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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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" Violoncelle et piano : parcours dans le Vingtième siècle ", Midis Musicaux du Châtelet, Paris.
Le violoncelle montre la voix
Le Théâtre du Châtelet a convié cette année Gary Hoffman et Frédéric Chiu pour nous faire écouter ce que, depuis un siècle, violoncelle et piano avaient à se dire . Dialogue en trois actes, entre deux vieux complices dont les réparties n'ont pas pris une ride.
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Parce que sa tessiture est large, que sa sonorité le rapproche de la voix humaine masculine, que son caractère peut être puissant autant que confidentiel, le violoncelle a toutes les qualités pour être le partenaire idéal du piano. Pour cette raison, les romantiques, Beethoven en premier, l'ont spontanément adopté : car le violoncelle chante. Mais cette qualité est-elle un handicap pour un XXe siècle qui pose à la musique d'autres questionnements que la mélodie, la tonalité ou la dramatisation du discours ? Le parcours proposé par Frédéric Chiu et Gary Hoffman montre que quelque traitement qu'on lui impose, le genre de la sonate pour violoncelle et piano, qu'on aurait pu craindre de voir s'éteindre avec le romantisme, va servir au XXe siècle des oeuvres fortes, qui savent faire reculer les frontières de l'instrument sans pour autant que celui-ci renie ses qualités fondamentales.
Le premier concert de cette série tournait autour des années vingt, opposant la mélancolie slave de Janacek et de Kodaly, aux tourbillons harmoniques de Fauré. Le programme du deuxième concert était beaucoup plus osé avec deux chefs-d'oeuvre : la Sonatede Britten, diaboliquement difficile, au langage âpre et sans aucune concession qui s'opposait à l'ironique Sonate de Chostakovitch. Les deux artistes ont su à chacune des oeuvres donner son caractère le plus juste : une distance mesurée dans Britten, un engagement sans faille dans Chostakovitch. Au centre du troisième concert, la Sonate d'Elliot Carter, une oeuvre qui met à rude épreuve les interprètes par sa difficulté rythmique.
Les deux partenaires forment un couple idéal : Chiu est tout en retenue, son toucher pianistique est léger, il sait tenir un tempo comme personne et entrer idéalement dans la sonorité du violoncelle. Gary Hoffman est un mélange de générosité et de sobriété. Son archet est d'une légèreté arachnéenne et son écoute infaillible. Ni l'un ni l'autre ne forcent le trait : ils savent rester humbles face à des oeuvres exigeantes. Sans être idéal pour l'écoute de la musique, le foyer du Châtelet est un lieu chaleureux qui favorise l'interaction entre le public et les musiciens.
Lire l'avis moins favorable de Mathias Heizmann
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Théatre du Châtelet, Paris Le 13/01/2001 Olivier BERNAGER |
| " Violoncelle et piano : parcours dans le Vingtième siècle ", Midis Musicaux du Châtelet, Paris. | Gary Hoffman, violoncelle
Frédéric Chiu, piano
Lundi 8 janvier : Kodaly, Janacek, Fauré
Mercredi 10 janvier : Britten, Chostakovitch
Vendredi 12 janvier : Lutoslawski, Carter, Piazzolla
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