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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Faire du Procès de Kafka l'argument d'une création lyrique impliquait un certain nombre de choix. Ils furent faits et réalisés de manière irréprochable, avec les avantages et les inconvénients qui leur étaient nécessairement liés.
Les inconvénients étaient prévisibles. Le roman est complexe, d'une approche peu aisée, source de multiples réflexions et analyses qui ont fait couler beaucoup d'encre. Réduit à une heure quarante minutes d'opéra, il gagne sans doute en clarté et l'essentiel de l'intrigue ressort plus nettement, mais la rigueur de l'anecdote ainsi dessinée n'a rien de théâtrale ni de dramatique.
Les personnages ont plus que jamais une valeur uniquement symbolique, d'où l'absence totale d'incarnation qui se dégage du spectacle, car tous les caractères de K
ne sont que des entités philosophiques. On peut y trouver son compte si on est du genre intello-méditatif. On ne le trouve pas si l'on est du type sensitivo-émotionnel, race la plus répandue parmi les amateurs d'opéra.
Les avantages étaient tout aussi prévisibles. Le parfait savoir faire de Philippe Manoury, d'André Engel et de tous les protagonistes donne un spectacle lyrique quasiment parfait à tous égards, qualité de la partition orchestrale et électronique, de l'écriture vocale qui laisse le texte totalement intelligible, de la mise en scène très cinématographique (cadrages serrés et sons enveloppants compris), des décors et des costumes, du jeu et du chant des interprètes, des lumières.
On ne s'ennuie pas une minute, on repart très admiratif, mais sans s'être senti impliqué une seconde, sans avoir jamais eu l'impression que les tourments endurés par Joseph K. pouvaient devenir ceux de tous citoyens. C'était également prévisible, mais était-ce voulu ?
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Opéra Bastille, Paris Le 07/03/2001 Gérard MANNONI |
| Création mondiale de K... de Philippe Manoury à l'Opéra Bastille. | K
de Philippe Manoury (Création mondiale)
Orchestre de l'Opéra national de Paris- Maîtrise des Hauts-de Seine/ Choeur d'enfants de l'Opéra national de Paris- Réalisation musique électronique IRCAM.
Direction : Dennis Russel-Davies
Mise en scène : André Engel
Décors : Nicky Rieti
Costumes : Chantal de La Coste Masselière
Avec Andreas Schreibner (K)- Eva Jenis (Mademoiselle Bürstner)- Susan Anthony (La femme de l'huissier)- Gregory Reinhart (Le juge d'instruction-L'aumonier de la prison)- Nicolas Cavallier (Le directeur adjoint-L'avocat)- Kenneth Riegel (Titorelli)- Wolfgang Ablinger-Sperrhacke (Block-L'huissier)- Robert Wörle (L'oncle)- Wilfried Gahmlich (L'accusé)- Nora Gubisch (La femme)- Youri Kissine (L'inspecteur-Le bastonneur)- Nigel Smith (le préposé aux renseignements).
À l'Opéra Bastille jusqu'au 27 mars. | |
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