altamusica
 
       aide
















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




CRITIQUES DE CONCERTS 19 décembre 2025

Nouvelle production de Lady Macbeth du district de Mzensk de Chostakovitch dans une mise en scène de Vasily Barkhatov et sous la direction de Riccardo Chailly au Teatro alla Scala, Milan.

Lady Macbeth en flammes
© Brescia/Amisano – Teatro alla Scala

Production d’exception pour la première ouverture de saison programmée par Fortunato Ortombina, nouveau sovritendente de la Scala. Grâce d’abord à un Riccardo Chailly qui, sans rien laisser paraître de son malaise du 10 décembre, porte à incandescence cette Lady Macbeth de Chostakovitch incarnée par une Sara Jakubiak incendiaire.
 

Teatro alla Scala, Milano
Le 16/12/2025
Mehdi MAHDAVI
 



Les 3 dernières critiques de concert

  • Lady Macbeth en flammes

  • États contradictoires

  • Les rĂŞves harmoniques des Diotima

    [ Tous les concerts ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)




  • Longuement acclamĂ© Ă  chacune de ses arrivĂ©es en fosse, Riccardo Chailly ne viendra pas saluer seul au rideau final, mais entourĂ© de l’ensemble des solistes de cette sensationnelle quatrième reprĂ©sentation de Lady Macbeth du district de Mzensk. PrĂ©caution naturelle sans doute après le malaise qui avait contraint le directeur musical de la Scala Ă  interrompre la deuxième, le 10 dĂ©cembre, Ă  l’issue de l’acte II, laissant alors craindre le pire eu Ă©gard Ă  ses antĂ©cĂ©dents cardiaques.

    De retour au pupitre dès le 13, le chef italien déploie tout au long de la soirée une énergie qui n’en est que plus stupéfiante, alliant précision et passion à un degré inouï. Cette baguette à l’apogée de son art magistral déchaîne un Orchestre de la Scala somptueux de chair diaprée comme de fatidique profondeur en même temps que les éléments, du sordide au tragique, entre feu et glace, caressant avec un gant de velours autant qu’elle cingle et tranche, tantôt fine lame de rasoir, tantôt implacable serpe.

    Le spectacle de Vasily Barkhatov, dont les dĂ©buts en France avec un Boris Godounov dispersĂ© et anecdotique Ă  l’OpĂ©ra de Lyon n’ont guère convaincu, s’y accorde heureusement – mĂŞme si d’autres dans cet ouvrage sont allĂ©s droit au but avec une plus mordante cruditĂ©. ComposĂ© d’interrogatoires de police, de reconstitutions de scènes de crime, comme autant de flash-back et de rĂ©miniscences – pour donner Ă  voir, dit-il, « la version des faits Â» de Katerina IsmaĂŻlova –, le cadre narratif que le metteur en scène russe a imaginĂ© pour l’opĂ©ra coup de poing de Chostakovitch n’apparaĂ®t, en effet, pas toujours indispensable, tant la violence des situations se suffit Ă  elle-mĂŞme.

    Mais la réalisation, puissamment cinématographique dans le déploiement de décors monumentaux – salle de restaurant Art déco sur l’endroit, bureau de Boris et cuisine superposés sur l’envers – comme dans le réalisme de la direction d’acteurs, est le plus souvent brillante dans sa méticulosité. Et culmine au dernier acte, où un camion transportant les prisonniers fait irruption sur le plateau, avec l’embrasement de l’héroïne, emportant sa rivale dans les flammes plutôt que de se précipiter avec elle dans l’eau glacée.

    De bout en bout, Sara Jakubiak l’incarne avec une intensité saisissante qui, sans qu’elle tire la couverture à elle, tend à réduire ses partenaires, inévitablement inégaux au sein d’une distribution aussi pléthorique, au rang de faire-valoir. Y compris Alexander Roslavets, qui projette sa basse au grain noir et concentré avec une ronde rectitude rendant Boris d’autant plus exécrable. Ou encore Najmiddin Mavlyanov, dont le sombre éclat dégage une virilité générique bien plus pertinente en Sergueï que lorsque le répertoire italien surexpose ses limites.

    Comme avant elle Eva-Maria Westbroek, d’une stature comparable dans le contexte pourtant si différent de la production de Martin Kušej, la soprano américaine exsude une sensualité éperdue, que l’opulence crémeuse de sa voix et de son chant reflètent, jusque dans des aigus affutés, en fulgurances cuivrées. Incarnation décidément majeure de l’ouverture de saison de la Scala la plus incontestablement accomplie de ces dernières années.




    Teatro alla Scala, Milano
    Le 16/12/2025
    Mehdi MAHDAVI

    Nouvelle production de Lady Macbeth du district de Mzensk de Chostakovitch dans une mise en scène de Vasily Barkhatov et sous la direction de Riccardo Chailly au Teatro alla Scala, Milan.
    Dmitri Chostakovitch (1906-1975)
    Lady Macbeth du district de Mzensk, opéra en quatre actes (1934)
    Livret du compositeur et Alexander Preis d’après la nouvelle de Nikolaï Leskov

    Coro ed Orchestra del Teatro alla Scala
    direction : Riccardo Chailly
    mise en scène : Vasily Barkhatov
    décors : Zinovy Margolin
    costumes : Olga Shaishmelashvili
    éclairages : Alexander Sivaev
    préparation des chœurs : Alberto Malazzi

    Avec :
    Alexander Roslavets (Boris Timofeevich Ismaïlov), Yevgeny Akimov (Zinoviy Borisovich Ismaïlov), Sara Jakubiak (Katerina Lvovna Ismaïlova), Najmiddin Mavlyanov (Sergueï), Ekaterina Sannikova (Aksinia), Elena Maximova (Sonyetka), Alexander Kravets (Le Balourd miteux), Valery Gilmanov (Le Pope), Oleg Budaratskiy (L’Inspecteur de la police), Goderdzi Janelidze (Un Vieux Forçat).

     


      A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com