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CRITIQUES DE CONCERTS 26 avril 2024

Concert de Rolf Lislevand et son ensemble Kapsberger au Théâtre des Bouffes du Nord de Paris.

Du baroque qui pourrait faire jaser
© Eric Sebbag

"Ladies & Gentlemen, Rolf Lislevand on guitar
", clap-clap-clap, "Bjorn Kjellemyr on bass", clap-clap-clap, "and Michèle Claude on drums", clap-clap-clap. Lundi dernier, aux Bouffes du Nord, le concert de Rolf Lislevand et son ensemble aurait dû se terminer comme cela, tant sa référence au Jazz était évidente.

 

Théâtre des Bouffes du Nord, Paris
Le 02/04/2001
Eric SEBBAG
 



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  • Qui n'a pas lu que les musiciens de l'époque baroque mobilisaient une grande part de leur talent dans l'improvisation ? Jusqu'à d'ailleurs organiser des joutes publiques pour élire le meilleur instrumentiste. Et les témoignages des contemporains de nous narguer sur le thème de "qui n'a pas entendu untel improviser (remplacer untel par Bach, Scarlatti, Corelli, Vivaldi
    ) ne connaît qu'une petite partie de son génie."

    La réalisation de la basse continue, qui distingue la période baroque des précédentes comme des suivantes, fait aussi naturellement appel à l'improvisation ; tant et si bien que le rapprochement avec le Jazz est devenu un lieu commun de la littérature musicale. Rolf Lislevand et son ensemble Kapsberger lui ont donné une illustration littérale en invitant un vrai jazzman en son sein.

    On a beau lire sur le programme "Violone" à côté du nom de Bjorn Kjellemyr, c'est bel et bien une contrebasse et un archet moderne que ce disciple d'un Ray Brown ou d'un Charlie Mingus a apporté avec lui. Et la seule concession historique consiste en un cordage en boyaux. Brillant instrumentiste, Kjellemyr va s'employer avec adresse à doubler les lignes de basse de Lislevand et improvisera de brèves cadences en diminutions.

    À la guitare comme au théorbe, Lislevand joue tantôt à la lettre les partitions et tablatures de Kapsberger, Murcia et Santa Cruz, tantôt en isole des séquences (en Jazz, on dirait des "riffs") qu'il répète ad libitum, et sur lesquelles il va ajouter de sporadiques cadences improvisées. Là dessus se greffent les percussions jamais envahissantes et toujours inventives de Michèle Claude.


    Si ce traitement était connu depuis les disques Murcia et Kapsberger publiés par Astrée-Naïve, la contrebasse (évidemment absente des disques) augmente considérablement l'effet "swinguant" grâce à l'appui rythmique vigoureux qu'elle procure. Difficile de retenir ses orteils de battre la mesure. Cette manière inédite de décomplexer la musique dite classique, savante, sérieuse voire "grande", est très efficace et le public quoique clairsemé se laisse volontiers contaminer.

    Mais à y réfléchir un peu plus, cette expérience réellement sympathique n'est vraiment faite que pour le public classique et la délicieuse impression de dévergondage qu'elle lui procure. Des oreilles façonnées par Ellington, Parker, Coltrane ou même Paco de Lucia ne comprendraient pas que l'on puisse se satisfaire d'une section rythmique qui ne joue que des "riffs", sans solos de plus de vingt secondes ni thèmes appuyés en "chorus". Même, Horace Silver, champion incontesté de la méthode "riff" ne s'en contenterait pas.

    De fait, le baroque jazzifiant mâtiné de flamenco brillamment interprété par Lislevand et ses complices semble s'être arrêté en chemin sur les sentiers de la libération auquel il aspire. On sait que les grands virtuoses, particulièrement en Italie, pouvaient se lancer dans des développements improvisés excédant très largement la basse écrite et les variations sur les Folies d'Espagne d'un Corelli ou d'un Marais sont sans doute la quintessence d'heures entières d'exploration des derniers retranchements de l'instrument.

    C'est pourquoi se contenter de jouer des basses en séquences rebouclées ne suffit pas. Mais il est clair que c'est un premier pas, et face à la faiblesse des connaissances historiques actuelles, seule une boule de cristal pourra dire où il faut mettre le second.




    Théâtre des Bouffes du Nord, Paris
    Le 02/04/2001
    Eric SEBBAG

    Concert de Rolf Lislevand et son ensemble Kapsberger au Théâtre des Bouffes du Nord de Paris.
    L'Ancien et le Nouveau Monde
    Musiques européenne et mexicaine des XVIIe et XVIIe siècles

    Hieronymus Kapsberger (Roma 1640)
    Toccata, Kapsberger, Passacaglia, Capona-Sferraina

    Santiago de Murcia (Mexico 1732)
    Fandango, Marizapalos, Folias gallegas, Zarambeques, Folias, Tarantelas

    Antonio de Santa Cruz (Madrid ca.1650)
    Jacaras, Canarios

    Hieronymus Kapsberger (Roma 1640)
    Toccata, Colascione, Arpeggiate, Canarios, Ciaccona

    Ensemble Kapsberger

    Rolf Lislevand, théorbe et guitare baroque
    Bjorn Kjellemyr, violone et colascione
    Michèle Claude, percussions

     


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