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CRITIQUES DE CONCERTS |
09 octobre 2025 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Daniel Harding avec le concours de la soprano Miina-Liisa Värelä, du ténor James McCorkle et de la basse Stephen Milling à la Philharmonie de Paris.
Contes et légendes sylvestres
Daniel Harding offre un formidable programme où l’excellence de l’Orchestre de Paris fait sensation. Une ouverture pointilliste avec la Khovantchina sonne comme le calme avant la tempête de Tapiola. Enfin, le premier acte de la Walkyrie rend jaloux des Romains qui vont entendre l’opéra en entier dirigé par le chef britannique dans quelques semaines.
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Contes et légendes sylvestres
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Au pied des murailles du Kremlin, le soleil se lève sur le fleuve, la Moskova. L’espérance d’un jour nouveau annoncé par le coq, où la sourde menace des cloches des églises de la cité est contrebalancée par la lumière miroitante de la rivière. Avec ce Prélude de La Khovantchina, Daniel Harding donne le ton à ce concert où la nature se montrera prégnante.
Pour ce lever du jour, il procède par petites touches de couleurs, un peu à la manière du jeune Kandinsky. Les pupitres, admirables de ligne et de tenue, s’opposent puis se fondent le temps d’un lyrisme bref mais étreignant. Le chef britannique fait ensuite sourdre des forces brutes avec le poème symphonique Tapiola de Sibelius.
De gestes impérieux mais sans nervosité, il phrase long et sous sa baguette naît cette forêt où s’exposent puis s’affrontent les forces naturelles. Harding varie les textures et les attaques, fusionne les timbres ou au contraire les fait batailler. Sa vision organique sonne d’une âpre évidence. Les harmoniques vrombissent dans la tempête jusqu’au délitement inouï qui laisse place au retour au silence.
Il faut bien un entracte pour se remettre de cette lecture, surtout quand le programme offre en deuxième partie une autre tempête, celle du premier acte de La Walkyrie. Les musiciens, toujours chauffés à blanc, répondent avec une précision confondante à chaque inflexion de l’orage initial, puis avec l’arrivée des jumeaux, la rugosité laisse place à un lyrisme sylvestre qui ferait fondre le cœur le plus dur.
Les violoncelles sont largement responsables de ce printemps irrésistible, mais il faut aussi citer les clarinettes, tandis que les cuivres se couvrent de gloire. Avec cet orchestre conteur d’exception, on en oublierait presque les chanteurs. Pourtant, ceux-ci apportent bien des satisfactions à l’instar du Hunding de Stephen Milling.
La basse danoise conserve après plus de trente ans de carrière un impact saisissant qui gagne toute la salle Pierre Boulez. Les aigus, légèrement émoussés comme peut l’être la pointe d’un menhir, n’enlèvent rien à une incarnation saisissante et pourtant jamais outrancière. Face à cette menace réelle, le Siegmund chaleureux de James McCorkle parvient à exister à force d’éloquence jusque dans des Wälse impressionnants – et parfaitement mis en scène par le chef.
À leurs côtés, le choix de Miina-Liisa Värelä en Sieglinde surprend. La voix belle au souffle soutenu n’a pas la juvénilité attendue mais une maturité. Du reste dans quelques semaines à Rome avec le même chef, c’est Brünnhilde qu’elle interprétera. Il faut s’accommoder de ce ton maternel dans Du bist der Lenz. Mais la qualité de son allemand allié au feu de son chant emporte tout dans les dernières pages où elle entraine McCorkle dans l’étreinte finale.
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Philharmonie, Paris Le 25/09/2025 Thomas DESCHAMPS |
 | Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Daniel Harding avec le concours de la soprano Miina-Liisa Värelä, du ténor James McCorkle et de la basse Stephen Milling à la Philharmonie de Paris. | Modest Moussorgski (1839-1881)
La Khovantchina (Prélude) (1880)
Orchestration de Chostakovitch (1958)
Jean Sibelius (1865-1957)
Tapiola, op. 112 (1926)
Richard Wagner (1813-1883)
Die WalkĂĽre, acte I (1852)
Miina-Liisa Värelä, soprano
James McCorkle, ténor
Stephen Milling, basse
Orchestre de Paris
direction : Daniel Harding |  |
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