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CRITIQUES DE CONCERTS 03 octobre 2025

Concert de l’Orchestre symphonique de Londres sous la direction d’Antonio Pappano, avec le concours de la violoniste Janine Jansen à la Philharmonie de Paris.

Questions de style
© Thomas Deschamps

Pour sa deuxième visite parisienne à la tête du LSO, Antonio Pappano montre une entente musicale retrouvée. La Neuvième de Chostakovitch et la Cinquième de Beethoven prennent des libertés avec le style mais prodiguent bien des beautés sonores. Avec Janine Jansen dans le Concerto pour violon de Britten, le chef atteint une acmé mémorable.
 

Philharmonie, Paris
Le 22/09/2025
Thomas DESCHAMPS
 



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  • AnnoncĂ©e par l’Agence Tass comme dĂ©diĂ©e Ă  la victoire russe sur le nazisme, la Symphonie n° 9 de Chostakovitch prit de court les auditeurs Ă  sa crĂ©ation en 1945. Point de fresque monumentale, mais une « symphonie-scherzo miniature Â» entre ironie et mĂ©lancolie. Cette anti-neuvième suscitera une rĂ©action violente des autoritĂ©s Ă  l’encontre du compositeur, Ă  peine tempĂ©rĂ©e par son immense cĂ©lĂ©britĂ© Ă  l’étranger.

    Antonio Pappano empoigne l’Allegro et trouve immédiatement l’humour qui en émane. Les cordes du LSO s’envolent, les vents se montrent goguenards, la percussion cingle. Le chef obtient des musiciens une animation impressionnante qui ne respecte pas toujours les proportions du modèle classique viennois de cette partition.

    Le Moderato confirme cet engagement manquant de retenue, toutefois l’effet reste d’une sombre beauté. Les trois derniers mouvements qui s’enchaînent reflètent la même emphase menaçant parfois la précision de l’écriture. L’œuvre qui suit au programme nécessite encore plus de rigueur, et l’on s’inquiète un peu d’un tel traitement.

    Britten, dans son Concerto pour violon, propose comme toujours une partition d’une finesse de dĂ©tails qui laisse peu de place Ă  la subjectivitĂ©. Il rĂ©pondit du reste une fois Ă  une musicienne : « ma musique n’a pas besoin d’être interprĂ©tĂ©e, elle a juste besoin d’être jouĂ©e Â». Et de fait, Pappano se montre ici d’une exactitude exemplaire, en phase avec Janine Jansen.

    La violoniste néerlandaise, qui porte depuis longtemps cette partition, semble ce soir possédée par sa partie brûlante, plus lyrique que jamais. La variété de son jeu sonne de manière stupéfiante, prenant des risques tout en haut de l’archet mais les traversant sans encombre, véritable funambule dansant un pas de deux avec le chef, impeccable rythmicien. N’en déplaise à Britten, il existe sans doute une marge de liberté, et le résultat fait songer à un soleil noir. En bis, la violoniste fait redescendre la pression avec une très classique Sarabande de la Partita n° 2 de Bach.

    Le choix de la Cinquième de Beethoven comme dernière pièce du programme ne manque pas d’étonner puisque Britten était peu intéressé par le maître de Bonn et que Chostakovitch a tourné le dos à ce modèle dans sa Neuvième. Cela dit, la lecture de Pappano n’est que peu beethovénienne. Usant d’effectifs importants (sept contrebasses), il ne semble attaché ni au classicisme ni au romantisme, et la construction fait les frais d’une expressivité ravageuse.

    Sous sa baguette, le London Symphony rivalise de couleurs chaudes et d’accents éloquents. L’ensemble ne manque pas d’allure et illustre une entente qui manquait lors de la visite des mêmes la saison passée. La fougue du maestro se canalise davantage mais reste parfois surprenante, toujours au détriment du style. Le public ne lui en tient pas rigueur et fête avec enthousiasme les Londoniens. En bis, la Valse triste de Sibelius, magnifiquement phrasée sans être assoupie, montre que l’équilibre est proche.




    Philharmonie, Paris
    Le 22/09/2025
    Thomas DESCHAMPS

    Concert de l’Orchestre symphonique de Londres sous la direction d’Antonio Pappano, avec le concours de la violoniste Janine Jansen à la Philharmonie de Paris.
    Dmitri Chostakovitch (1906-1975)
    Symphonie n° 9 en mib majeur, op. 70 (1945)
    Benjamin Britten (1913-1976)
    Concerto pour violon et orchestre, op. 15 (1939, rév. 1965)
    Janine Jansen, violon
    Ludwig van Beethoven (1770-1827)
    Symphonie n° 5 en ut mineur, op. 67 (1808)
    London Symphony Orchestra
    direction : Antonio Pappano

     


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