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| CRITIQUES DE CONCERTS |
12 décembre 2025 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä, avec le concours de la pianiste Mitsuko Uchida à la Philharmonie de Paris.
Un galbe puissant
Le programme quelque peu disparate du concert donné par l’Orchestre de Paris trouve une certaine unité dans la direction très modelée de Klaus Mäkelä, que ce soit face au piano ascétique de Mistuko Uchida ou dans les massifs sonores d’une création française de Anders Hillborg. Une recherche constante de plasticité qui enlève un peu de charme à la Symphonie de Bizet.
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Peut-être moins virtuose que les précédents, le Concerto pour piano n° 17 de Mozart demande à ses interprètes une grande fluidité expressive. Charnu et coloré, l’Orchestre de Paris offre sous la direction de Klaus Mäkelä une introduction chaleureuse. Mitsuko Uchida fait une entrée délicate et rapidement le dialogue s’installe. La pianiste japonaise a toujours pratiqué un art distancié gage d’une certaine simplicité qui sied à Mozart. Mais comment ne pas noter ce soir l’assèchement du toucher faisant contraste avec la rondeur de l’orchestre ?
Même dans l’Andante, cette dichotomie se fait sentir malgré la qualité d’écoute des musiciens. Et si les solistes des vents sont magnifiques, l’accompagnement procède plus par ruptures que par articulation, non sans éviter une certaine lourdeur comme dans l’Allegretto où soliste et chef ne semblent pas tout à fait en accord sur le tempo. Acclamée, la Japonaise revient avec en bis une brève pièce de Kurtág dont elle réduit la progression du pianississimo au fortississimo à une confrontation.
Après l’entracte, le concert se poursuit avec en création française Hell Mountain du Suédois Anders Hillborg. L’œuvre est une « commande Mäkelä » en ce sens que les commanditaires en sont les deux orchestres dont il est actuellement titulaire (Paris et Oslo) ainsi que les deux dont il est directeur musical désigné (Chicago et Amsterdam). Le chef défend avec soin cette pièce de vingt-deux minutes qui se veut un hommage à Mahler en évoquant les massifs karstiques faisant face à Steinbach-am-Attersee, en Autriche.
Avec un effectif plantureux, l’orchestre procède par immenses aplats modelés avec intensité. Des vagues successives, quelques réminiscences mahlériennes et beaucoup d’effets comme des glissandi gigantesques donnent une image cinémascope de cet espace un peu écrasant. La pièce suivante tout en charme et pétulance propose un contraste total.
Pourtant, Mäkelä choisit un tempo un rien alangui pour l’Allegro vivo initial de la Symphonie en ut de Bizet. Sans doute cela lui permet-il de marquer plus aisément les ruptures dynamiques qui émaillent ce mouvement printanier. Le Finlandais a également fait le choix de cordes assez nombreuses. Il résulte de la cohérence de ces pupitres une plasticité indéniable, mais le rapport avec les vents s’en trouve déséquilibré au profit des premiers.
Galbant ses phrasés dans les moindres détails, cette direction manque d’abandon pour le sublime Adagio malgré le jeu mélancolique des deux hautbois. En somme un manque de spontanéité qui affecte également les deux derniers mouvements.
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Philharmonie, Paris Le 04/12/2025 Thomas DESCHAMPS |
 | | Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä, avec le concours de la pianiste Mitsuko Uchida à la Philharmonie de Paris. | Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour piano n° 17 en sol majeur, KV 453 (1784)
Mitsuko Uchida, piano
Anders Hillborg (* 1954)
Hell Mountain (2024)
Georges Bizet (1838-1875)
Symphonie n° 1 en ut majeur (1855)
Orchestre de Paris
direction : Klaus Mäkelä |  |
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