












|
 |
| CRITIQUES DE CONCERTS |
26 octobre 2025 |
 |
Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Daniel Barenboïm à la Philharmonie de Paris.
Âge polyphonique
Les retrouvailles de Daniel Barenboïm avec l’Orchestre de Paris se font avec un Beethoven à la mode des temps anciens, où une superbe plasticité cherche à sonder les tréfonds du discours harmonique. Avec la complicité bienveillante des musiciens, l’émotion de l’occasion s’accompagne d’un sentiment d’éternité tant dans la Pastorale que dans la Symphonie n° 7.
|
 |
Âge polyphonique
Lille en lumière
Boris présumé coupable
[ Tous les concerts ]
|
|
La frêle silhouette de Daniel Barenboïm paraît sur le plateau de la salle Pierre Boulez de la Philharmonie et aussitôt se lèvent musiciens et une majorité du public. L’émotion non feinte est double. Non seulement le chef porte le poids de la maladie qui le frappe, mais il s’agit de son premier retour à la tête de l’Orchestre de Paris depuis la fin de son mandat de quatorze années en 1989 – il était revenu en 2008 comme pianiste pour un Premier Concerto de Brahms. Même s’il ne reste qu’un tout petit nombre de musiciens de cette ère, Barenboïm a choisi pour ces retrouvailles deux symphonies de Beethoven qui figurent parmi les œuvres qu’il a le plus dirigées avec les Parisiens.
Le chef israélo-argentin a conservé tout au long de sa carrière une approche de ces œuvres qu’on pourrait qualifier de traditionnelle. En ce qui concerne la Pastorale qu’il déroule pendant cinquante-cinq minutes (avec les reprises du premier mouvement), il revient à présent vers l’une des figures marquantes de sa jeunesse, le vieux Wilhelm Furtwängler du début des années 1950, avec des tempi alanguis et une respiration extra-large.
À ceci près que Barenboïm reste fondamentalement un chef passionné par verticalité de la musique même dans la Scène au bord du ruisseau, là où son modèle animait davantage. Un aspect renforcé ce soir par le peu de mouvements du chef certes debout mais adossé à la rambarde de l’estrade. La rareté des mouvements de la main droite laisse deviner une direction du regard et des proportions fixées durant les répétitions, tandis que la formidable cohésion des magnifiques cordes résulte de la conduite de la violon solo, Sarah Nemtanu, exemplaire Kapellmeister de la soirée.
En deuxième partie, la Symphonie n° 7 bénéficie des mêmes soins plastiques mais sied davantage à l’appétence du chef pour la polyphonie. Sans reprise cette fois, l’œuvre s’étale sur trois quarts d’heure et paraît plus contrastée. Les accords sonnent de manière splendide, comme autant de pilier d’un fabuleux portail harmonique. Sarah Nemtanu trouve naturellement un relais parfait dans les timbales de Camille Baslé, comme un prolongement de la volonté amoindrie de Barenboïm.
Les sublimes contre-chants de l’Allegretto constituent sans nul doute l’acmé du concert, tandis que le Scherzo accuse quelque peu le coup d’une certaine lourdeur, avant que le Finale déploie sagement ses splendeurs.
|  | |

|
Philharmonie, Paris Le 16/10/2025 Thomas DESCHAMPS |
 | | Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Daniel Barenboïm à la Philharmonie de Paris. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie n° 6 en fa majeur op. 68 « Pastorale » (1808)
Symphonie n° 7 en la majeur, op. 92 (1812)
Orchestre de Paris
direction : Daniel BarenboĂŻm |  |
|  |
|  |  |
|