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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Flûte, flûte et flûtes !
Iconoclastes les musiciens de l'Amsterdam Loeki Stardust Quartet ? Armés d'un assortiment impressionnant d'instruments, ce quatuor de flûtes à bec mélange cinq siècles de musique avec un entrain et un humour rafraîchissant. Ils ouvraient samedi dernier le cycle Musiques anciennes en consort à la Cité de la musique.
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Il y a quelque chose de profondément jouissif à observer la collection de flûtes de toutes tailles posées à même le sol, sans doute parce que cet étalage suggère un concert hors normes, tout comme le programme qui mêle joyeusement Palestrina, Willaert, Vivaldi, Caldini, Pachelbel et Bach.
Il est clair que le public n'est pas convié à une oraison funèbre : Daniel Brüggen, Bertho Driever, Paul Leenhouts, Karel van Steenhoven, en réinventant le jeu en consort qu'on avait abandonné progressivement dès la fin du XVII siècle, entendent bien s'amuser, quitte à jouer les iconoclastes en transcrivant allègrement la Fantaisie et fugue en ut mineur de Bach ou le Canon de Pachelbel.
Et cette légèreté, il faut dire, fait l'effet d'un souffle d'air frais. De salle en salle, on s'était habitué à considérer la musique comme une affaire sérieuse concernant les adultes : le jeu, l'amusement, ces bis retentissants et fortement improvisés qu'on avait l'habitude de caser autrefois dans les concerts, tout cela semblait impossible aujourd'hui comme si l'on nous sommait de choisir entre intelligence et sourire.
Or, et ce n'est pas la moindre de leurs qualités, les musiciens de l'Amsterdam Loeki Stardust Quartet font précisément le lien entre ces deux attitudes : d'une part ils proposent des oeuvres passionnantes et les traitent avec une science consommée du mouvement et de la construction, d'autre part ils adoptent une sorte de distance amusée qui se transforme vite en joie communicative.
Tout cela a quelque chose d'un "bœuf"(1) endiablé qui aurait adopté la rigueur des meilleures formations instrumentales. Cette attitude permet les pires mixages sans que la question de la cohérence du programme ne se pose vraiment. Qu'importe si Fade Control de Fulvio Caldini – une pièce contemporaine qui joue avec les clichés de la musique répétitive et transforme, par un jeu d'illusion sonore, les flûtes en tam-tams africains – se retrouve mêlée aux oeuvres du XVIe siècle : le tout possède une saveur toute particulière qui devrait redonner espoir aux plus pessimistes des mélomanes.
(1) terme employé en jazz ou en rock pour désigner une improvisation collective
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Cité de la Musique, Paris Le 05/02/2001 Mathias HEIZMANN |
| | Samedi 3 février – 16h30. Cité de la musique
" Musiques pour flûtes a bec "
Amsterdam Loeki Stardust Quartet.
ÂŒuvres de Giovanni Pierluigi Palestrina, Andrian Willaert, Antonio Vivaldi, Johann Sebastian Bach, Fulvio Caldini, Johann Pachelbel.
Prochains concerts le samedi 17 février à 20 heures et dimanche 18 à 15 heures par l'ensemble Hespèrion XXI. | |
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