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CRITIQUES DE CONCERTS 07 décembre 2025

Concert de l’Ensemble intercontemporain sous la direction de Pierre Bleuse à la Cité de la musique, Paris.

Poétique urbaine
© Thomas Deschamps

Magnifique programme pour le concert de rentrée de l’Ensemble intercontemporain sur le thème de la ville vue de de manière subtilement décalée par Tristan Murail, ou d’une façon beaucoup plus directe par Steve Reich en passant par les constructions d’Unsuk Chin. Dans chacune de ces pièces, les musiciens font corps avec leur directeur musical, Pierre Bleuse.
 

Cité de la Musique, Paris
Le 19/09/2025
Thomas DESCHAMPS
 



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  • Ă€ son arrivĂ©e Ă  la tĂŞte de l’Ensemble intercontemporain, Pierre Bleuse avait annoncĂ© entre autres une politique de reprises et d’entretien du rĂ©pertoire de la formation. Le concert de ce soir en est un bel exemple, au point qu’il reprend le thème et deux des trois Ĺ“uvres d’un concert donnĂ© en 2006 sous la direction de Jonathan Nott.

    Répondant à une commande de l’EIC, Tristan Murail inscrivit sans détour ses Légendes urbaines comme suivant le modèle des Tableaux d’une exposition de Moussorgski. Comme la ville dont il s’agit est New York, la promenade récurrente dans la pièce se fait au moyen du métro que le compositeur figure par un vacarme métallique assourdi dont la direction de Pierre Bleuse souligne la lancinance.

    Les vignettes sonores se succèdent en évitant les monuments emblématiques pour privilégier des ambiances dans Central Park (avec un hommage appuyé à Charles Ives) ou depuis le pont George Washington surplombant l’Hudson gelé : la nature n’est jamais loin et Murail emprunte à Messiaen une grive à dos olive. Les musiciens rendent parfaitement justice à la finesse de cette poétique entre chien et loup.

    À la place du Concerto pour clarinette de Carter joué en 2006, Bleuse a choisi de présenter une œuvre d’Unsuk Chin plus explicitement reliée à la mégalopole : Graffiti. Cette pièce créée en 2013 à Los Angeles fait référence au street art tout en évoquant aussi plus largement la ville. Bleuse et ses musiciens détaillent magnifiquement le début du premier mouvement, Palimpsest ; une superposition de couches sonores qui forment une introduction fascinante comme la compositrice coréenne sait les faire.

    La multiplication des procédés qui s’en suit, parfaitement réalisée, captive un peu moins, tout comme le deuxième mouvement (Notturno urbano), à la rumeur cyclique très apaisante. La troisième et dernière section, Passacaglia, débute de nouveau de manière très intrigante par la construction du discours sur un ostinato mais une fois le processus lancé dans une folle virtuosité, le procédé tourne un peu à vide.

    Enfin, après l’entracte, retour à une pièce iconique de Steve Reich, City Life (1995), commande conjointe de l’EIC, l’Ensemble Modern et le London Sinfonietta. Bleuse en maîtrise le flux et réalise avec soin ses figures obsédantes suscitées par les bruits de la ville préenregistrés et joués par deux échantillonneurs. La seule réserve porte d’ailleurs sur la différence acoustique flagrante entre ces sources, qui ne ressort pas au disque : City Life reste l’exemple même d’une œuvre extrêmement phonogénique.




    Cité de la Musique, Paris
    Le 19/09/2025
    Thomas DESCHAMPS

    Concert de l’Ensemble intercontemporain sous la direction de Pierre Bleuse à la Cité de la musique, Paris.
    Tristan Murail (*1947)
    Légendes urbaines, pour ensemble (2006)
    Jeanne Maugrenier, cor
    Unsuk Chin (*1961)
    Graffiti, pour orchestre de chambre (2013)
    Steve Reich (*936)
    City Life, pour ensemble (1995)
    Ensemble intercontemporain
    direction : Pierre Bleuse

     


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