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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 décembre 2024 |
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L'orchestre de Paris dirigé par Frans Brüggen à la Cité de la Musique.
Paris ne vaut pas une messe
Frans Brüggen est régulièrement invité par l'Orchestre de Paris pour travailler les répertoires classique et baroque. Ainsi avait-on pu entendre en début de saison, un Mozart lumineux subtil et riche en couleurs. Donnée en prélude au week-end pascal, la Messe en si mineur de Bach n'a pas connu la même félicité.
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Avec un plateau de solistes de renom (en particulier Véronique Gens et John Mark Ainsley mais sans Magdalena Kozena pourtant annoncée dans le programme), cette Messe s'installait sous les meilleurs augures.
Installés, pour l'occasion, à la Cité de la musique, le choeur et l'orchestre se présentaient en effectif "allégé": quarante-six chanteurs, vingt-huit cordes. La volonté de s'adapter au style baroque se remarquait par quelques choix instrumentaux (timbales en peau, embouchure d'une flûte traversière en bois, orgue positif) et interprétatifs (cordes sans vibrato, articulation affinée, tempos contrastés).
On aura tôt fait de considérer ces mesures aussi efficaces qu'un cautère sur une jambe de bois car il ne suffit de se déguiser pour être. L'échec manifeste de cette entreprise rappelle sévèrement que quelques services de répétition ne peuvent équivaloir à des années de travail quotidien.
Manque de détermination du chef ou d'application de l'orchestre ? Sans doute les deux. La conception de Brüggen de cette messe, qui pourtant en laissa un enregistrement aérien (1), parut floue et la réalisation souffrit de nombreux défauts. Choeur (amateur, on le sait, mais quand même !) calamiteux, souvent faux et pas en place, justesse aléatoire des cordes, solos instrumentaux rigides et privés de la moindre poésie (violon, hautbois, cor anglais, cor).
Seule oasis de musique dans ce désert de platitude, le Benedictus de John Mark Ainsley, ténor décidément d'une élégance et d'une intelligence rares. Cette expérience ratée justifie l'existence des ensembles baroques spécialisés, non pour leur panoplie d'instruments anciens mais pour leur compréhension rhétorique et stylistique du répertoire ancien. Telle quelle, la présence de Brüggen relève davantage du gadget ou de la mode que du véritable projet artistique. (2)
(1) avec "son" orchestre du XVIIIe siècle chez philips.
(2) Pour se consoler, on ne manquera pas d'aller entendre le chef à la tête de "son" orchestre du XVIIIe siècle les 23, 24 et 25 avril prochains Salle Gaveau dans une intégrale des concertos pour pianoforte de Beethoven.
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Cité de la Musique, Paris Le 13/04/2001 Philippe VENTURINI |
| L'orchestre de Paris dirigé par Frans Brüggen à la Cité de la Musique. | Johann Sebastian Bach
Messe en si mineur
Choeur de l'Orchestre de Paris,
Orchestre de Paris
Direction : Frans Brüggen
Avec Véronique Gens (soprano), Wilke te Brummelsroete (alto), John Mark Ainsley (ténor), David Wilson-Johnson (basse). | |
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