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CRITIQUES DE CONCERTS 15 octobre 2025

Nouvelle production de Boris Godounov de Moussorgski dans une mise en scène de Vasily Barkhatov et sous la direction de Vitali Alekseenok à l’Opéra de Lyon.

Boris présumé coupable
© Jean-Louis Fernandez

Si l’astre de Dmitri Tcherniakov continue de briller face aux coups d’éclats intermittents de Kirill Serebrennikov, Vasily Barkhatov fait désormais figure d’incontournable troisième homme parmi les iconoclastes russes de la mise en scène lyrique. Pour ses débuts en France à l’Opéra de Lyon, il surcharge Boris Godounov de détails (in)signifiants.
 

Opéra national, Lyon
Le 13/10/2025
Mehdi MAHDAVI
 



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  • Fiodor, le fils de Boris Godounov, est autiste. En tirant le fil de ce diagnostic sans fondement historique, Vasily Barkhatov tisse sa toile narrative et dramaturgique autour de la première version de la fresque elliptique de Moussorgski. Si l’(anti)hĂ©ros Ă©ponyme refuse d’abord la couronne, c’est pour rester auprès de sa famille, qui a davantage besoin de lui que ce peuple privĂ© de sens critique par le flux continu d’images et de fake news dĂ©bitĂ©es par ces smartphones sur lesquels chacun a les yeux constamment rivĂ©s.

    À peine intronisé, le nouveau tsar prend la liberté, que Chouïski, redoutable homme de l’ombre, ne comptait pas lui accorder, de s’écarter du discours rédigé pour lui. Dès lors, le pion indocile doit tomber. Et la culpabilité qu’il éprouve à l’égard de son fils, enfermé dans un centre spécialisé, va servir de levier au politicien sans scrupules pour orchestrer une vaste conspiration.

    Non content de faire peser sur Boris le soupçon d’un crime qu’il n’a pas commis, et résoudre ainsi le mystère de la mort du tsarévitch Dimitri, Chouïski emploie tous les moyens en son pouvoir pour le convaincre de sa propre culpabilité. Jusqu’à ce qu’il sombre dans la folie et tombe terrassé. Bien vite remplacé, en un cycle bien huilé, par Grigori, le faux Dimitri, à son tour assez outrecuidant pour froisser le discours qui lui a été remis…

    Les détails abondent dans cette mise en scène, pour certains invisibles à l’œil nu, ou du moins à distance. D’autant que l’attention est constamment sollicitée en divers endroits du plateau, écrasé durant la deuxième partie du spectacle par la cage métallique figurant l’institution où est gardé Fiodor, et dont la réelle utilité se révèle par trop éphémère. En somme, Vasily Barkhatov encombre l’intrigue en l’orientant sur des voies détournées, plus qu’il ne révèle quoi que ce soit de neuf sur la psychologie du rôle-titre.

    Alors même que la version de 1869 – qui s’achève ici, seule entorse, sur la plainte de l’Innocent plutôt que sur la mort de Boris – permet une mise à nu. Celle qu’opère, à la tête d’un orchestre formidable de réactivité, le jeune chef biélorusse Vitali Alekseenok, asséchant jusqu’à l’os une matière sonore justement anguleuse, mais aussi, souvent, trop claire. À l’instar du chœur, dont l’effectif comme la disposition éclatée sur le plateau prive l’auditeur des effets de masse attendus.

    Claires, encore, la plupart des voix solistes – et inégales, car pas toujours en situation, celles des membres du Lyon Opéra Studio. Idéalement adolescent, le contre-ténor Iurii Iushkevich distingue son Fiodor en quelques notes, à l’inverse du Chouïski de Sergey Polyakov, qui ne doit qu’à son omniprésence physique de se faire remarquer. Mihails Čulpajevs prête en revanche assez de fièvre à Grigori pour ne pas passer inaperçu dans ce premier jet où l’usurpateur ne fait que de furtives apparitions.

    Quand David Leigh tonne comme il se doit en Varlaam au risque de plafonner, Maxim Kuzmin-Karavaev coule le récit de Pimène dans un legato limpide, auquel fait défaut un supplément de creux. Dmitry Ulianov, enfin, dont l’émission et l’intonation, vacillante parfois, demeurent au plus près de la parole, incarne un Boris poignant d’humanité.




    Opéra national, Lyon
    Le 13/10/2025
    Mehdi MAHDAVI

    Nouvelle production de Boris Godounov de Moussorgski dans une mise en scène de Vasily Barkhatov et sous la direction de Vitali Alekseenok à l’Opéra de Lyon.
    Modeste Moussorgski (1839-1881)
    Boris Godounov, opéra en quatre parties et sept tableaux (1869)
    Livret du compositeur d’après la pièce de Pouchkine

    Coproduction de l’Opéra de Lyon avec La Monnaie de Bruxelles et le Abu Dhabi Festival.

    Maîtrise, Chœurs et Orchestre de l’Opéra de Lyon
    direction : Vitali Alekseenok
    mise en scène : Vasily Barkhatov
    décors : Zinovy Margolin
    costumes : Olga Shaishmelashvili
    éclairages : Alexander Sivaev
    préparation des chœurs : Benedict Kearns

    Avec :
    Dmitry Ulyanov (Boris Godounov), Iurii Iushkevich (Fiodor), Eva Langeland Gjerde (Xenia), Dora Jana Klarić (la Nourrice), Sergey Polyakov (Prince Chouïski), Alexander de Jong (Andreï Chtchelkalov), Maxim Kuzmin-Karavaev (Pimène), Mihails Čulpajevs (Grigori), David Leigh (Varlaam), Filip Varik (Missaïl/L’Innocent), Jenny Anne Flory (l’Aubergiste), Hugo Santos (Nikititch), Paolo Stupenengo (Mitioucha, un homme du peuple).

     


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