altamusica
 
       aide
















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




CRITIQUES DE CONCERTS 24 octobre 2025

Récital du pianiste Igor Levit au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.

Vers l’abîme
© Thomas Deschamps

Le pianiste Igor Levit offre un récital d’œuvres romantiques qu’il aborde avec sa radicalité désormais coutumière. Avec lui, Schubert se montre introverti avant de succomber à la catastrophe, Schumann obsessionnel jusque dans le dénuement. Quant à Chopin, sa Troisième Sonate voit le chant n’être plus qu’un souvenir quand le Finale succombe à la violence.
 

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 09/10/2025
Thomas DESCHAMPS
 



Les 3 dernières critiques de concert

  • Boris prĂ©sumĂ© coupable

  • Vers l’abĂ®me

  • 1685, annĂ©e europĂ©enne

    [ Tous les concerts ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)




  • Igor Levit commence par la fin. Non pas qu’il inverse le programme annoncĂ©, mais le pianiste ouvre son rĂ©cital par une partition qu’on a l’habitude d’entendre en conclusion. Et la manière dont il aborde le Molto moderato de la Sonate en sib majeur de Schubert renforce ce sentiment. SonoritĂ© mate, son peu projetĂ©, tempo d’une grande lenteur, absence de rubato : tout concourt Ă  donner l’impression d’un anĂ©antissement Ă  venir.

    Ce ton intime force l’oreille à la vigilance, le pianiste germano-russe ne rompant cette monotonie que par quelques à-coups fracassants. L’Andante sostenuto prolonge cette rectitude méditative en un objet d’abstraction sonore. Le Scherzo tranche par son animation, en séquences très organisées, nullement viennoises. Le dernier mouvement prend la forme d’un rondo aux proportions exacerbées. Les accords de la dernière section sont frappés comme des clusters. Un fracas détonnant qui fait beaucoup parler pendant l’entracte.

    En début de seconde partie de soirée, Levit présente les rares Nachtstücke de Schumann. De ces pièces, il semble reprendre les indications du compositeur plus au sérieux que nombre de ses collègues. Ainsi la radicalité de son jeu rend toute sa monotonie à la première pièce. Pour la dernière, il n’oublie pas la mention ad libitum qui évoque un papillon figé à jamais par l’épingle. Entretemps, il n’a rien cédé dans la deuxième, notamment dans les passages où l’écriture sonne très verticale. La troisième seule le voit céder aux excès, avec un emballement où les accords soudainement tonitruants écrasent le son du piano.

    Le premier mouvement de la Sonate en si mineur de Chopin donne un temps l’impression que le pianiste sort d’une ambivalence entre intransigeance textuelle et rares sorties de route. Un léger rubato, le premier depuis le début du récital permet à Levit de modeler des phrasés et même de faire chanter les lignes, un bonheur dans cette musique.

    Las, le musicien voit le Scherzo comme une pièce en noir et blanc où il pratique la virtuosité à coups de croches violentées. Le Largo voit le retour de la plus grande rigueur dans une approche constructiviste presque impavide. On s’en doute, la chevauchée finale se révèle nullement romantique mais implacable jusque dans la violence qui ne s’accorde aucun éclat. En bis, un minéral Nocturne en ut# mineur opus posthume fascine plus qu’il ne séduit.




    Théâtre des Champs-Élysées, Paris
    Le 09/10/2025
    Thomas DESCHAMPS

    Récital du pianiste Igor Levit au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
    Franz Schubert (1797-1828)
    Sonate pour piano n° 21 en sib majeur, D. 960 (1828)
    Robert Schumann (1810-1856)
    NachtstĂĽcke, op. 23 (1839)
    Frédéric Chopin (1810-1849)
    Sonate pour piano n° 3 en si mineur, op. 58 (1844)
    Igor Levit, piano

     


      A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com