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| CRITIQUES DE CONCERTS |
05 décembre 2025 |
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Concert de l’Orchestre philharmonique de Rotterdam sous la direction de Lahav Shani, avec le concours de la pianiste Martha Argerich à la Philharmonie de Paris.
Tensions et détentes
La visite de l’Orchestre philharmonique de Rotterdam confirme la qualité de son association avec le jeune chef israélien Lahav Shani. Une belle et solaire Symphonie n° 2 de Brahms témoigne de cette rencontre fructueuse tandis que le Concerto pour piano de Schumann montre les musiciens aux petits soins avec Martha Argerich.
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Tensions et détentes
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L’Ouverture de Cyrano de Bergerac de Johan Wagenaar a disparu du programme de cette soirée donnée sans entracte. La Philharmonie de Paris a tout fait pour sécuriser le bon déroulement du concert contre lequel plusieurs collectifs manifestent au même moment place Stalingrad. Après les contrôles doublés, de nombreux agents signalés par des brassards ont pris place parmi le public. Si Lahav Shani fait bonne figure, Martha Argerich avance sur la scène le visage verrouillé et dur.
Son attaque furibonde du Concerto pour piano de Schumann sonne à l’aune de ce masque. Le hautbois semble ensuite lui communiquer une détente lyrique. Toutefois, comme à l’accoutumée dans cette œuvre qu’elle a sans doute plus jouée que toute autre, la pianiste ne cesse de changer de tempo et d’humeur. Ce soir, certains appuis sortent aussi violemment que soudainement de la route, signe d’une nervosité persistante. Parfait copilote, le chef suit l’Argentine dans ses moindres écarts.
Sans être parfaitement rêveur, l’Intermezzo voit la fin de ces affects. Il doit beaucoup à l’accompagnement chambriste, les musiciens de Rotterdam faisant assaut de subtilités. L’enchaînement réussi du Finale confirme une entente exceptionnelle entre la soliste et le chef qui s’envolent avec exaltation dans les dernières pages. Avec le sourire, Argerich offre en bis un extrait des Scènes d’enfants avant de fermer avec douceur le couvercle du clavier.
Après un rapide changement de plateau, le chef n’attend pas la fin des applaudissements pour lancer l’orchestre dans la Symphonie n° 2 de Brahms. D’emblée sa lecture se distingue par une animation de tous les instants. Le chef israélien joue des contrastes loin d’une tradition de tuilage. L’orchestre montre un bel engagement mais aussi quelques faiblesses, notamment aux violons peu séduisants, et quelques inégalités dans la petite harmonie. Les solistes sont quant à eux excellents, à l’instar du cor ou de la flûte qui adhèrent à une conception lumineuse.
S’il reste une légère dichotomie entre une direction éminemment latine et les sonorités de Rotterdam plutôt typées du nord de l’Europe, il faut saluer un travail fécond qui aboutit avec un Finale d’une éloquence communicative.
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Philharmonie, Paris Le 30/11/2025 Thomas DESCHAMPS |
 | | Concert de l’Orchestre philharmonique de Rotterdam sous la direction de Lahav Shani, avec le concours de la pianiste Martha Argerich à la Philharmonie de Paris. | Robert Schumann (1810-1856)
Concerto pour piano en la mineur, op. 54 (1845)
Martha Argerich, piano
Johannes Brahms (1833-1897)
Symphonie n° 2 en ré majeur, op. 73 (1877)
Orchestre philharmonique de Rotterdam
direction : Lahav Shani |  |
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