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| CRITIQUES DE CONCERTS |
07 décembre 2025 |
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Nouvelle production de Thaïs de Massenet dans une mise en scène de Stefano Poda et sous la direction d’Hervé Niquet au à l’Opéra national Capitole Toulouse.
Une Thaïs d’exception
Cette production toulousaine déjà présentée au Teatro Regio de Turin en 2008 se distingue surtout par une distribution triée sur le volet et la direction dépoussiérée d’Hervé Niquet face à la mise en scène chargée de symboles du plasticien Stefano Poda, qui propose une illustration décorative et esthétique au détriment de la dramaturgie de l’œuvre.
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Peintre des affects, Massenet n’a pas toujours bénéficié de l’engouement que mérite son expérience de l’opéra, son goût stylistique et son inspiration mélodique sans limites. Le temps semble révolu où Daudet, de sinistre mémoire, parlait au sujet de sa musique de « douceur et de sucre jusqu’à l’écœurement ». Cette Thaïs remet les pendules à l’heure tant l’exécution musicale toulousaine emporte l’adhésion.
Véritable maître d’œuvre scénique, Stefano Poda ne s’est pas fourvoyé car il éprouve une véritable passion pour cette partition, mais son parti pris iconographique (des scènes extraverties où les corps nus s’enchevêtrent dans l’Enfer digne de Dante et de Michel-Ange) rompt souvent la progression de l’action narrant la conversion au catholicisme d’une courtisane par un moine ascète en quête d’absolu qui finit par être pris dans les rets de l’amour charnel. En outre, la chorégraphie, dont on ne comprend pas toujours la signification, ne laissera pas un souvenir impérissable.
Dans le rôle-titre, Rachel Willis-Sørensen touche à la perfection, faisant fi des chausse-trappes semées par le compositeur avec une puissance de projection qui fait frémir au risque de perdre de vue quelquefois la fragilité implicite. On admirera en revanche sa présence sculpturale et sa facilité à endosser les lourdes responsabilités vocales avec une diction digne de tous les éloges.
Il est vrai qu’elle trouve dans le personnage du moine Athanaël, superbement incarné par Tassis Christoyannis, un alter ego maître de ses sentiments avant de se perdre dans une passion sans réciprocité. Sa prestance et sa dignité, comme la qualité d’un chant toujours égal, donnent à sa prestation une forme d’aristocratie supérieure. Le Nicias de Jean-François Borras est de la même eau ; dans ce personnage païen adepte des plaisirs terrestres, il fait montre d’une élégance toujours au service du style.
Dans la fosse, Hervé Niquet, fin connaisseur de la musique française qu’il a souvent défendue, a choisi de revenir aux sources sans être influencé par d’autres versions. Pour lui, texte et musique ne font qu’un, et il apporte une particulière attention à la prononciation des interprètes. Engagé comme les musiciens de l’Orchestre national du Capitole, il évite tout statisme avec un sens de la progression du drame et une expression prenante qui est aussi celle du violon solo Chiu-Jan Ying dans l’inoxydable Méditation à l’acte II.
Notons enfin la présence, dans la salle qui fait un triomphe à cette représentation, d’une légende du chant français, le baryton Robert Massard, centenaire depuis le mois d’août.
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Théâtre du Capitole, Toulouse Le 28/09/2025 Michel LE NAOUR |
 | | Nouvelle production de Thaïs de Massenet dans une mise en scène de Stefano Poda et sous la direction d’Hervé Niquet au à l’Opéra national Capitole Toulouse. | Jules Massenet (1842-1912)
Thaïs, opéra en trois actes (1894)
Livret de Louis Gallet d’après le roman éponyme d’Anatole France
Chœur de l’Opéra national du Capitole
Orchestre national du Capitole
direction : Hervé Niquet
mise en scène, décors, costumes, lumières & chorégraphie : Stefano Poda
préparation des chœurs : Gabriel Bourgoin
Avec :
Rachel Willis-Sorensen (Thaïs), Tassis Christoyannis (Athanaël), Jean-François Borras (Nicias), Frédéric Caton (Palémon), Thaïs Raï-Westphal (Crobyle), Floriane Hasler (Myrtale), Marie-Eve Munger (La Charmeuse), Svetlana Lifar (Albine), Hazar Mürsitpinar (Un serviteur), Hun Kim (Un cénobite), Alfredo Poesina (un homme du peuple). |  |
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