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CRITIQUES DE CONCERTS |
19 septembre 2025 |
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Il est bon de rappeler qu'avec son intégrale des Symphonies de Beethoven, Roger Norrington changea durablement la perception du répertoire classique. Depuis, les Bruggen et autre Gardiner ont apposé leur marque, peut-être avec moins d'effervescence, mais assurément avec une mise en oeuvre musicale supérieure.
Il n'empêche, on ne lui rendra jamais assez hommage pour le vent de folie qu'il fit alors souffler. Car Norrington, c'est sans exagération une ou plusieurs idées par mesure et par pupitre, c'est surtout leur application déterminée, qui ne recule nullement devant le sacrifice des proportions, au point de friser plus d'une fois le débraillé.
Pourquoi alors une soudaine sagesse dans la première partie du concert, avec un Divertimento K 136 aux lignes inhabituellement soignées, mais proches de la monotonie ? Même constat dans le Concerto pour violon n°3 K 216. Il s'agit de pages de jeunesse, d'une maturité encore imparfaite, qu'on peut toutefois animer de façon intéressante.
Sir Roger se soucie de finition, probablement entraîné en cela par la violoniste Leonidas Kavakos, impressionnant de maîtrise et de sonorité, mais aux attaques trop uniformes. On est gratifié d'un Mozart lumineux, certes, mais trop de soleil à température égale finit par faire somnoler.
Fort heureusement, l'entrée en scène des timbales redonna à Norrington toute sa légendaire percussion, pour une Sérénade "Posthorn" vraiment "posthorn", la Camerata se transformant dès lors en une grande boîte à joujoux, pétaradant à qui mieux mieux, chaque soliste se muant en véritable diable à ressorts.
La métamorphose s'effectua sans surprise au détriment d'un andantino central qu'on aurait aimé plus sombre, moins hâtif, mais les mouvements extrêmes furent enlevés dans un bouillonnement incomparable, servis par les imperfections même de la Camerata, aux cordes d'une cohésion souvent douteuse, aux vents manquant cruellement de séduction.
On peut crier à l'agitation, on peut s'irriter devant la nonchalance débonnaire de Sir Roger, on ne saurait nier la vie irrépressible qu'il insuffle à une musique écrite pour être jouée en plein air, vent force 5 garanti sur les perruques poudrées
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Cité de la Musique, Paris Le 20/03/2001 Yutha TEP |
 | La Camerata Salzburg dirigée par Sir Roger Norrington à la Cité de la Musique. | Mozart : Divertimento pour cordes en ré majeur K 136 - Concerto pour violon n°3 en sol majeur K 216 - sérénade n°9 en ré majeur " Posthorn " K320
Camerata Salzburg
Sir Roger Norrington, direction |  |
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