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| CRITIQUES DE CONCERTS |
07 décembre 2025 |
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Turangalîlâ-Symphonie de Messiaen par l’Orchestre national du Capitole de Toulouse sous la direction de Tarmo Peltokoski, avec le concours du pianiste Bertrand Chamayou et de l’ondiste Cécile Lartigau.
Une vision paĂŻenne
Pour ses débuts officiels de directeur musical à l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, le tout jeune chef Tarmo Peltokoski a proposé en concert d’ouverture de la saison la Turangalîlâ-Symphonie. Une démonstration orchestrale au premier degré qui ne réussit pas toujours à pénétrer la dimension mystique de la fresque d’Olivier Messiaen.
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Il fallait une certaine audace pour inscrire la Turangalîlâ-Symphonie (1949) en début de saison de l’orchestre toulousain, mais le Finlandais Tarmo Peltokoski, âgé d’à peine 25 ans, n’a pas froid aux yeux et se montre toujours à l’aise dans les grandes masses symphoniques (celles de Mahler ou Wagner) qui conviennent à sa rigueur et son engagement. Battue souple, œil de lynx, rien n’échappe à sa concentration, et la relation qu’il entretient avec l’orchestre sait être empathique malgré l’autorité dont il fait preuve.
Dans cette partition qui met en œuvre des moyens techniques que Berlioz n’aurait pas dédaignés (400 pages d’une durée de 90 minutes), les cent musiciens de l’Orchestre national du Capitole manifestent un sentiment d’urgence. Chacun d’entre eux met sa vie en jeu en entrant à l’intérieur de cette forêt touffue remplie d’instruments exotiques, de chants d’oiseaux, de gammes, de rythmes provenant de l’Inde ou de l’Amérique, conscient que cette véritable ode à l’amour s’adresse à l’humanité tout entière.
À l’actif de cette interprétation, une transparence qui met en valeur bois, cuivres, cordes et percussions tout le long des dix stations empreintes de lyrisme, de joie, de drame, la vie et la mort se situant loin des contingences terrestres à l’instar de Tristan et Isolde de Wagner. Le piano virtuose à souhait, diamantin et dynamique de Bertrand Chamayou tient sa place de soliste dans les cadences tout en sachant se fondre avec bonheur parmi l’orchestre. Il en va de même de l’étrangeté des ondes Martenot tenues avec sensibilité et poésie par Cécile Lartigau, dont les fulgurances strient l’air ambiant.
Dans cette vision symphonique et jubilatoire où les immenses scherzos dionysiaques virevoltent, les mouvements sereins empreints de contemplation et de mysticisme – malgré un superbe moment de rêve éveillé (Jardin du sommeil d’amour) – paraissent plus impersonnels, le caractère jubilatoire l’emportant sur la tragédie implicite. Toutefois, l’envergure cosmique atteint son paroxysme dans la péroraison véhémente de la coda, qui envahit tout l’espace sonore de la Halle aux Grains, entraînant les acclamations enthousiastes d’un public sous le choc.
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Halle aux Grains, Toulouse Le 27/09/2025 Michel LE NAOUR |
 | | Turangalîlâ-Symphonie de Messiaen par l’Orchestre national du Capitole de Toulouse sous la direction de Tarmo Peltokoski, avec le concours du pianiste Bertrand Chamayou et de l’ondiste Cécile Lartigau. | Olivier Messiaen (1908-1992)
Turangalîlâ-Symphonie (1949)
Bertrand Chamayou, piano
Cécile Lartigau, ondes Martenot
Orchestre national du Capitole
direction : Tarmo Peltokoski |  |
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