce Vénusberg entre habitacle de navette spatiale façon 2001 et roue d'exercice géante pour rat d'intérieur. Le rôle-titre y apparaît comme la victime sacrificielle d'un univers gris et vidé de sensualité, le visage enduit de la même cendre expiatoire qui couvrira les pèlerins de retour de Rome. Vénus est symbolisée par ce sang écarlate qu'elle répand sur lui en tentant vainement de le retenir – ce même sang que Tannhäuser se versera sur la tête en signe d'humiliation et de soumission à l'issue du concours de chant.

    Bref, une grammaire sémantique déjà éprouvée dans des lectures plus inspirées, comme celle de Calixto Bieito à l'Opéra des Flandres (2015). La lisibilité joue sur des images efficaces comme celle des compagnons du Landgrave, déguisés en gibiers en guise d'habile substitution entre proies et chasseurs, ou bien cette pierre blanche dont la taille modeste contraste avec l'immense roue métallique. Symbolisant la fixité de la Wartburg, elle illustre à la fois ce caillou qui entrave la mobilité du désir et la pierre de jugement sur laquelle montent les postulants chanteurs.

    La qualité du plateau vocal rattrape la pesanteur des options scéniques, à commencer par un rôle-titre tenu par un Daniel Johansson plus investi que son Parsifal d’il y a deux ans. Quelques tensions dans l’aigu limitent la portée et l'expressivité, alors que la ligne et la projection demeurent d'un bout à l'autre remarquables. Jennifer Davis est une Elisabeth de premier ordre, avec une clarté de timbre alliée à une caractérisation très pure et des nuances soignées (Allmächtge Jungfrau).

    La Vénus de Victoria Karkacheva offre une noblesse de ton et d'engagement qui tranchent avec les efforts qu'elle met à incarner une sensualité bien limitée par le jeu qu'on lui impose. C'est certainement le Wolfram de Stéphane Degout qui tire le plus brillamment son épingle du jeu, grâce à l'assise et à la beauté de son instrument, magnifié par une intelligence du phrasé qui fait merveille dans ce rôle si difficile. Notons enfin le Landgrave superlatif de Franz-Josef Selig et le Pâtre soigné de Charlotte Bozzi.

    Le Chœur du Grand Théâtre et l'Orchestre de la Suisse Romande sont placés sous la direction du vétéran Mark Elder, qui impose une lecture efficace, sans aller puiser nécessairement dans une précision des détails et des contrastes. Des décalages inévitables se font jour dans le Finale du II, avec la difficulté des entrées multiples combinées à l'aspect massif de l'orchestration, quand d'autres scènes bénéficient d'une dimension expressive remarquable.




    Grand Théâtre, Genève
    Le 21/09/2025
    David VERDIER

    Nouvelle production de Tannhäuser de Wagner dans une mise en scène de Michael Thalheimer et sous la direction de Mark Elder au Grand Théâtre de Genève.
    Richard Wagner (1813-1883)
    Tannhäuser oder der Sängerkrieg auf Wartburg, opéra romantique en trois actes (1845)
    Livret du compositeur
    Version de Vienne (1875)

    Chœur du Grand Théâtre de Genève
    Orchestre de la Suisse Romande
    direction : Mark Elder
    mise en scène : Michael Thalheimer
    décors : Scénographie : Henrik Ahr
    costumes : Barbara Drosihn
    éclairages : Stefan Bolliger
    préparation des chœurs : Mark Biggins

    Avec :
    Daniel Johansson (Tannhäuser), Victoria Karkacheva (Vénus), Jennifer Davis (Elisabeth), Franz-Josef Selig (Landgraf Hermann), Stéphane Degout (Wolfram von Eschenbach), Julien Henric (Walther von der Vogelveide), Mark Kurmanbayev (Biterolf), Jason Bridges (Heinrich der Schreiber), Raphaël Hardmeyer (Reinmar von Zweter), Charlotte Bozzi (Jeune Pâtre), Lorraine Butty, Louna Simon, Roxane Macaudière, Anna Manzoni (Edelknaben).

     


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