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| CRITIQUES DE CONCERTS |
10 décembre 2025 |
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Version de concert de L’Amour sorcier et de La Vie brève de De Falla sous la direction de Roberto Forés Veses à Angers Nantes Opéra.
Brèves mais intenses
Au Quai d’Angers, l’Orchestre National des Pays de la Loire et les chanteurs portent à l’incandescence le diptyque de petits chefs-d’œuvre de Manuel de Falla : L’Amour sorcier et La Vie brève, sous la conduite du chef espagnol Roberto Forés Veses. Couleur locale et pulsation rythmique sont au rendez-vous de cette irrésistible soirée andalouse.
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Dans le cadre de la saison lyrique d’Angers Nantes Opéra, le spectacle de l’ONPL donné au Centre Dramatique National Le Quai d’Angers associe intelligemment deux partitions majeures mais brèves de Manuel de Falla rarement représentées ensemble. La « gitanerie musicale » L’Amour sorcier, présentée en première partie, est plus connue aujourd’hui sous sa forme de suite orchestrale de treize stations avec interventions chantées que dans la version du ballet originel créé à la demande de la danseuse Pastora Imperio.
Le chef Roberto Forés Veses, natif de Valence, est ici dans son élément et sait extraire de cette musique toute la pulsation rythmique (Danse du feu), l’atmosphère brûlante et la couleur locale, l’ensemble servi par des musiciens chauffés à blanc – en particulier la petite harmonie et des cordes en fusion. Malgré de belles qualités vocales et une réelle présence, la mezzo Lucie Roche, dans les quatre parties qui lui incombent, reste très classique sans toujours réussir à exprimer l’essence du cante jondo (Chanson du feu follet), de saveur beaucoup plus populaire.
Après l’entracte, le caractère dramatique et réaliste de l’opéra La Vie brève trouve en Patricia Petibon une interprète capable de se surpasser dans son appropriation du rôle de l’héroïne (Salud) flouée dans sa passion par l’infidélité de son amant. Sa prestation proche de l’esprit de la zarzuela, à la fois démonstrative et enflammée, bénéficie d’une large et puissante projection.
À ses côtés, Lucie Roche est une Grand-Mère (Abuela) toute de protection, bien plus à l’aise que dans la première partie. Le ténor argentin Carlos Natale, aux aigus sonores, incarne un Paco inconstant et sûr de son charme face à la situation qu’il a créée en épousant sans le dire la bourgeoise Carmela incarnée avec élégance par Sophie Belloir.
Cerise sur le gâteau, la cantaora Laura Galliego Cabezas, accompagnée à la guitare par Hervé Merlin, délivre au moment de la fête du deuxième acte un chant profond et authentique. Les autres partenaires se montrent à la hauteur de l’enjeu, comme l’excellent Jean-Luc Ballestra dans le rôle de Sarvaor (l’oncle de Salud), ou les solistes du Chœur d’Angers Nantes Opéra, excellemment préparés par Xavier Ribes.
Attentif à la narration, appuyant parfois le trait, Roberto Forés Veses ne manque pas de souffle et entraîne l’orchestre dans cette histoire tragique à la tonalité vériste. Pour répondre à l’enthousiasme du public, les musiciens reprennent en bis la jota de l’acte II, tandis que Laura Galliego Cabezas danse le flamenco au son des castagnettes, concluant de manière festive cette soirée très réussie.
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