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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Carmen à l'Opéra de Tours, France
Carmen descend dans l'arène
Cette Carmen possède un atout maître, et non des moindres : elle est un témoignage éloquent du travail accompli à l'Opéra de Tours par Jean-Yves Ossonce, directeur depuis 1999 d'un théâtre dont il fut responsable musical de 1982 à 1991, puis chef invité. Dommage que la distribution inégale ne fut pas tout à fait à la même hauteur.
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Réalisée par Jean-Christophe Mast, la production de Bernard Broca a pour cadre l'intérieur d'une arène, lieu géométrique dans lequel l'action converge vers la scène finale, le meurtre de l'héroïne par son ancien amant. Une vision très simple, dans un décor stylisé de Jean Haas, les costumes de Jean-Pierre Capeyron apportant à l'ensemble une touche de poésie.
Daniel Galvez-Vallejo est un habitué du rôle de José ; son timbre sombre renforce une incarnation dramatique sincère bien que fruste (mais pour une fois, un ténor termine l'air de la Fleur piano, conformément à la partition). Son rival, Escamillo, permet à Franck Ferraro d'afficher l'insolence vocale qu'il déployait déjà à Bastille, voici quelques semaines, dans Lucia di Lammermoor.
Dans cette distribution internationale, Micaela est Ecossaise. On annonce la cantatrice souffrante, ce qui ne s'entend guère ; le timbre et le phrasé sont ravissants, le personnage croqué avec une grande justesse. Carmen, une fois n'est pas coutume, est Espagnole. Lola Casariego a beau révéler un fort tempérament, elle déçoit sur tous les plans. Ses sauts de registre, brusquement négociés, sa manière de poitriner n'apportent rien à son personnage, pas plus que son jeu, qui manque singulièrement de distinction.
La voix est jolie, pourtant, quand il lui arrive de nuancer. Même s'il est aujourd'hui pertinent, le choix de la version élaborée par le musicologue Fritz Oeser, qui restitue à l'ouvrage son caractère d'opéra-comique en reprenant les dialogues parlés en lieu et place des récitatifs de Guiraud, ne l'aide guère- mais Ferrari parle faux lui aussi, de même que Marcos Pujol (Zuniga).
Si l'orchestre n'a pas encore un son qui le distingue, ses progrès, pour ceux qui l'ont connu voici quelques années, sont patents, et il est bien parti pour conquérir rapidement son homogénéité. Ossonce ne se gêne pas pour mettre en valeur les couleurs instrumentales voulues par Bizet ; sa direction possède une vie, une énergie et un naturel qui font qu'elle ne passe pas inaperçue. Dieu sait pourtant si, dans Carmen, les comparaisons peuvent être redoutables.
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Grand Théâtre, Tours Le 05/01/2001 Michel PAROUTY |
| Carmen à l'Opéra de Tours, France | Orchestre de l'Opéra de Tours
Direction musicale : Jean-Yves Ossonce.
Mise en scène : Bernard Broca/Jean-Christophe Mast.
Avec Lola Casariego (Carmen), Daniel Galvez-Vallejo (Don José), Franck Ferrari (Escamillo), Gillian Webster (Micaëla). | |
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