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CRITIQUES DE CONCERTS 22 décembre 2025

Concert de l’Ensemble intercontemporain et de l’Orchestre du Conservatoire de Paris sous la direction de Pierre Bleuse, avec le concours du chef d’orchestre Jean Deroyer, de la soprano Tamara Bounazou et du violoniste Diego Tosi à la Cité de la Musique.

Retour vers le futur II
© Thomas Deschamps

L’année Pierre Boulez s’achève avec la création française de Poésie pour pouvoir, une reconstruction fascinante de l’œuvre pour trois orchestres et électronique laissée quasiment mort-née par son auteur. Des pièces de Stravinski et Berg évoquent Boulez chef d’orchestre, tandis que Betsy Jolas, sa presque contemporaine, montre encore une fois une verdeur rafraîchissante.
 

Cité de la Musique, Paris
Le 12/12/2025
Thomas DESCHAMPS
 



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  • La foule des grands soirs a envahi la CitĂ© de la musique. La soirĂ©e marque la fin des festivitĂ©s liĂ©es Ă  l’annĂ©e Boulez cĂ©lĂ©brant les cent ans de sa naissance, et pour l’occasion propose la recrĂ©ation de PoĂ©sie pour pouvoir, une Ĺ“uvre pour trois orchestre et Ă©lectronique que le compositeur, insatisfait de la partie sur bande magnĂ©tique, retira après sa première audition le 19 octobre 1958. Son biographe, Christian Merlin, monte sur la scène afin de prĂ©senter cette rĂ©surrection exceptionnellement autorisĂ©e par les ayants droit. Marco Stroppa, qui a pilotĂ© avec Carlo Laurenzi la reconstruction de l’électronique, vient ensuite expliquer les difficultĂ©s de l’entreprise.

    La disparition de la bande magnétique des archives de Baden-Baden a nécessité une analyse de la médiocre captation radiophonique de 1958 (que l’on peut entendre sur Internet) pour établir la nouvelle électronique et l’emploi d’un nouveau comédien pour l’enregistrement du poème d’Henri Michaux. Yann Boudaud a ainsi imité la scansion de Michel Bouquet dont le timbre a été recréé avec l’intelligence artificielle. Après ces longues et passionnantes explications, la troisième exécution (la version reconstruite a été donnée le 31 août à Lucerne) de l’œuvre peut commencer.

    Une longue plage de sons électroacoustiques diffusés par des haut-parleurs fixés au-dessus de nos têtes dépayse immédiatement. L’irruption de la voix de Boudaud/Bouquet précède l’entrée de l’orchestre I. On a disposé les trois ensembles dirigés par les deux chefs suivant le schéma de la création à ceci près que le public fait face au dispositif au lieu d’être réparti autour de celui-ci. De même, les trois groupes sont installés sur un seul niveau alors qu’en 1958, ils étaient sur des estrades à des niveaux différents comme on peut le voir sur une photo de l’époque.

    Autant les parties orchestrales, riches et charnues, sonnent comme du Boulez de la maturité, autant la partie électronique évoque au choix la musique expérimentale d’un Pierre Schaeffer ou celle d’un feuilleton télévisé futuriste des années 1960… Et l’on comprend du coup la désaffection du compositeur, déçu de cette tentative. Toutefois ces 19 minutes laissent une impression durable. On ne peut en dire autant de l’exécution plus hiératique que jamais des Symphonies d’instruments à vent de Stravinski qui suivent.

    Les souvenirs d’Aix-en-Provence de Betsy Jolas que la compositrice éternellement jeune évoque avec Ces belles années… font un très joli et riant intermède avec la participation irradiante de la soprano Tamara Bounazou. Le Concerto à la mémoire d’un ange de Berg que Boulez a tant dirigé termine la soirée. Au jeu incandescent de Diego Tosi répond un orchestre mené prudemment par Pierre Bleuse : les forces conjuguées de l’Intercontemporain et du Conservatoire semblent marcher sur des œufs au terme d’une soirée bien remplie.




    Cité de la Musique, Paris
    Le 12/12/2025
    Thomas DESCHAMPS

    Concert de l’Ensemble intercontemporain et de l’Orchestre du Conservatoire de Paris sous la direction de Pierre Bleuse, avec le concours du chef d’orchestre Jean Deroyer, de la soprano Tamara Bounazou et du violoniste Diego Tosi à la Cité de la Musique.
    Pierre Boulez (1925-2016)
    Poésie pour pouvoir, pour trois orchestres et électronique, sur un poème d’Henri Michaux (1958)
    Marco Stroppa et Carlo Laurenzi, reconstitution et interprétation de l’électronique Ircam
    Yann Boudaud, voix enregistrée
    direction : Jean Deroyer
    Igor Stravinski (1882-1971)
    Symphonies d’instruments à vent (1920)
    Betsy Jolas (*1926)
    Ces belles années… pour soprano et orchestre (2022)
    Tamara Bounazou, soprano
    Alban Berg (1885-1935)
    Concerto pour violon « Ă  la mĂ©moire d’un ange Â» (1935)
    Diego Tosi, violon
    Ensemble intercontemporain
    Orchestre du Conservatoire de Paris
    direction : Pierre Bleuse

     


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