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| CRITIQUES DE CONCERTS |
05 décembre 2025 |
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Création française d’Orgia d’Hèctor Parra dans une mise en scène de Calixto Bieito, sous la direction de Pierre Bleuse à la Cité de la Musique, Paris.
Retour vers le futur
La création française d’Orgia d’Hèctor Parra d’après la pièce de Pasolini ressuscite le temps du théâtre musical des années 1960-1970. La musique se plie devant le verbe tandis que la mise en scène de Calixto Bieito rend le spectateur voyeur. Sous la direction de Pierre Bleuse, instrumentistes et chanteurs portent avec ferveur ce drame ambivalent.
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Le mal dominant
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Le metteur en scène Calixto Bieito, également librettiste de cet opéra, a imaginé un dispositif scénique simplifié mais ouvert au public du parterre. Les fauteuils ont disparu et les spectateurs peuvent évoluer entre les groupes de musiciens disposés au centre et quelques meubles, s’asseoir ou rester debout. Le plus grand nombre s’est agglutiné autour du lieu qu’on pressent comme l’épicentre : un grand lit conjugal. En fond de parterre, un rideau noir s’ouvre et un homme pendu soubresaute en habits de femme. Une fois mort, il narre la prise de conscience de son homosexualité qui l’a conduit au travestissement et au suicide.
L’opéra va alors dérouler une rétrospective de cette cruelle histoire. On retrouve l’homme et sa femme profondément désunis et insatisfaits qui ne parviennent qu’à ne se retrouver que dans une relation sadomasochiste. Au fil des scènes, c’est une longue descente en enfer où la femme avoue l’infanticide et où l’homme se confie à une prostituée qu’il bât avant de se vêtir de la robe de sa femme et d’accomplir son destin.
Le théâtre de Pasolini dont est tiré le livret porte la marque d’une époque influencée par le traumatisme fasciste et la religion entre autres. Si Bieito a habilement coupé dans les longs monologues et si l’histoire conserve sa grande part de violence, il n’est pas certain que les lourdes références pasoliniennes passent l’épreuve.
En regard, la musique composée par Hèctor Parra s’entend de manière presqu’onirique. Sinueuse, épousant la langue italienne et répondant à ses couleurs, sa composition ressort du cousu main. L’orchestration délicate associe un archiluth pour des réminiscences de Monteverdi. Un travail très soigné qui malheureusement livre très rapidement toutes ses richesses pour les répéter sans grande variation, en dépit de pics dramatiques.
Pierre Bleuse et les quatorze instrumentistes de l’Intercontemporain déploient avec fluidité une superbe plasticité. La soirée doit beaucoup aux trois chanteurs. Jenny Daviet use de son soprano agile pour une Ragazza insaisissable tandis que Claudia Boyle rend avec intensité les états d’âme contradictoires de la Femme. Dans le rôle essentiel et christique de l’Homme, le baryton Leigh Melrose donne une performance marquante par son engagement physique et vocal au-delà de tout éloges.
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