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| CRITIQUES DE CONCERTS |
26 octobre 2025 |
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Concert de l’Orchestre national de Lille sous la direction de Joshua Weilerstein avec le concours du pianiste Nikolaï Lugansky et du récitant Charles Berling au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Lille en lumière
La visite parisienne de l’Orchestre de Lille confirme la progression de la formation sous la baguette de son directeur musical Joshua Weilerstein. Germaine Tailleferre et surtout Maurice Ravel ont permis aux musiciens de montrer, au Théâtre des Champs-Élysées, cohésion et coloris, rejoints le temps du Concerto en sol par un Nikolaï Lugansky en pleine forme.
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En préambule de cette soirée Maurice Ravel, l’une des célébrations de son 150e anniversaire, Joshua Weilerstein et son orchestre ont choisi fort à propos une pièce de Germaine Tailleferre. La seule femme du Groupe des Six prit en effet de nombreuses leçons de perfectionnement avec le maître de Ciboure et sans doute les effets de celles-ci perdurent-ils dans sa Petite suite composée en 1957.
Du moins dans le début du Prélude à l’orchestration chatoyante qui laisse place à un drôle de passage où l’irruption du célesta évoque la musique rustique d’un limonaire. La légèreté de touche de la Sicilienne mélange les influences ravéliennes à des accents à la Poulenc. Sous la direction de leur directeur musical, les Lillois s’y montrent peut-être un peu trop carrés. L’impression se prolonge avec le final orchestrant le thème de la chanson traditionnelle Sont les filles de la Rochelle, mais il faut relever qu’ici le travail de Tailleferre trahit une main un peu lourde.
Aucune réserve ne vient à l’esprit pour la Pavane pour une infante défunte qui suit. Weilerstein et ses musiciens d’une grande minutie servent l’élégance d’une ligne sans ostentation avant d’être rejoints par Nikolaï Lugansky pour le Concerto en sol. Le pianiste russe y met le même engagement et la même rigueur que dans ses célèbres interprétations de Rachmaninov et peut-être aussi un peu de la puissance.
Le chef américain suit cette approche impeccable et sans lourdeur mais pas toujours poétique. Le difficile Adagio assai offre la suspension attendue mais dans un cadre néoclassique peu fluide, avant la pyrotechnie cinglante du Presto. En bis, les moyens éblouissants de Lugansky se trouvent à la fête pour un Jardins sous la pluie de Debussy somptueusement architecturé.
Après l’entracte, les Lillois présentent une rareté ravélienne, Antar, la musique de scène que le compositeur élabora pour le Théâtre de l’Odéon en 1909 à partir d’extraits de la symphonie éponyme de Rimski-Korsakov. Et reprennent la reconstruction effectuée à Lyon en 2014 avec un récitant contant un texte écrit pour l’occasion par Amin Maalouf.
Charles Berling bien sonorisé s’y montre investi, un peu crispé aussi comme le montre sa posture penchée en avant. Il ne parvient pas toujours à faire oublier les aspects superfétatoires du texte imaginé par l’écrivain libano-français pour raconter les aventures du héros. En revanche, côté orchestre, les musiciens captivent par un art du récit et des couleurs qui témoignent des progrès de la formation sous la baguette avisée de leur chef qui veille à ne pas diriger la partition dans le style opulent de sa source originelle.
Pour terminer la soirée, un Boléro de grande tenue confirme ces qualités dans une lecture qui fait la part belle aux inspirations Art faber du chef-d’œuvre.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 15/10/2025 Thomas DESCHAMPS |
 | | Concert de l’Orchestre national de Lille sous la direction de Joshua Weilerstein avec le concours du pianiste Nikolaï Lugansky et du récitant Charles Berling au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Germaine Tailleferre (1892-1983)
Petite suite (1957)
Maurice Ravel (1875-1937)
Pavane pour une infante défunte, (1899)
Concerto pour piano en sol majeur (1931)
NikolaĂŻ Lugansky, piano
Antar, musique de scène d’après la symphonie de Nikolaï Rimski-Korsakov (1909, reconstruction 2014)
Charles Berling, récitant
Boléro (1928)
Orchestre national de Lille
direction : Joshua Weilerstein |  |
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